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La place de la famille dans une communauté mondiale

La place de la famille dans une communauté mondiale

Déclaration de la Communauté internationale baha'i à l'occasion de l'Année internationale de la famille,1994

Malta—25 November 1993

La famille est en mutation, au même titre que le monde entier. Dans toutes les cultures, la famille se désintègre, se divisant sous la pression de l'économie et les bouleversements politiques et s'affaiblissant face à la confusion morale et spirituelle.

"Les conditions entourant la famille entourent la nation. Ce qui arrive dans la famille est ce qui arrive dans la vie de la nation. "*

Les baha'is voient ces difficultés comme les signes d'une lutte de l'humanité en vue d'un âge nouveau de développement collectif, un âge de maturité. La famille, en tant qu'unité de base la plus fondamentale de la société doit, dans ce processus, être remodelée et revitalisée selon les principes mêmes qui redonnent forme à la civilisation en tant que telle.

Le principe fondamental pour ce jour nouveau est l'unité de l'humanité. "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité," déclara il y a un siècle le fondateur de la foi baha'ie, "ne peuvent être atteints à moins que son unité ne soit fermement établie".* L'acceptation de l'interrelation et de l'interdépendance de tous les peuples suppose le renouvellement de toutes les institutions sociales sur terre, y compris la famille.

Unité de la famille

"Si l'amour et l'entente sont manifestes dans une famille, cette famille progressera, deviendra éclairée et spirituelle." *

L'approche baha'ie de l'unité de la famille mêle aux éléments de sagesse traditionnelle des principes avancés et des outils pratiques. L'adhésion à ces enseignements offre un rempart contre les forces de désintégration et un cadre pour la formation de familles solides, saines et unies.

Une relation d'amour entre mari et femme forme la base et la condition sine qua non d'une famille baha'ie. Le mariage, création divine, est là pour unir un couple "à la fois physiquement et spirituellement, de façon à ce que chacun améliore toujours la vie spirituelle de l'autre".* Un homme et une femme, s'étant choisis librement et ayant obtenu le consentement de leurs parents, se marient, selon la loi baha'ie, en présence de témoins désignés par le corps constitué élu de la communauté, l'Assemblée spirituelle locale. Par ces mots "En Vérité, nous dépendons de la volonté de Dieu",* récités à la fois par la mariée et le marié, les deux s'engagent vis-à-vis de Dieu et par là même vis-à-vis l'un de l'autre.

L'une des raisons du mariage est la création d'une nouvelle génération qui aimera Dieu et servira l'humanité. La tâche de la famille est alors d'établir une relation d'amour respectueuse et harmonieuse entre parents et enfants.

L'harmonie et la coopération dans la famille, comme dans le monde, ne peuvent être maintenues qu'en gardant un équilibre entre les droits et les responsabilités. Tous les membres de la famille "ont des devoirs et des responsabilités à l'égard des uns des autres et de la famille elle-même" qui "varient d'un membre à un autre à cause des liens naturels. "*

Les enfants, par exemple, ont le devoir d'obéir à leurs parents. Ils ont aussi le droit qu'on s'occupe d'eux, qu'on les éduque et les protège. Les mères, qui mettent les enfants au monde et sont leurs premières éducatrices, sont en priorité sans que ce soit une exclusivité, responsables de leur éducation spirituelle et de la création d'un foyer plein d'amour. Les pères ont en priorité mais là encore pas exclusivement, la responsabilité du confort financier de la famille et de l'éducation formelle des enfants.

Les standards moraux individuels promus par les enseignements baha'is condamnent les agents qui contribuent à la destruction des familles. L'alcool est interdit aux baha'is de même que tout produit aliénant l'esprit. Aucune forme de violence ou d'abus au sein de la famille ne peut jamais être tolérée. D'après les écrits sacrés baha'is:

"L'intégrité des liens de la famille doit être constamment prise en considération et les droits de chaque membre ne doivent pas être transgressés. "

Bien que fermement dénoncé par Bahà'u'Ilàh, le divorce est permis lorsqu'il y a antipathie entre le mari et la femme. Il ne peut être accordé qu'après une année de patience pendant laquelle le couple vit séparément et cherche toutes les possibilités d'aplanir leurs différents. Ainsi protégés de décisions rapides et de réactions émotionnelles inconsidérées, bien des couples sont capables de reconstruire leur mariage pendant cette année de réflexion. Si néanmoins, une réconciliation s'avère impossible, le couple peut divorcer.

Égalité des sexes

Le principe de l'égalité de l'homme et de la femme transforme les relations dans le mariage baha'i. Étant partenaires à part égale, statut inscrit dans leurs vœux identiques au moment du mariage, ni le mari ni la femme ne domine. La prise de décision doit être partagée.

L'atmosphère dans la famille et dans toute la communauté ne doit jamais "refléter de pouvoir arbitraire, mais un esprit de consultation franche et amicale".*

Les principes baha'is de la consultation sont des moyens de discuter ouvertement, honnêtement et avec tact de tout problème soulevé au sein de la famille. Le but est de permettre "à la vérité d'être révélée"* de façon que le problème soit résolu au bénéfice de tous. Quand on l'utilise dans un couple ou dans une famille, la consultation est un moyen puissant de maintenir l'unité familiale.

La reconnaissance de l'égalité et l'utilisation de la consultation permettent au mari et à la femme une flexibilité qui leur permet de répondre aux demandes d'un monde en transformations rapides. Bien que hommes et femmes aient des capacités et des fonctions complémentaires dans certains domaines, les rôles ne sont pas définis de façon rigide et peuvent être ajustés, quand besoin est, pour répondre aux besoins de chacun des membres de la famille et de la famille entière. Alors que les femmes sont encouragées à poursuivre une carrière, il ne faut pas que ce soit au détriment de leur rôle de mères. Et les pères ne sont pas exemptés de tâches ménagères et des soins aux enfants.

Quand les relations au sein de la famille sont conduites dans le respect de la justice, cette famille devient un facteur important pour amener la paix dans le monde. Quand on refuse aux femmes l'égalité et le respect dans la famille, les hommes et les jeunes gens développent des attitudes et des habitudes nuisibles qu'ils transportent sur leurs lieux de travail, dans la vie politique et enfin dans les relations internationales. Plus il y aura des enfants qui grandiront dans des familles où les droits de tous les membres sont respectés et les problèmes résolus grâce à la consultation, plus les perspectives de paix dans le monde augmenteront.

Éducation et famille

Bien que les enfants reçoivent une éducation formelle à l'école, c'est à la maison qu'on développe le caractère et qu'on forme les attitudes morales et spirituelles. Donc, "on doit enseigner toutes les vertus dans la famille".* Patience, loyauté, fidélité, justice, honnêteté de telles vertus constituant la pierre angulaire de la personnalité. Les vertus citées dans toutes les traditions sacrées comme des éléments communs à la spiritualité sont les reflets de la Divinité en chaque individu.

Bien qu'encourageant les plus grandes qualités et valeurs en chacun des membres de la famille, les parents doivent pourvoir au développement intégré des capacités de leurs enfants qu'elles soient spirituelles, morales, intellectuelles, émotionnelles ou physiques. On doit donc éduquer filles et garçons selon les mêmes critères de base. Si une limite dans les ressources devait amener à choisir, les filles, enseignantes en puissance de la future génération, doivent avoir priorité dans l'éducation par rapport aux fils.

La famille et la communauté

La foi baha'ie a plus de 17 000 corps constitués dans plus de 200 pays indépendants et territoires. Ces communautés vivent, d'une certaine façon, comme des familles élargies.

Les baha'is viennent de tous pays, groupes ethniques, cultures, professions et classes. Bien que les cérémonies de mariage baha'ies varient beaucoup d'une culture à l'autre, les lois du mariage et les engagements sont universels et sont appliqués, que les partenaires soient baha'is ou pas. Les baha'is de par le monde trouvent que les principes et les lois qui donnent une forme particulière à la vie de famille baha'ie mènent à l'amour et l'unité.

Conclusion

Alors que les principes qui précèdent sont progressivement mis en pratique de la part du monde, les familles sont de plus en plus aptes à jouer un rôle dans la construction d'une société mondiale unifiée. Car le lien, destinée à l'avenir, entre la famille, la nation, et une civilisation mondiale, est inéluctable.

"Comparez les nations du monde aux membres d'une famille. Une famille est une nation en miniature. Élargissez simplement le cercle du foyer et vous avez une nation. Élargissez le cercle des nations et vous avez l'humanité."*

* Toutes les citations sont extraites des écrits baha'is

La citoyenneté mondiale: une éthique universelle pour le développement

La citoyenneté mondiale: une éthique universelle pour le développement

Une éthique universelle pour le développement durable

New York—14 June 1993

Une Déclaration par la Communauté internationale baha'ie à la Commission sur le développement durable qui adresse Groupe C: "Éducation, Science, Transfert de Techniques Écologiquement Rationnelles, Coopération et Création de Capacités" Dans l'esprit de l'Action 21, qui est définie comme "un programme dynamique" destiné à "évoluer avec le temps, en fonction des besoins et des circonstances", (1) la Communauté internationale baha'ie offre les propositions suivantes: pour inspirer les peuples du monde à se faire les défenseurs du développement durable, les programmes d'éducation et les campagnes de sensibilisation du public préconisés par Action 21 devraient promouvoir le concept de CITOYENNETÉ MONDIALE.

