La science et la technique en vue de l'avancement humain

Statements

La science et la technique en vue de l'avancement humain

La Communauté internationale baha'ie - Déclaration soumise à la Conférence des Nations Unies sur la science et la technique au service du développement.

Vienne, Autriche—20 August 1979

Depuis son début, il y a plus de 100 ans, la foi baha'ie considère la science et la technologie comme étant essentielles au développement complet de l'individu et de la société. Elle a toujours envisagé le développement comme étant un processus global -comprenant le bien-être physique, mental et spirituel de tous les peuples, et considérant que la science et la technologie, convenablement canalisées, peuvent contribuer à l'accomplissement de ce but pour toutes les nations.

La Communauté internationale baha'ie  souligne toujours l'importance de l'éducation, de la formation dans les arts et les sciences à une échelle universelle. Le développement de l'esprit, l'étendue du savoir humain et le pouvoir de l'individu de résoudre des problèmes complexes contribuent ensemble au bonheur, à la grandeur et à la paix individuels. Un homme, ou une femme, bien formé et accompli selon la méthode scientifique est, du point de vue baha'i, un "véritable indice de l'humanité" et les possesseurs de connaissances scientifiques ont un rang élevé parmi les peuples. La science et la technologie orientées vers le bien de l'humanité sont vraiment des accomplissements dignes de louanges.

Une civilisation équilibrée

Du point de vue baha'i, les êtres humains existent afin de contribuer à l'avancement d'une civilisation en progrès continuel. La science et la technologie, au cours de ce siècle, ont rendu possible l'unification physique de la planète et mis en évidence l'interdépendance de toutes les nations et de tous les peuples. Bien que les structures sociales, économiques et politiques n'aient pas encore atteint cette unité de l'humanité, le rapide développement scientifique continue à perfectionner les instruments qui rendent cette unité possible. Étant donné que les pauvres, particulièrement dans les pays en voie de développement, sont encore dépourvus de la plupart des bienfaits du progrès scientifique, il est essentiel d'avoir des moyens nationaux et internationaux pour assurer une distribution et une application meilleures des connaissances existantes. Il s'avère cependant que, même dans les pays les plus avancés, le développement matériel actuel ne peut pas toujours rester soutenu et, ce qui est encore plus important, qu'il ne contribue pas nécessairement au bonheur et à la tranquillité du genre humain. En effet, si la civilisation matérielle dépasse le progrès social et spirituel de l'être humain, comme c'est aujourd'hui le cas, elle fera énormément de mal et menacera la survivance du genre humain.

Le remède à la désunion

Il n'est pas surprenant pour la Communauté internationale baha'ie, par conséquent, qu'une solution permanente aux problèmes globaux puisse encore sembler insaisissable et éloignée, étant donné que tous les efforts en vue du développement, y compris ceux qui ont recours à la science et la technologie, ne peuvent avoir que des effets temporaires, à moins que le problème fondamental de notre âge, la désunion des peuples de notre planète, soit en premier reconnu, sa cause fondamentale comprise et son expression dans la conduite individuelle et sociale éliminée. Considérant ce globe terrestre comme n'étant "qu'un seul pays et une seule habitation", les baha'is envisagent l'établissement de l'unité parmi les peuples de toutes sortes comme étant une condition primordiale en ce qui concerne la paix et le bonheur des individus et des nations. Le processus du développement devrait donc employer la science et la technologie, avant tout, de façon à refléter entièrement l'unité organique fondamentale du genre humain, en contribuant à l'abolition de tous les préjugés et causes de divisions, qu'il s'agisse de classe, croyance, sexe, race ou nationalité.

Moyens d'enrichissement humain

Nous savons que, si elle est correctement employée, la science peut conduire à l'amélioration du genre humain, au développement des qualités de l'humanité et à la compréhension des mystères de l'univers. Nous savons qu'il lui est possible de déraciner la pauvreté, enrichir l'humanité et la libérer de la lutte pour son existence. Si le monde matériel existe, comme le croient les baha'is, pour le bénéfice des êtres humains, c'est grâce à la science que nous pouvons comprendre le potentiel des ressources existantes et apprendre à développer cet héritage naturel pour nous mêmes et les générations futures. La science devrait donc être cultivée afin d'améliorer la vie humaine et avoir comme but conscient et ultime l'établissement de la paix mondiale et l'unification du genre humain.

Malheureusement, la science peut également perfectionner les instruments de guerre, soutenir la concentration et les abus de pouvoir, saper les valeurs sociales et culturelles, et mettre en danger l'existence du genre humain. Il n'est donc pas suffisant de garantir le progrès. Il doit être dirigée par les valeurs et buts civilisateurs de la société qu'il est censé servir. Un tel fondement de valeurs instillées dans l'esprit de savants individuels peut être un moyen extrêmement efficace d'éliminer les obstacles à l'application de la science et de la technologie au développement. Ces savants s'apercevront immédiatement du besoin prioritaire de développement et voudront mettre leur savoir au service de leurs semblables. Motivés de la sorte, ils encourageront le transfert approprié de la technologie, stimuleront les nouveaux progrès scientifiques et techniques dans le développement des régions difficiles et amèneront tout naturellement l'intégration de la science dans le développement social et économique.

Les forces les plus puissantes

Une grande partie de la difficulté qu'il y a, de nos jours, à appliquer la science au développement provient du fait que l'on néglige de rattacher la science aux valeurs spirituelles et morales fondamentales sur lesquelles est édifiée la société. Ces valeurs, qui sont la base du progrès réel de la science et de la technologie en faveur du développement, proviennent, du point de vue baha'i, de la religion. Traditionnellement, la religion a fourni des prototypes et des buts à l'individu et à la société, mais l'interprétation erronée et la déformation de ses enseignements fondamentaux ont donné naissance a des préjugés, tels que le dogmatisme, les superstitions, le fanatisme, qui sont tous des obstacles majeurs en ce qui concerne le développement. D'autre part, le progrès scientifique, dépourvu des valeurs religieuses apportées par les fondateurs des religions révélées du monde entier, a donné naissance au matérialisme, caractérisé par l'avidité, l'égoïsme, la défiance et l'injustice.

Si un développement durable doit prendre place, la religion et la science, "les forces les plus puissantes dans la vie humaine", doivent arriver à s'unir. Ces aspects de la même réalité doivent être réconciliés, coopérer et se développer harmonieusement. Nous savons que la science et la technologie ne peuvent pas, de par elles mêmes, résoudre tous les problèmes humains; ce sont des instruments dont on peut se servir ou abuser en fonction de facteurs sociaux, économiques et politiques. Les baha'is sont convaincus que c'est seulement lorsque le progrès scientifique sera équilibré par l'avancement spirituel que le développement aura une valeur durable et aboutira à une civilisation mondiale pacifique, capable de dégager le potentiel énorme du monde physique en vue du bien-être de l'humanité.

Aujourd'hui, dans plus de 340 pays et territoires, les communautés baha'ies, dont se compose la Communauté internationale baha'ie, acceptent un modèle de vie qui considère les valeurs scientifiques et religieuses comme étant les aspects d'une seule et même réalité. Cette approche leur permet d'être réceptives aux progrès scientifiques et technologiques, ainsi que d'encourager la canalisation de ces nouvelles connaissances de façons propres à rehausser la vie spirituelle, intellectuelle et matérielle du genre humain.