La paix et la sécurité internationale

Statements

La paix et la sécurité internationale

Commission de la condition de la femme, trentième session

Vienne, Autriche—15 February 1984

Point 6 de l'ordre du jour provisoire*
Participation des femmes
à la lutte pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationale et contre le colonialisme, le racisme, la discrimination raciale, l'agression et l'occupation étrangère et toutes les formes de domination étrangère

Déclaration communiquée par la Communauté internationale baha'ie, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif de la catégorie II
Le Secrétaire général a reçu la déclaration suivante, qui est distribuée conformément aux paragraphes 29 et 30 de la résolution 1296 (XLIV) du Conseil économique et social.

 

Deux courts passages des écritures baha'ies paraissent s'appliquer tout particulièrement à la question examinée par la Commission de la condition de la femme à sa présente session, au titre du point 6 de l'ordre du jour, à savoir : la participation des femmes à la lutte pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationale. Les déclarations suivantes, faites en 1912 par `Abdu'l-Bahá, fils du fondateur de la foi baha'ie, traitent des qualités que les femmes mettent au service de la paix :

Quand toute l'humanité bénéficiera des mêmes possibilités d'éducation et que l'égalité des hommes et des femmes sera acquise, les raisons de faire la guerre auront complètement disparu... L'égalité entre les hommes et les femmes facilite l'abolition de l'état de guerre parce que les femmes ne seront jamais disposées à l'approuver.

Le monde a été autrefois soumis au règne de la force et l'homme a dominé la femme parce qu'il était physiquement et mentalement plus vigoureux et plus agressif. Mais la balance commence déjà à pencher de l'autre coté, la violence perd de son influence et la vivacité de l'esprit, l'intuition et les qualités spirituelles mises au service de l'amour et de l'altruisme, toutes choses où la femme excelle, prennent de l'ascendant. C'est pourquoi les temps nouveaux porteront moins la marque de l'homme et subiront davantage l'influence des idéaux de la femme ou, pour être plus exact, ils se caractériseront par un meilleur équilibre des éléments masculins et féminins de la civilisation.

Le principe de l'égalité des hommes et des femmes -un des grands principes de l'enseignement baha'i en rapport avec l'unité de l'humanité et l'instauration de la paix universelle - a été activement encouragé par les baha'ies pendant plus de cent ans. Les liens existant entre la paix et l'égalité des hommes et des femmes ont pris plus d'importance au cours des dernières années car les femmes ont participé de façon plus active à la solution des problèmes de notre monde. Il est encourageant que le caractère non agressif des femmes, qui par nature recherchent comment elles pourraient coopérer à la solution de ces problèmes, commence à être reconnu dans les sociétés qui s'efforcent de résoudre les conflits par des moyens pacifiques.

Toutefois, il est évident que pour participer de façon significative à l'instauration de la paix, les femmes doivent faire preuve de plus d'imagination que l'on en a dans le monde actuel. Elles doivent s'efforcer constamment d'acquérir un état d'esprit et des attitudes pacifiques et de les développer pour comprendre les questions fondamentales que pose la paix mondiale -y compris les causes déterminantes de la guerre - et se consacrer sans réserve au grandiose objectif de la solidarité internationale, solidarité qui contraint toutes les nations et tous les peuples à jouer leur rôle sans qu'un seul puisse asseoir sa domination ou son autorité.

Reconnaître l'unité organique de l'humanité c'est comprendre que la paix n'est pas affaire de choix, c'est une nécessité de notre époque; en effet, la mauvaise santé d'une seule partie de l'organisme mondial gagne toutes les autres parties et la santé du monde entier dépend de la protection et de la sécurité garanties à chacune de ses parties. Quand nous devons trouver des solutions, qu'il s'agisse de l'environnement, de la stabilité économique et du progrès, de l'abolition des préjugés liés à la nationalité, à la race, à la classe sociale ou au sexe - toute question donnant lieu à désaccord - nous nous heurtons à la réalité de l'interdépendance croissante des peuples et des nations. Les philosophies prônant la souveraineté illimitée des nations se révèlent périmées car les crises internationales, qui se succèdent et démontrent que nous sommes incapables de nous convaincre de l'unité organique de l'humanité -et de remettre en cause cette conviction - nous interdisent de résoudre de façon durable des problèmes difficiles.

Chaque fois que des liens de solidarité ont été renforcés entre les Etats, nous avons jusqu'à un certain point réussi, bien que nous ayons pu souvent recourir à cette action unitaire parce que l'interdépendance nous était imposée -ou avantageuse- mais jamais en toute liberté. Les succès enregistrés par la coopération des gouvernements et des organisations non gouvernementales - soulignés par la place que les programmes de l'Organisation des Nations Unies accordent aux grandes questions - sont la preuve grandissante que la société pacifique de l'avenir doit reposer nécessairement sur l'unité.

La philosophie de l'existence qui pose en principe que les êtres humains sont prisonniers du monde naturel et que le comportement des hommes provient par conséquent des animaux, est devenue un des plus grands fléaux du monde. C'est elle qui a déclenché la lutte pour les biens matériels, lutte que les femmes connaissent très bien parce qu'elles ont été longtemps victimes d'un système qui, tout en considérant la production de biens matériels comme le symbole de la réussite, n'apporte à personne la sécurité, le bonheur et le bien-être. Dans la nature, cette philosophie fondée sur la "survivance du plus apte" apporte équilibre et stabilité; mais pour les humains, la lutte que mène un groupe, une classe sociale ou une race pour s'assurer la domination et des avantages économiques tend uniquement à multiplier les causes de conflits, à approfondir les préjugés et à faire ressortir l'agressivité de la nature humaine. Les baha'is préconisent une philosophie fondée sur la noblesse des êtres humains, et sur les possibilités de leur esprit, c'est-à-dire sur le développement de la partie la plus noble de leur nature. La Communauté internationale baha'ie est persuadée que cette philosophie peut apporter aux peuples et aux gouvernements de notre époque les idéaux et les enseignements dont ils ont besoin.

Si les femmes, qui sont d'un naturel pacifique, pouvaient par tous les moyens dont elles disposent propager une philosophie fondée sur la morale et la spiritualité, la société pourrait être rapidement transformée.

Si des femmes dévouées à cette cause ne ménageaient pas leur concours, il serait plus facile de faire régner les valeurs morales et spirituelles dont nous avons besoin pour que l'éducation contribue à l'instauration de la paix; il serait profitable d'instaurer l'égalité des sexes en renforçant la solidarité qui doit exister entre les hommes et les femmes; ce serait une façon d'atténuer la rivalité et la lutte pour le pouvoir qui opposent des groupes hostiles cherchant à exercer leur domination sur les autres; enfin, cela permettrait de mettre en place un système efficace pour assurer la sécurité collective de façon à garantir la paix entre les États : en effet, dans un monde unifié, aucune nation agressive ne pourrait détruire une autre puisque tous les autres pays agiraient à l'unisson par l'intermédiaire d'un organisme international chargé de s'opposer à toute agression.

*E/CN.6/1984/1 et Add.1

1. Traduction d'un document n'ayant pas fait l'objet d'une mise au point rédactionnelle.