I. La vision de la citoyenneté mondiale

Le plus grand défi auquel est confrontée la communauté mondiale alors qu'elle se mobilise pour mettre en œuvre Action 21, est celui de libérer les énormes ressources financières, techniques, humaines et morales requises pour le développement durable. Ces ressources deviendront disponibles seulement lorsque les peuples du monde développeront un profond sens des responsabilités pour le destin de la planète et pour le bien-être de la famille humaine toute entière. Ce sens des responsabilités peut émerger uniquement de l'acceptation de l'unité de l'humanité, et seule une vision unificatrice d'une société mondiale paisible et prospère parviendra à le soutenir. Sans une éthique universelle de ce type, les gens seront incapables de devenir des participants actifs et constructifs au processus mondial de mise en œuvre du développement durable. (2)

Tandis que l'Action 21 fournit une structure indispensable de connaissances scientifiques et d'expériences techniques pour la mise en œuvre du développement durable, elle n'inspire pas les gens à s'engager personnellement pour une éthique universelle. Cela ne veut pas dire que l'éthique et les valeurs morales ont été ignorées durant la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED). L'appel en faveur de valeurs unificatrices a été entendu tout au long de cette conférence, et provenait aussi bien de Chefs d'États que de fonctionnaires des Nations Unies, de représentants d'organisations non-gouvernementales (ONG) et de citoyens parlant en leur nom propre. Les concepts de "notre humanité commune," "citoyenneté mondiale" et "unité dans la diversité" y furent tout particulièrement invoqués comme pouvant servir de fondement éthique de l'Action 21 et de la Déclaration de Rio. (3)

La communauté mondiale est ainsi déjà parvenue à un accord élémentaire sur la nécessité d'une éthique universelle qui servirait à revitaliser l'Action 21. Nous suggérons d'adopter le terme de citoyenneté mondiale pour englober la constellation de principes, de valeurs, d'attitudes et de comportements que les peuples du monde doivent embrasser afin que puisse se réaliser le développement durable.

La citoyenneté mondiale commence par l'acceptation de l'unité de la famille humaine et du fait que les nations de la "Terre, foyer de l'humanité" (4) sont toutes liées entre elles. D'une part, ce concept encourage un patriotisme sensé et légitime, et d'autre part il insiste aussi sur une loyauté à plus grande échelle, sur l'amour pour l'humanité dans son ensemble. Cependant, il n'implique pas l'abandon de loyautés légitimes, la suppression de la diversité culturelle, l'abolition de l'autonomie nationale ni l'imposition de l'uniformité. Son emblème est "l'unité dans la diversité." La citoyenneté mondiale englobe les principes de justice sociale et économique, aussi bien au sein-même des nations qu'entre elles, de prise de décisions exemptée d'hostilité à tous les niveaux de la société, d'égalité des sexes, d'harmonie raciale, ethnique, nationale et religieuse, ainsi que de volonté de se sacrifier pour le bien commun. D'autres facettes de la citoyenneté mondiale, qui, toutes, encouragent l'honneur et la dignité humaine, la compréhension, l'amitié, la coopération, la confiance, la compassion et un désir de servir, peuvent être déduites de celles qui ont déjà été mentionnées. Quelques-uns de ces principes (5) ont été formulés dans Action 21, mais la plupart y font défaut. De plus, on n'y fournit aucun cadre conceptuel général dans lequel ils pourraient être harmonisés et promulgués.

La promotion de la citoyenneté mondiale est un moyen stratégique pratique pour faire avancer le développement durable. Tant que le manque d'unité, l'antagonisme et le provincialisme caractériseront les relations sociales, politiques et économiques au sein des nations et entre celles-ci, on ne pourra pas établir de modèle universel et durable de développement. (6) Il y a plus d'un siècle, Bahá'u'lláh a averti que "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité ne pourront être obtenus si son unité est fermement établie." C'est uniquement sur la base d'une unité authentique, de l'harmonie et de la compréhension entre les divers peuples et nations du monde que peut être érigée une société universelle durable.

Nous recommandons, par conséquent, que la citoyenneté mondiale soit enseignée dans chaque école et que l'unité de l'humanité, c'est-à-dire le principe sous-jacent de la citoyenneté mondiale, soit constamment réaffirmée dans chaque nation.

Le concept de citoyenneté mondiale n'est pas nouveau pour la communauté mondiale. Il est à la fois implicite et explicite dans de nombreux documents, chartes et accords des Nations Unies, y compris dans les mots introductifs de la Charte des Nations Unies elle-même: "Nous, Peuples des Nations Unies..." Ce concept est déjà diffusé à travers le monde, dans toutes les cultures, par diverses ONG, des universitaires, des groupements de citoyens, des personnalités du monde du spectacle, des programmes d'éducation, des artistes et les médias. Ces efforts sont importants mais doivent être multipliés. Il est nécessaire d'organiser une campagne à long terme soigneusement planifiée et orchestrée pour promouvoir la citoyenneté mondiale, une campagne qui comprenne tous les secteurs de la société aux niveaux local, national et international. Elle doit être menée avec toute la vigueur, le courage moral et la conviction que les Nations Unies, leurs États-membres et tous leurs partenaires de bonne volonté pourront réunir.

II. La promotion de la citoyenneté mondiale

La proposition suivante de mener une campagne de promotion pour la citoyenneté mondiale (7) s'inscrit naturellement dans le cadre de travail pour la nouvelle orientation de l'éducation, la sensibilisation du public et la formation au développement durable, qui est présenté dans le chapitre 36 de l'Action 21.

Éducation

L'éducation formelle, non-formelle ou informelle est indéniablement le moyen le plus efficace de modeler les valeurs, les attitudes, les comportements et les connaissances qui composeront l'équipement permettant aux peuples du monde d'agir dans l'intérêt à long terme de la planète et de l'humanité dans son ensemble. (8) Les Nations Unies, les gouvernements et les institutions éducatives devraient chercher à inclure le principe de la citoyenneté mondiale dans l'éducation normale de chaque enfant.

Les détails des activités et des programmes d'éducation incorporant ce principe varieront beaucoup dans chaque nation et d'une nation à l'autre. Cependant, afin que la citoyenneté mondiale soit comprise comme étant un principe universel, tous les programmes devront avoir certains aspects communs. Étant basés sur le principe de l'unité de la race humaine, ils devraient cultiver la tolérance et la fraternité, en valorisant la richesse et l'importance des divers systèmes culturels, religieux et sociaux du monde et en fortifiant les traditions qui contribuent à une civilisation mondiale durable. Ils devraient enseigner que le principe de l'"unité dans la diversité" est la clé de la force et de la richesse aussi bien des nations que de la communauté mondiale. Ils devraient encourager une éthique de service pour le bien commun et faire comprendre les droits ainsi que les responsabilités qu'entraîne la citoyenneté mondiale. Ces programmes et activités devraient s'appuyer sur les efforts positifs du pays et mettre en valeur ses succès tangibles dans le domaine de la création de modèles d'unité raciale, religieuse, nationale et ethnique. Ils devraient souligner l'importance qu'a l'ONU dans la promotion de la coopération et de la compréhension universelles, ses buts, objectifs et programmes universels, le fait que l'ONU est utile à tous les peuples et toutes les nations du monde, et le rôle qu'elle doit assumer dans notre monde qui se rétrécit de jour en jour.

Avant d'entreprendre une campagne pour promouvoir la citoyenneté mondiale, il est nécessaire de développer et de se mettre d'accord sur une compréhension commune de ce concept. La Commission sur le développement durable pourrait créer un groupe de travail ou un comité spécial qui commencerait à développer les lignes directrices du principe de la citoyenneté mondiale et des propositions pour l'incorporer dans les programmes d'éducation formels et non-formels déjà existants. Par ailleurs, la Commission pourrait chercher à se faire assister par le Conseil consultatif de haut niveau sur le développement durable ou par le Comité inter organisationnel sur le développement durable. Le Secrétariat des Nations Unies pourrait même choisir de créer une Unité de la citoyenneté mondiale, similaire à l'ancien Groupe des études pour la paix, ceci afin de développer des lignes directrices et de coordonner la mise en œuvre, dans tout le système de l'éducation, en faveur de la citoyenneté mondiale. Quelle que soit la voie choisie, une très grande priorité doit être accordée à cette tâche.

La citoyenneté mondiale pourrait être incorporée facilement dans toutes les activités suggérées dans le chapitre 36.5. de l'Action 21 pour la nouvelle orientation de l'éducation en vue d'un développement durable. Les quelques exemples suivant illustrent ces possibilités:

  • Les organismes ou table rondes de consultation et de coordination sur l'éducation créées sur le plan national (36.5.c) devraient faciliter l'incorporation de la citoyenneté mondiale dans les programmes d'éducation dans le pays.
  • Les programmes de formation avant un emploi ou en cours d'emploi à l'intention de tous les enseignants, administrateurs et planificateurs de l'éducation, ainsi que des éducateurs non-formels (36.5.d) devraient inclure le principe de citoyenneté mondiale.
  • Les matériaux éducatifs sur le développement durable produits par les organismes de l'ONU devraient encourager la citoyenneté mondiale (36.5.g), tout comme les matériels éducatifs sur les Nations Unies.
  • Action 21 demande "la mise en place d'un réseau international" en vue de soutenir les efforts à l'échelle mondiale favorisant l'éducation pour le développement durable (36.5.k). Ce réseau pourrait à la fois encourager les organismes de l'ONU et les ONG membres à créer des matériaux se fondant sur les lignes directrices pour la citoyenneté mondiale et fournir les moyens de le diffuser.
  • Les gouvernements et les autorités responsables de l'éducation et de la formation ont déjà été appelés à "supprimer les stéréotypes dont les femmes font l'objet dans les programmes d'enseignement" (36.5.m) pour promouvoir le développement durable. Nous aimerions recommander que, dans l'esprit de la citoyenneté mondiale, les stéréotypes fondés sur la religion, la culture, la race, la classe, la nationalité et l'ethnie soient aussi supprimés.

Sensibilisation du public

Il faut que les gens se considèrent comme citoyens du monde et comprennent leur responsabilité personnelle dans la promotion du développement durable (9). Les campagnes visant à rendre le public conscient des défis de la citoyenneté mondiale doivent employer tous les médias et les arts, y compris la télévision, les vidéos, les films, la radio, les réseaux électroniques, les livres, les magazines, les affiches, les tracts, le théâtre et la musique. Ces campagnes devraient profiter du soutien des agences publicitaires, des industries du spectacle, des médias -- traditionnels et non-traditionnels -- du système entier des Nations Unies, de tous les États-membres, des ONG et des personnalités populaires. Elles devraient atteindre les foyers, les lieux de travail, les domaines publics et les écoles. Les lignes directrices de la citoyenneté mondiale mentionnées ci-dessus devraient pouvoir être utilisées par de telles campagnes de sensibilisation du public et devraient servir de référence pour la programmation de tous médias.

La citoyenneté mondiale pourrait être inclue dans les activités présentées dans le chapitre 36.10. de l'Action 21 visant à favoriser largement la conscience et la sensibilisation du public par rapport au développement durable. Les exemples suivants illustrent quelques possibilités:

  • Les organes consultatifs (36.10.a) nationaux et internationaux pourraient encourager les différents médias à adopter les lignes directrices de la citoyenneté mondiale. Les médias ont beaucoup contribué à rendre le public conscient de l'interdépendance à l'échelle mondiale et des énormes défis auxquels est confrontée la communauté mondiale. Ils ont aussi mis en évidence les différences apparemment insurmontables qui nous divisent.

Les médias ont la responsabilité d'aider les gens à comprendre que la diversité n'est pas nécessairement une source de conflits. Ils devraient plutôt montrer que la diversité peut et doit maintenant servir de ressource pour le développement durable. Pour ce faire, les médias peuvent se concentrer sur tout ce qui est entrepris dans un esprit constructif, unificateur et de coopération, et qui donne une preuve que l'humanité est capable de travailler ensemble dans le but de relever les énormes défis auxquels elle est confrontée.

  • En établissant "des liens de coopération avec les médias," (36.10.e), l'ONU doit définir clairement sa propre identité et la promesse qu'elle représente pour la communauté mondiale. L'ONU a été créée sur la base d'idéaux élevés et dans la vision d'un monde progressiste et pacifique. Grâce à la structure de communication et de coopération qu'elle a établie et grâce aux innombrables projets constructifs qu'elle a initiés, elle a contribué de façon importante à ce que compréhension, espoir et bonne volonté se répandent dans le monde. Mais ses œuvres sont peu connues de l'humanité en général.

En employant le concept de citoyenneté mondiale comme un thème d'intégration, l'ONU devrait rendre publics ses idéaux, activités et buts, de manière à ce que les gens parviennent à comprendre le rôle unique et vital que l'ONU joue dans le monde et, par conséquent, dans leur vie. De même, l'ONU devrait promouvoir la citoyenneté mondiale dans toutes ses activités publiques, y compris la célébration de ses étapes historiques et les visites guidées du siège de l'ONU. Chaque document de l'ONU qui traite du développement durable devrait aussi inclure ce principe -- à commencer par le préambule de la Charte de la Terre qui a été proposé. La citoyenneté mondiale doit devenir le point de référence éthique le plus important de toutes les activités de l'ONU.

  • Il faudrait faire usage des services du secteur de la publicité (36.10.e) pour promouvoir la citoyenneté mondiale. Des campagnes pourraient être organisées autour de thèmes tels que:

Nous, peuple des nations unies: célébrant l'unité dans la diversité.

Une seule planète, un seul peuple.

Aussi divers que nous soyons, nous ne formons qu'une seule famille humaine.

Notre avenir commun: l'unité dans la diversité.

  • Il faudrait organiser des concours et octroyer des récompenses pour la promotion de la citoyenneté mondiale (36.10.e).
  • Tout en élevant la conscience publique "à propos des conséquences de la violence dans la société" (36.10.l), les médias peuvent susciter chez les gens le désir de s'engager en faveur de la citoyenneté mondiale en mettant en valeur des exemples d'activités constructives et unificatrices révélatrices de la puissance de l'unité et d'une perspective commune.

Chaque pays devrait être encouragé à destiner une partie de ses ressources à la promotion de la citoyenneté mondiale. Il faudrait aussi considérer l'introduction de la promotion de ce principe parmi les "indicateurs du développement durable" (40.6.) proposés. Les pays pourraient, par exemple, être invités à présenter des rapports sur les efforts fournis dans le but d'accroître la tolérance et l'estime pour les autres cultures, le principe de l'égalité des sexes et le concept de la famille humaine unique grâce aux programmes scolaires, à des spectacles et aux médias.

III. Le défi de la citoyenneté mondiale

En conclusion, la citoyenneté mondiale est un concept aussi dynamique et plein de défis que le sont les événements auxquels se confronte la communauté mondiale. Il serait sage que nous, les peuples et nations du monde, adoptions ses principes sous-jacents et soyons guidés par ceux-ci dans tous les aspects de notre vie -- de nos relations personnelles et inter-communautaires à nos affaires nationales et internationales, et de nos écoles, lieux de travail et médias, à nos institutions juridiques, sociales et politiques. Par conséquent, nous prions instamment la Commission d'encourager tout le système des Nations Unies à incorporer le principe de citoyenneté mondiale dans tout l'éventail de ses programmes et activités.

La Communauté internationale baha'ie, qui depuis plus d'un siècle a œuvré en faveur de la citoyenneté mondiale, serait heureuse de prêter son assistance à la Commission, aux gouvernements, aux ONG et autres organisations afin de faire progresser le développement des concepts contenus dans ce document, de fournir des modèles pratiques d'unité des races, des religions, des nations et d'ethnies pour le développement durable, et de prendre part aux consultations portant sur cette question cruciale. En tant que communauté mondiale comprenant la diversité de l'humanité et partageant une vision commune du monde, la Communauté internationale baha'ie continuera à promouvoir le développement durable en encourageant les gens à se considérer comme les citoyens d'un monde unique, comme les constructeurs d'une civilisation mondiale juste et prospère.

NOTE:

 

  1. Action 21, chapitre 1.6.
  2. L'un des thèmes d'Action 21 qui se répète le plus souvent est celui de l'importance vitale d'une "large participation du public à la prise de décisions", de l'"engagement et de la participation réelle de tous les groupes sociaux", d'"un partenariat social réel", et "des niveaux de coopération nouveaux entre les États, les secteurs clés de la société et les peuples."
  3. L'appel à une éthique mondiale a souvent été soulevé au cours de la CNUED, et cela avec une intensité particulière pendant le Sommet de la Terre et le Forum Mondial, par des Chefs d'États aussi bien que par des représentant de l'ONU et des ONG; dans des documents officiels de la CNUED, des traités ONG, des ateliers, des livres et des spectacles artistiques. Quelques exemples seulement: - les discours faits au Sommet de la Terre par le Président du Brésil, le Président de la France, le Premier Ministre irlandais, le Premier Ministre japonais, le Président de la République des Îles Marshall, le Président des États-Unis du Mexique, le Prince Héritier du Royaume du Maroc, le Premier Ministre du Royaume des Pays-Bas, le Premier Ministre turc, le Premier Ministre de Tuvalu, le Secrétaire d'État du Saint-Siège, et le Secrétaire général de la CNUED, - les traités ONG préparés au Forum Mondial, y compris le Traité de la Jeunesse, la Charte de la Terre, la Déclaration de Rio de Janeiro, la Déclaration Populaire de la Terre, le Traité sur l'Éducation écologique pour des sociétés durables et la responsabilité mondiale, et le Traité sur les Engagements éthiques, - les activités du Forum Mondial, y compris la Série de soirées dans le Parc, reflétant "la diversité culturelle de la Famille Humaine", et le Monument de la Paix, qui porte l'inscription suivante: "La terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens", - des déclarations et des publications présentés par des gouvernements, des organismes de l'ONU et des ONG lors des différentes sessions du Comité Préparatoire et d'autres événements liés à la CNUED, y compris le Code Universel de Comportement Écologique (symposium ONG/médias, octobre 1990). Entre nos mains: Femmes et Enfants d'abord (Rapport du Symposium CNUED/UNICEF/FNUAP, mai 1991), La Charte de la Terre (Réseau de Citoyens des États-Unis sur la CNUED, juillet 1991), Une Seule Communauté de la Terre (Le Groupe de travail des Communautés religieuses sur la CNUED, août 1991), Prendre soin de la Terre (UICN/PNUE/WWF, octobre 1991), Une Charte de la Terre (Comité international de coordination sur la religion et la Terre, 1991), Agenda Ya Wananchi (Racines de l'Avenir, décembre 1991), Une Ethique écologique ou Charte de la Terre (PNUE-Comité National du Royaume-Uni, février 1992), Principes Relatifs aux Obligations et aux Droits Généraux (document de l'Assemblée générale, A/CONF.151/PC/WG.III/L.28 du 9 mars 1992), Charte de la Terre, Japon (Forum Populaire, Japon, 1992), Charte de la Réparation de la Terre (Fondation de la Réparation de la Terre, 1992), et Notre Pays, la Planète (Sir Shridath Ramphal, 1992).
  4. Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, Préambule.
  5. Par exemple, voir la Déclaration de Rio sur l'Environnement et le Développement, Principes 5, 8, 20, 25; et Action 21, chapitres 1, 2, 3, 23, 24 et 36.
  6. Voir la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, Principe 25.
  7. Dans le contexte du principe de la citoyenneté mondiale, ce programme devrait être "mené par les divers acteurs selon les situations, les capacités et les priorités différentes des pays et des régions" (Action 21, chapitre 1.6.).
  8. Action 21, chapitre 36.3. affirme que "L'éducation ... doit être considérée comme un processus permettant aux êtres humains et aux sociétés de réaliser leur plein potentiel. L'éducation revêt une importance critique pour ce qui est de promouvoir un développement durable et d'améliorer la capacité des individus de s'attaquer aux problèmes d'environnement et de développement ... L'éducation, de type scolaire ou non, est indispensable pour modifier les attitudes ... Elle est essentielle aussi pour susciter une conscience des questions écologiques et éthiques, ainsi que des valeurs et des attitudes, des compétences et un comportement compatibles avec le développement durable, et pour assurer une participation effective du public aux prises de décisions. Pour être efficace ... l'enseignement ... doit porter sur la dynamique de l'environnement physique/biologique et socio-économique ainsi que sur celle du développement humain (y compris, le cas échéant, le développement spirituel)."
  9. Action 21, chapitre 36.9. attire l'attention sur l'importance "de favoriser largement la sensibilisation du public, comme faisant partie intégrante et essentielle d'un effort d'éducation de portée mondiale visant à affermir les attitudes, les valeurs et les activités compatibles avec un développement durable."

La femme et l'homme: collaboration pour une planète saine

La femme et l'homme: collaboration pour une planète saine

Une déclaration présentée au "World Women's Congress for a Healthy"Planet"

Miami, Floride, États Unis—8 November 1991

"Le bien-être de L'humanité, sa paix et sa sécurité, ne seront assurés que lorsque son unité sera fermement établie". Ces paroles prophétiques prononcées par Bahá'u'lláh dans les dernières décennies du dix-neuvième siècle furent entièrement ignorées par les dirigeants de l'époque. Cependant, en cette décennie finale du vingtième siècle, l'humanité en est arrivée à prendre de plus en plus conscience de son interdépendance; elle est enfin convaincue qu'aucun individu, ni aucune institution ou nation ne peut vivre dans une isolation totale. La crise liée à l'environnement et au développement a conduit beaucoup de personnes à repenser leur vision du monde, les amenant à considérer la terre comme un système unique, dynamique, interdépendant et unifie. En conséquence, la recherche d'un équilibre entre les besoins de la société et les ressources limités de la nature s'est intégrée dans le contexte plus large de la recherche d'équilibre, de paix et d'harmonie au sein de la société elle-même.

L'étroite relation entre l'unité de la race humaine et l'égalité des sexes est rendue explicite par les écrits saints baha'is: "...il faut donner à la femme le privilège d'une éducation égale à celle de l'homme et un plein droit à ses prérogatives. C'est-à-dire qu'il ne doit pas y avoir de différences entre l'éducation du garçon et de la fille afin que la femme puisse développer un pouvoir et une importance égale à celle de l'homme dans l'équation sociale et économique. Alors, le monde obtiendra l'unité et l'harmonie. Dans les temps passés, l'humanité a été imparfaite et inefficace parce qu'elle était incomplète. La guerre et ses ravages ont flétri le monde; l'éducation de la femme sera un grand pas vers son abolition et sa disparition car la femme utilisera toute son influence contre la guerre. La femme élève l'enfant et éduque les jeunes jusqu'à leur maturité. Elle refusera de donner ses fils en sacrifice sur le champ de bataille. En vérité, elle sera le plus grand facteur de l'établissement de la paix universelle et de l'arbitrage international. La femme abolira certainement la guerre parmi le genre humain."

Jusqu'à présent, la plupart des systèmes d'organisation sociale n'ont accordé qu'une place marginale aux femmes. D'une façon générale, les stratégies modernes de développement ont eu tendance à consolider et, parfois, à accentuer les situations d'inégalité. La "Décennie des Nations Unies pour la femme: égalité, développement et paix (1975-1985) " a été lancée pour s'attaquer au problème de l'inégalité des sexes. Les travaux de recherche menés au cours de la Décennie ont rendu plus visible l'apport vital des femmes à la vie sociale et économique de leurs nations. Ces nouvelles recherches ont aussi mis en lumière les fardeaux inutiles portées par les femmes et les obstacles qui les empêchent de participer pleinement à la vie de la société. Bien plus, la Décennie a permis aux femmes de se rassembler et leur a donné des occasions sans précédent de partager opinions et expériences. Les femmes se sont rendu compte que du fait de leur préoccupation commune pour leur propre avenir et pour celui de la famille humaine, elles étaient capables de transcender les barrières nationales, raciales et de classe. La Décennie a aussi servi de catalyseur pour la réactivation d'organisations féminines traditionnelles, et la création de nouvelles Organisations Non-Gouvernementales (ONG) se consacrant aux besoins spécifiques des femmes. Ces ONG ont permis la création d'un vaste réseau de communication entre les femmes, leur donnant la possibilité de définir leurs besoins, de concevoir leurs propres programmes, et de commencer à influencer le processus de prise de décision à tous les niveaux. Grâce aux efforts entrepris pendant la Décennie, les programmes de développement ont commencé à s'attaquer à l'insuffisance des ressources disponibles pour les femmes, telles l'éducation, la technologie et le crédit. Les agences des Nations Unies, les gouvernements et les agences de développement international ont créé des départements chargés de répondre aux besoins et préoccupations des femmes.

Il s'agit aux réalisations majeures qui doivent être consolidées et élargies. Cependant, bien que des progrès aient été enregistrés, les femmes participent encore très peu dans les prises de décision, et les systèmes qui les ont toujours opprimées restent encore pratiquement intacts. Ces systèmes fonctionnent selon les modèles de domination qui ont caractérisé la société pendant des millénaires: les hommes ont dominé les femmes, un groupe racial ou ethnique en a dominé un autre, et des nations ont dominé d'autres nations. Les écrits saints baha'is affirment qu'en dépit de la résistance de l'humanité au changement, "l'équilibre se rétablit déjà". La force perd de son importance alors que la vivacité d'esprit, l'intuition et des qualités spirituelles d'amour et de dévouement, essentiellement féminines, prennent l'ascendant. En conséquence, les temps nouveaux seront moins masculins et plus imprégnés d'idéaux féminins, ou plus exactement, il arrivera un âge ou les aspects masculins et féminins de la civilisation seront plus équilibrés."

S'il est vrai que les femmes doivent développer leurs capacités, et jouer un rôle actif dans la recherche d'une solution aux problèmes du monde, leurs actions n'auront qu'un impact limité sans la pleine coopération des hommes. Les femmes, travaillant ensemble dans l'unité et l'harmonie, ont déjà enregistré beaucoup de succès dans les domaines d'influence qui leur étaient accessibles. Maintenant, elles doivent s'unir aux hommes en tant que partenaires égaux. Quand les hommes manifesteront un soutien sans réserve à ce processus, accueillant les femmes dans toutes les entreprises humaines, reconnaissant la valeur de leur apport et encourageant leur participation, les hommes et les femmes contribueront ensemble à là création d'un climat moral et psychologique favorable à l'émergence de la paix et a l'épanouissement d'une civilisation écologiquement viable.

La transformation nécessaire pour parvenir à une vraie égalité est certainement difficile pour les hommes comme pour les femmes, car tous doivent réexaminer les normes et les habitudes. II faut renoncer au blâme, car on ne peut reprocher à personne d'avoir été façonné par des forces historiques et sociales. Au sentiment de culpabilité il faut substituer la volonté de croissance. Face aux défis immenses se présentant a l'humanité, tous ont la responsabilité de reconnaître que les modèles anciens ne sont plus opérants, et tous devront répondre devant les générations futures des orientations données à la civilisation humaine, et de ses relations avec la planète.

Cependant, le changement est un processus graduel demandant de la patience envers soi-même et autrui, une éducation empreinte d'amour, et du temps. La transition sera plus facile quand les hommes se rendront compte qu'ils ne pourront réaliser leurs potentialités tant que les femmes se verront empêchées de se développer pleinement. En fait, quand les hommes militeront en faveur du principe de l'égalité, les femmes n'auront plus besoin de lutter pour leurs droits. Progressivement, les femmes aussi bien que les hommes abandonneront les attitudes négatives séculaires et adopteront graduellement les valeurs qui mènent à la vraie unité.

De l'avis de la Communauté internationale baha'ie , la nouvelle civilisation mondiale doit se bâtir sur l'engagement de tous envers un nouveau système de valeurs, sur une compréhension commune des droits et des responsabilités, et sur la volonté partagée de servir les intérêts de l'humanité dans son ensemble. Chez les baha'is, l'engagement envers l'émancipation des femmes n'est pas une chose nouvelle, et l'égalité des sexes n'est pas un concept flou. Nous sommes convaincus que l'unification de la race humaine dépend de la réalisation de l'égalité de l'homme et de la femme. Selon les écrits baha'is, l'humanité, ayant traversé les étapes de l'enfance et de l'adolescence tumultueuse, est maintenant au seuil de la maturité. Cette étape verra "la reconstruction et la démilitarisation de tout le monde civilisé, un monde organiquement unifié sous tous les aspects essentiels de sa vie."

Une réglementation internationale pour l'environnement et le développement

Une réglementation internationale pour l'environnement et le développement

Présentée par la Communauté internationale baha'i au Comité préparatoire de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED - Sommet Planète Terre).

Genève, Suisse—13 August 1991

Il y a un peu plus de cent ans, Bahá'u'lláh, dans une série de lettres adressées aux dirigeants de l'époque, annonça que l'humanité entrait dans une période de son histoire qui exigerait une restructuration radicale de la vie sur la planète. Il dit que des problèmes jamais envisagés auparavant allaient bientôt surgir, auxquels même les ressources des nations les plus avancées ne permettraient plus de faire face. Ces problèmes ne pourraient être surmontés que par un système fédéral mondial dont l'organe central serait un parlement mondial représentatif ayant plein pouvoir pour créer un code de lois international universellement accepté et applicable. "La terre n'est qu'un seul pays," affirma Bahá'u'lláh, "et tous les hommes en sont les citoyens."

A mesure que l'immensité, la complexité et le caractère urgent des problèmes liés á l'environnement s'imposent à l'attention du public, la logique de cette injonction devient de plus en plus apparente. Les mécanismes et procédures juridiques internationaux existants se révèlent inadaptés, essentiellement parce qu'ils sont basés sur des lois gouvernant les Etats-nations. Il semble clair à la Communauté internationale baha'ie, qu'à moins d'adopter des mesures innovatrices pour la restructuration de l'ordre international, la dégradation de l'environnement à elle seule, avec ses conséquences à long terme sur le développement social et économique, mènera inexorablement à un désastre aux proportions effrayantes.

Le processus actuel d'élaboration d'une réglementation internationale en matière d'environnement, qui ne s'attaque qu'à un problème à la fois, est parcellaire et non systématique. On a adopté des conventions, des traités et des protocoles concernant des questions aussi diverses que la protection de la couche d'ozone et le contrôle du trafic international des déchets dangereux. D'autres conventions portant sur les changements climatiques et sur la diversité biologique sont en cours de négociation. D'autres encore ont été suggérées, portant sur des thèmes tels que la pollution marine d'origine tellurique. Il n'existe pas d'organisme unique responsable de proposer une réglementation internationale sur l'environnement. Les nations n'ont pas non plus convenu d'un ensemble de principes pouvant servir de base à une telle réglementation. De plus, les pays signant les différents instruments juridiques sont rarement les mêmes. Il est alors pratiquement impossible d'harmoniser ou de combiner les accords.

La procédure législative internationale est connue pour être lente, coûteuse et lourde. Quand un problème est identifié des réunions d'experts sont convoquées pour préparer un projet d'accord. L'accord est négocié par les gouvernements intéressés et signé lors d'une réunion plénipotentiaire. Après ce qui est souvent une longue période de ratifications et d'adhésions, la réglementation entre en vigueur, mais uniquement dans les États qui l'ont signée. Un secrétariat est habituellement mis sur pied afin de faciliter et de surveiller l'application de la convention. Si des modifications doivent être apportées à la réglementation, comme pour le Protocole de Montréal, dont les dispositions n'ont pas prévu l'aggravation de la dégradation de la couche d'ozone, la révision peut-être aussi longue que l'adoption. Nombre de pays, dotés d'un effectif limité de diplomates et d'experts, ne peuvent s'engager dans des procédures si longues et coûteuses, d'autant plus que les négociations se multiplient pour répondre aux problèmes pressants liés à l'environnement mondial.

La procédure ad hoc actuelle, pour la réglementation en matière d'environnement, ne peut que devenir plus difficile à manier. On a avancé de nombreuses propositions visant à mettre en place des mécanismes globaux pour créer et soutenir un modèle de développement durable. Certains experts recommandent de renforcer le système actuel des Nations Unies en révisant le mandat d'agences telles que le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), en restructurant le Conseil économique et social (ECOSOC), ou en chargeant le Conseil de tutelle d'administrer certaines des ressources mondiales. D'autres suggèrent de créer de nouveaux organes tels qu'un conseil de sécurité pour l'environnement, un tribunal mondial de justice environnementale, ou une instance internationale de négociation environnementale chargée de préparer, d'adopter et de réviser la réglementation internationale sur des questions qui demandent une action à l'échelle de la planète.

Aussi bien intentionnées et utiles que soient ces propositions, il semble évident pour la Communauté internationale baha'ie qu'élaborer un modèle de développement durable est une tâche complexe aux ramifications multiples. A l'évidence, cela demande un engagement renouvelé pour apporter des solutions à des problèmes majeurs qui ne sont pas uniquement du domaine de l'environnement. Ces problèmes comprennent la militarisation, les disparités excessives de richesse entre les nations et à l'intérieur de chacune d'elles, le racisme, le manque d'accès à l'éducation, le nationalisme effréné et l'absence d'égalité entre les femmes et les hommes. Plutôt que de mettre en œuvre des actions ponctuelles conçues pour répondre aux besoins des États-nations, il semble clairement préférable d'adopter un accord-cadre à l'intérieur duquel des codes spécifiques internationaux pourraient être promulgués.

Les solutions à long terme font appel à une nouvelle vision d'ensemble d'une société globale, sous-tendue par des valeurs nouvelles. Aux yeux de la Communauté internationale baha'ie, reconnaître l'unicité de l'humanité est la condition première et fondamentale pour réorganiser et administrer le monde tel un pays unique, foyer de la race humaine. La reconnaissance de ce principe n'implique pas l'abandon des loyalismes légitimes, ni la suppression de la diversité culturelle ou l'abolition de l'autonomie nationale. Ce principe demande un loyalisme plus large, des aspirations bien plus élevées que celles qui ont animé les efforts humains jusqu'à présents. Il subordonne clairement les intérêts et les penchants nationaux aux exigences impératives d'un monde unifié. Il est incompatible avec non seulement toute tentative d'imposer l'uniformité, mais aussi toute tendance vers une centralisation excessive. Sa finalité peut être résumée par le concept d' "unité dans la diversité".

Les écrits baha'is envisagent un système fédéral mondial "en faveur duquel toutes les nations du globe devront abandonner, de leur plein gré, toute prétention à faire la guerre, certains droits à lever des impôts, et tous droits à maintenir des armements autres que ceux requis pour la sauvegarde de l'ordre à l'intérieur de leurs territoires respectifs". Cette fédération mondiale sera dotée d'un "corps législatif mondial dont les membres en tant que représentants de l'humanité entière auront le contrôle suprême sur toutes les ressources des nations composantes; corps qui édictera les lois requises pour régler la vie, satisfaire aux besoins, et harmoniser les relations de tous les peuples et de toutes les races. Un exécutif mondial s'appuyant sur une force internationale veillera à l'exécution des décisions prises par ce corps législatif, appliquera les lois qu'il aura décrétées et garantira l'unité organique de la communauté toute entière. Un tribunal mondial jugera et rendra un verdict ultime et obligatoire dans tous les cas de différends qui pourraient surgir entre les divers éléments faisant partie de ce système universel". Dans ce système, "un code unique de droit international - issu du jugement réfléchi des représentants fédérés du monde - disposera, pour ses sanctions, de l'immédiate intervention coercitive des forces conjuguées des unités fédérées...". En même temps, "l'autonomie des États membres, et la liberté personnelle ainsi que l'initiative des individus qui les composent, seront complètement et pour toujours sauvegardées".

La Communauté internationale baha'ie recommande instamment au Comité préparatoire d'envisager des approches empreintes de créativité et d'audace pour la mise en marche de la machinerie législative internationale. Aucun changement véritable n'est possible sans une vision de l'avenir. La Charte de la Terre pourrait contribuer de façon significative à dégager une vision unificatrice de l'avenir, en énonçant avec audace le système de valeurs sur lequel on doit bâtir le futur. En travaillant sur le texte de la Charte, le Comité préparatoire pourrait trouver utile de consulter La Promesse de la Paix Mondiale, une déclaration que la Maison Universelle de Justice a adressée aux peuples du monde pour apporter son soutien à la proclamation par les Nations Unies de l'année internationale de la paix.

Le processus enclenché par la CNUED renforce de manière puissante l'optimisme des baha'is du monde entier quant à l'avenir de l'humanité. Nous avons la conviction que les gouvernements du monde, forts de la reconnaissance universelle des dangers pesant sur la planète, peuvent décider d'agir avec courage dans l'intérêt de la race humaine dans son ensemble. Le résultat pourrait non seulement fournir la clef des problèmes d'environnement et de développement auxquels nous sommes actuellement confrontés, mais représenter de plus un immense pas en avant dans l'érection d'un système fédéral capable de relever les multiples défis auxquels doit faire face une humanité en voie d'intégration rapide.

La charte de la Terre

La charte de la Terre

Présentée par la Communauté internationale baha'i au Comité préparatoire de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED - Sommet Planète Terre).

Genève, Suisse—5 April 1991

La Communauté internationale baha'ie se réjouit de la proposition du Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), qu'une "Charte de la Terre" soit un des six principaux points à examiner à la CNUED à Rio de Janeiro, au Brésil, en Juin 1992. De fait, une entente sur "les principes qui doivent régir les relations des peuples et des nations entre eux et avec la planète" sera essentielle "pour assurer notre avenir commun en termes aussi bien d'environnement que de développement". Nous saisissons donc cette occasion pour faire part de notre opinion sur les éléments à prendre en considération pour l'élaboration du projet de Charte.

Nous sommes convaincus que tout appel en faveur d'une action mondiale pour l'environnement et le développement doit s'inspirer de valeurs et de principes universellement acceptés. De même, la recherche de solutions aux graves problèmes mondiaux liés à l'environnement et au développement doit dépasser les propositions technico-utilitaires pour s'attaquer aux causes profondes de la crise. Dans une perspective baha'ie, les vraies solutions exigent une vision de l'avenir qui soit universellement admise et fondée sur l'unité et la coopération spontanée entre les nations, les races, les croyances et les classes de la famille humaine. Les éléments suivant s'avèrent essentiels: l'engagement envers un modèle moral plus élevé, l'égalité des femmes et des hommes, et le développement de l'art de la consultation pour un fonctionnement efficace des groupes à tous les niveaux de la société.

La Charte de la Terre de la CNUED peut prendre pour référence, et s'inspirer de nombreuses déclarations sur l'environnement, y compris la Déclaration de Stockholm sur l'environnement (1972), la Déclaration de Nairobi  (1982), la Charte mondiale de la nature (1982), et des documents plus récents tels que le Code de conduite universel de l'environnement (Bangkok, octobre 1990).

De toute évidence, une déclaration de la CNUED ou une Charte de la Terre tirerait profit d'une consultation élargie avec les organisations gouvernementales et non gouvernementales. C'est donc avec plaisir que la Communauté internationale baha'ie offre les éléments suivants pour être éventuellement insérés dans une telle déclaration de principes.

Pour réorienter l'individu et la société vers un avenir durable, nous devons réaliser que:

* L'unité est essentielle si des peuples différents doivent œuvrer pour un avenir commun. La Charte de la Terre devrait identifier les aspects de l'unité qui constituent un préalable à la réussite d'un développement durable. Dans une perspective baha'ie, "Le bien-être de l'humanité, sa paix et sa sécurité sont inaccessibles à moins que, et jusqu'à ce que, son unité soit fermement établie."

* L'exploitation effrénée des ressources naturelles n'est qu'un symptôme d'une maladie générale de l'esprit humain. Aussi, toute solution à la crise de l'environnement et du développement doit s'appuyer sur une approche favorisant l'équilibre et l'harmonie spirituels à l'intérieur de l'être humain, dans les relations entre individus et dans les rapports de l'homme avec l'environnement dans son ensemble. Le progrès matériel doit être au service non seulement du corps, mais aussi de l'intellect et de l'esprit.

* Les transformations requises pour réorienter le monde vers un avenir durable demandent un degré de sacrifice, d'intégration sociale, d'actions désintéressées et d'unité d'intention rarement atteint dans l'histoire de l'humanité. Ces qualités ont pu atteindre leur plus haut degré de développement grâce au pouvoir transformateur de la religion. C'est pourquoi les communautés religieuses mondiales ont un rôle majeur à jouer en éveillant ces vertus chez l'individu, en libérant les aptitudes latentes dans son esprit et en le poussant à agir dans l'intérêt de la planète, de ses peuples et des générations futures.

* Rien, si ce n'est un système fédéral planétaire guidé par des lois universellement acceptées et appliquées, ne permettra aux États-nations de gérer conjointement un monde toujours plus interdépendant et en rapide mutation, garantissant ainsi la paix et la justice sociale et économique pour tous.

* Le développement doit être décentralisé afin de permettre à toutes les communautés de participer à la formulation et à la mise en œuvre des décisions et des programmes qui touchent leur vie. Une telle décentralisation n'exclut pas nécessairement un système et une stratégie globaux. Au contraire, elle peut garantir l'adaptation des processus de développement à la foisonnante diversité culturelle, géographique et écologique de la planète.

* La confrontation et la domination doivent laisser place à la consultation, afin que prévale la coopération au sein de la famille des nations lors de la conception et de l'application de mesures qui préserveront l'équilibre écologique de la terre.

* Ce n'est que lorsque les femmes seront les bienvenues dans tous les domaines de l'activité humaine, environnement et développement compris, qu'un climat moral et psychologique sera créé dans lequel pourra naître et prospérer une civilisation pacifique, harmonieuse et durable.

* L'éducation universelle est une cause qui mérite d'être soutenue énergiquement car aucune nation ne peut réussir sans que l'éducation soit accordée à tous ses citoyens. Elle favoriserait la prise de conscience de l'unité du genre humain et du lien primordial entre l'homme et la nature. Par la notion de citoyenneté mondiale, elle peut préparer les jeunes du monde aux changements organiques de la structure de la société qui découlent du principe d'unité.

La Communauté internationale baha'ie se tient prête à collaborer à l'élaboration plus poussée et à la promotion d'une Charte de la Terre en consultation avec d'autres organismes intéressés.

Rapport sur le statut de la femme dans la communauté baha'ie

Rapport sur le statut de la femme dans la communauté baha'ie

Vienna—1 May 1990

Domaine principal d'activités:

La Communauté internationale baha'ie, une Organisation non gouvernementale (ONG) ayant 151 organisations affiliées nationales et plus de 20'000 affiliées locales s'occupe de la promotion de la paix mondiale et favorise le développement spirituel, social et économique de ses communautés dans le monde entier. Les activités baha'ies sont animées par la conscience inébranlable de l'unité de la race humaine, un principe qui implique une transformation fondamentale de toutes les relations humaines, y compris les relations entre femmes et hommes. Selon les baha'is, le parachèvement de l'égalité des sexes est un des pré-requis les plus importants, mais aussi le moins reconnu, de la paix.

Description générale des activités concernant la condition de la femme et son amélioration:

Les baha'is considèrent que l'émancipation de la femme est un processus évolutif qui exige un certain temps pour se défaire des attitudes traditionnelles longtemps maintenues et adopter des modèles de vie unificateurs. Les communautés baha'ies à tous les niveaux -- local, national et international -- favorisent ce processus par des programmes et des activités contribuant à l'amélioration de la condition de la femme.

Les institutions baha'ies encouragent la participation des femmes dans tous les aspects de la vie communautaire, y compris la planification et la prise de décision dans le domaine du développement. Elles prônent l'égalité des chances pour l'éducation des filles et des garçons et soutiennent des projets de développement socio-économique dans le but de répondre aux besoins des femmes. De plus, elles instaurent l'égalité des sexes, aussi bien dans la communauté baha'ie que dans la société en général, grâce aux moyens de communications de masses et à un large éventail d'activités dont des conférences, des groupes de consultation de femmes, des séminaires et des ateliers.

La Communauté internationale baha'ie a pris pleinement part aux activités de la Décennie des Nations Unies pour la femme. Ses représentants assistent aux sessions de la Commission de l'amélioration de la condition de la femme et travaillent dans les Comités de la condition de la femme des ONG à New York, Genève et Vienne.

Activité actuelle dans ce domaine bénéficiant d'un statut prioritaire, but de cette activité, résultats obtenus à ce jour:

l. Participation sur pied d'égalité:

Du fait que la participation des femmes sur pied d'égalité dans tous les aspects de la vie communautaire est un but de toutes les institutions baha'ies, les communautés baha'ies, à tous les niveaux, s'engagent à augmenter le nombre de femmes nommées dans les conseils consultatifs et élues, dans les conseils directeurs, ainsi qu'à inclure toutes les femmes dans la consultation communautaire, qui est le processus général dans lequel est intégrée toute la communauté et par lequel les baha'is élaborent des plans et prennent des décisions. Les groupes de consultation pour les femmes, par exemple, sont instaurés dans le but d'éduquer les femmes et de les encourager à participer, sur pied d'égalité, avec les hommes dans l'établissement de communautés justes, où règne la paix.

Résultats: des statistiques récentes montrent une participation substantielle des femmes dans les organes administratifs baha'is. En 1988, 27% des personnes élues pour servir dans des conseils nationaux étaient des femmes. En 1989, 25% des membres des corps continentaux de conseillers et 29% de leurs corps auxiliaires étaient des femmes. Lors du Congrès mondial baha'i en 1988, les sessions plénières, dans lesquelles participaient des membres de plus de 140 Conseils nationaux baha'is, étaient présidées par des membres féminins des conseils consultatifs.

2. Cours d'alphabétisation:

Les cours d'alphabétisation pour les femmes et les filles, activité cruciale tenue pendant de nombreuses années dans les communautés baha'ies, ont été déclarés priorité universelle dans le plan de développement de six ans (1986-1992) de la Communauté internationale baha'ie. De plus, en 1989, l'organe directeur international baha'i a invité chaque conseil national et local à apporter son soutien à l'Année internationale de l'alphabétisation et à réaliser l'objectif d'éliminer l'analphabétisme de la communauté mondiale baha'ie. Le but des classes d'alphabétisation baha'ies, qui sont ouvertes à la communauté dans son ensemble, est de permettre aux femmes de développer et d'utiliser toutes leurs capacités, aussi bien dans leurs rôles traditionnels de mères et d'éducatrices des enfants que dans leurs nouveaux rôles de participantes à part entière dans l'amélioration des conditions de vie de leurs communautés et du monde.

2.1. Nouveaux projets:

De nouveaux projets d'alphabétisation pour les femmes, commencés au niveau local en réponse à l'Année internationale de l'alphabétisation, démontrent à quel point le processus de développement baha'i est dynamique. Premièrement, le conseil directeur international baha'i établit une priorité (Année internationale de l'alphabétisation) et lance un appel à prendre des mesures. Cet appel déclenche à son tour différentes initiatives nationales et locales, et ces initiatives sont alors soutenues et coordonnées, grâce à des ressources internationales et nationales. Au Cameroun, par exemple, huit baha'is se sont déclarés volontaires pour donner des cours d'alphabétisation et ont demandé au conseil directeur national baha'i de les aider à obtenir du matériel. Au Zimbabwe, plusieurs femmes baha'ies ont été formées, grâce à un programme gouvernemental, à donner des cours d'alphabétisation dans un institut permanent, parrainé par le conseil national baha'i. Au Malawi, six écoles fondées et dirigées par des conseils locaux baha'is sont supervisées par un Comité national baha'i des écoles privées et le Ministère des Services Communautaires du gouvernement, qui fournit aussi les manuels et organise régulièrement des cours de formation pour les professeurs. En Haïti, cinq centres d'éducation familiale gérés par des baha'is, centres qui suivent le programme de stimulation pour enfants de trois à cinq ans lancé par l'UNICEF, offrent maintenant des cours d'alphabétisation aux adultes, en majorité aux femmes qui accompagnent leurs enfants.

2.2. Projets en cours:

Des programmes d'alphabétisation baha'is pour les femmes et les filles intègrent l'alphabétisation dans la formation communautaire dans les domaines de la santé, de l'artisanat, de l'agriculture, et de la résolution des problèmes familiaux et communautaires aussi que dans l'acquisition des principes spirituels. Les résultats ont été gratifiants dans un certain nombre de pays, notamment le Kenya, l'Inde, le Zaïre et le Panama.

Résultats au Kenya: ces cinq dernières années, les baha'is du Kenya ont mené à bien des programmes qui invitent les femmes à prendre fait et cause pour la santé, l'agriculture, l'éthique et l'enseignement des tâches domestiques aux enfants. Au cours du processus d'apprentissage et d'enseignement de ces matières, les femmes elles-mêmes acquièrent les connaissances essentielles de la lecture et de l'écriture. Une série de manuels pour les mères, élaborée au Kenya pour ces programmes, a été distribuée aux communautés baha'ies intéressées du monde entier et est traduite actuellement en 26 langues.

Résultats en Inde: les femmes de l'Inde sont en train de surmonter à la fois le préjugé de caste et de leur condition traditionnellement inférieure grâce à des activités éducatives de leurs conseils baha'is locaux. Le "Faizi Vocational Institute for Rural Women" ("Institut de formation professionnelle Faizi pour les femmes rurales") à Indore et les programmes de large portée de la "New Era School" ("L'Ecole de la nouvelle ère") à Panchgani sont des exemples réussis d'approches faites par la population elle-même en matière d'éducation pour les femmes.

A l'Institut de formation professionnelle Faizi", les classes d'artisanat sont complétées par des cours d'alphabétisation et des discussions informelles quotidiennes qui développent l'expression, aiguisent le raisonnement et éveillent la conscience aussi bien face aux problèmes qu'aux solutions. Les élèves qui savent lire et écrire donnent des cours d'appui aux analphabètes, des informations sur la santé et l'hygiène s'ajoutent à des discussions sur l'éducation spirituelle et morale des enfants, et on présente des techniques utiles dans les villages, comme par exemple un four qui consomme peu de combustible et ne fait pas de fumée. Des membres masculins respectés de la communauté nationale baha'ie parlent avec les hommes de la communauté du principe de l'égalité sexuelle et enjoignent aux maris à être fiers des talents de leurs épouses.

"L'École supérieure de la Nouvelle ère" à Panchgani a commencé ses activités en 1984 avec 30 centres d'alphabétisation où venaient s'instruire 900 adultes, dont 750 femmes. Depuis lors, le programme s'est étendu à 100 centres dans 60 villages. Grâce à ces classes d'alphabétisation, de nombreux adultes apprennent les rudiments de la santé, la nutrition, l'hygiène et qu'il est important d'envoyer leurs enfants à l'école. Pour beaucoup d'étudiants, il en résulte des diminutions de dots pour les mariages, l'élimination de la consommation de boissons alcoolisées, l'adoption de nouvelles techniques agricoles, l'emploi de nouvelles variétés de semences et l'amélioration de leur situation sociale.

Résultats au Zaïre: le "Projet Bayanda" au Zaïre constitue l'un des efforts ayant remporté le plus de succès dans le domaine de l'alphabétisation que les baha'is aient mis sur pied jusqu'à ce jour. Les gens qui ont bénéficié de ce projet n'avaient eu que peu ou pas d'occasion d'aller à l'école. Néanmoins, depuis 1987, plus de 2500 étudiants ont terminé le cours d'alphabétisation, 70% d'entre eux étant des femmes et des jeunes filles. De plus, après avoir suivi les cours d'alphabétisation, 15 enfants de Bayanda ont été intégrés dans des classes de l'école publique locale où ils faisaient partie de 10% des meilleurs élèves.

Résultats au Panama: le Centre Culturel Guaymi au Panama a placé les activités en faveur de l'amélioration de la condition de la femme au premier plan. Le succès le plus remarquable du Centre Culturel Guaymi a été obtenu récemment en collaboration étroite avec le gouvernement. Le Ministère de l'Éducation a en effet choisi le Centre Culturel Guaymi comme siège de ses programmes d'alphabétisation. Au cours du processus de création des manuels d'alphabétisation, les professeurs baha'is ont convaincu les fonctionnaires du Ministère que, pour l'acquisition d'aptitudes, des concepts basés sur des principes d'élévation spirituelle seraient plus durables que ceux bases sur la production d'aliments, la propriété foncière, etc. Ils retravaillent maintenant tout le programme.

Au cas où un mécanisme national pour l'amélioration de la condition de la femme reçoit un certain soutien de votre organisation, veuillez citer des exemples.

En 1989, les communautés nationales baha'ies ont annoncé que les activités en faveur de l'amélioration de la condition de la femme étaient en augmentation. Parmi les 151 conseils nationaux, plus de 50 ont nommé des comités de femmes et plus de 100 ont rendu compte d'activités en faveur des femmes. Certains de ces comités de femmes ont des contacts avec leurs gouvernements, beaucoup d'entre eux travaillent avec des organisations à buts similaires et tous se sont donné pour tâche d'éveiller la conscience de la nécessité de la participation des femmes à égalité avec les hommes dans tous les domaines des activités humaines.

Sous quelle forme les ONG nationales reçoivent-elles de l'aide?

La Communauté internationale baha'ie, du fait qu'elle forme un réseau de communautés nationales et locales extrêmement diverses, est convaincue que, bien que les priorités mondiales soient fixées par le conseil directeur international, les plans en vue de projets de développement spécifiques doivent provenir de la base, des populations locales.

Le bureau de représentation auprès des Nations Unies de la Communauté internationale baha'ie, procure une information régulière aux organisations nationales affiliées  sur les activités des Nations Unies concernant les priorités des communautés baha'ies. Partout où il le faut, la Communauté internationale baha'ie facilite les relations entre les organisations nationales affiliées et des agences des Nations Unies telles que l'UNICEF et l'OMS. Les affiliées nationales reçoivent aussi des conseils sur les sources possibles de soutien aux projets qu'elles ont choisi d'entreprendre.

Comment les contacts sont-ils pris et gardés avec les organisations de base, dans les pays en voie de développement?

La Communauté internationale baha'ie garde les contacts avec les organisations affiliées locales en passant par leurs conseils directeurs nationaux, en envoyant des consultants en développement baha'is où c'est nécessaire et en facilitant les contacts avec les autres ONG et les agences des Nations Unies. Les communications se font par des lettres circulaires, la publication trimestrielle de la Communauté internationale baha'ie, One Country,  le Service de nouvelles internationales baha'ies, et directement par poste, téléphone, fax et courrier électronique.

Publications récentes (études, etc.) centrées sur les questions féminines:

Une compilation des écrits baha'is sur le thème de la femme a été préparée en 1986, puis publiée en de nombreuses langues pour être distribuée dans le monde entier.

En 1989, l'Association pour les études baha'ies a promu la recherche sur les questions féminines à la lumière des enseignements baha'is, en choisissant pour thème de sa Conférence internationale annuelle "La participation maximale des femmes à égalité avec les hommes". On peut obtenir des cassettes de nombreuses présentations faites pendant la conférence. Certaines des études scientifiques produites pour la conférence sont publiées dans le cahier trimestriel "Journal of Baha'i Studies" ou seront publiées sous forme de monographies.

De récentes bourses d'études ont également permis d'étudier au moins sept biographies de femmes baha'ies éminentes et un ouvrage regroupant des essais par des femmes et des hommes sur leurs luttes personnelles en matière d'égalité sexuelle. De plus, de nombreuses organisations affiliées nationales ont publié des livres, des compilations, des études et des cassettes sur le divorce, le mariage et la vie de famille, dans le but d'aider aussi bien les hommes que les femmes à apprendre à gérer l'égalité.

Publications régulières (bulletins, etc.) centrées sur les questions féminines:

En 1989, 446 bulletins et magazines ont été publiés par des communautés baha'ies. Du fait que l'égalité sexuelle est une question centrale dans la vie des communautés baha'ies et du fait que l'on considère que les questions féminines font partie des responsabilités des hommes aussi bien que des femmes, ces questions ont été fréquemment traitées dans ces publications et ont parfois fait l'objet d'un numéro complet.

One Country, le bulletin trimestriel de la Communauté internationale baha'ie, a attiré l'attention internationale sur l'Institut Faizi en Inde, les fours sans fumée au Kenya, les femmes et le développement dans le Pacifique Sud, la formation d'agents de santé primaires (en majorité des femmes) au Tchad, ainsi que sur une coalition d'ONG, d'agences des Nations Unies, et d'organisations intergouvernementales " Partisan de la sécurité alimentaire en Afrique: Alléger le fardeau des femmes."

Commission des droits de l'homme

Commission des droits de l'homme

Commission des droits de l'homme, quarante-cinquième session.

20 January 1989

Point 8 de l'ordre du jour: question de la jouissance effective, dans tous les pays, des droits économiques, sociaux et culturels proclamés dans la déclaration universelle des droits de l'homme et dans le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et étude des problèmes particuliers que rencontrent les pays en développement dans leurs efforts tendant à la réalisation des droits de l'homme.

Communication écrite présentée par la Communauté internationale baha'ie, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif de la catégorie II.

Le Secrétaire général a reçu la communication ci-après, qui est distribuée conformément à la résolution 1296 (XLIV) du Conseil économique et social.

Points 8 a) et 8 b) de l'ordre du jour

La Communauté internationale baha'ie est convaincue que: "le droit à un niveau de vie suffisant" et "le droit au développement" sont réalisables, mais qu'ils nécessitent la pleine utilisation et l'entière coordination de toutes les ressources matérielles et humaines de la planète. Elle adhère donc sans réserve à la Déclaration sur le droit au développement, adoptée en 1986, qui fixe les critères par rapport auxquels, toutes les nations peuvent mesurer leurs progrès sur la voie de la réalisation de ces objectifs. En outre, elle se félicite des initiatives prises par la Commission et par son Groupe de travail d'experts gouvernementaux quant à la définition de mesures concrètes propres à assurer la mise en œuvre de la Déclaration.

Le droit à un niveau de vie suffisant et le droit au développement sont à la portée des États. Les baha'is considèrent que les progrès scientifiques et techniques de ce siècle capital, témoignent d'un grand bond en avant dans l'évolution sociale de l'humanité et fournissent les moyens de résoudre les problèmes pratiques qui en découlent. Ils permettent en fait de gérer les complexités de la vie d'un monde uni.

Cependant, des barrières subsistent. Doutes, malentendus, préjugés, soupçons et intérêts égoïstes étroits assaillent les nations et les peuples dans leurs relations les uns avec les autres. Malheureusement, les arbitres des affaires humaines ont eu tendance, au lieu d'épouser la nation de l'unité de l'humanité et de promouvoir le développement de l'harmonie entre les différents peuples, à défier l'État, à subordonner le reste de l'humanité à une nation, une race ou une classe, à essayer de supprimer toute discussion et tout échange d'idées, ou à abandonner sans pitié des millions de personnes qui meurent de faim aux mécanismes d'une économie de marché qui aggravent manifestement le sort de la majorité de l'humanité, tout en permettant à quelques-uns de vivre dans une opulence sans précédent.

Les baha'is estiment que pour éliminer les "effets que l'ordre économique international injuste, existant actuellement dans l'économie des pays en développement, et l'obstacle que cela constitue pour la mise en œuvre des droits de l'homme et des libertés fondamentales", la notion d'unité de l'humanité doit être universellement proclamée et acceptée et ses vastes implications reconnues.

Selon les baha'is, la reconnaissance de l'unité de l'humanité n'exige pas moins que la reconstruction et la démilitarisation du monde. L'humanité doit tendre vers un monde organiquement uni dans tous les aspects essentiels de la vie, qu'il s'agisse de l'appareil politique, des aspirations spirituelles, du commerce ou des finances, tout en étant d'une diversité infinie quant aux caractéristiques nationales des éléments interdépendants qui le composent. Pour les baha'is, l'unification de la race humaine et de la planète n'est pas simplement un vœu pieu. Bien au contraire, c'est le défi primordial de l'histoire à son stade actuel et la condition fondamentale nécessaire pour résoudre la plupart des problèmes sociaux.

Point 8 c) de l'ordre du jour

Le point de vue baha'i quant à la participation populaire au développement repose sur une conception tout aussi stimulante de la nature et du but de l'existence humaine. Selon les baha'is, l'être humain n'est ni une créature déchue, ni purement et simplement le produit de forces socio-économiques. L'âme rationnelle est un phénomène doté d'un potentiel illimité, sur les plans intellectuel, spirituel, émotionnel et moral. Servir l'humanité est l'un des principaux éléments qui favorisent l'épanouissement des capacités individuelles.

Dans ce contexte, la Communauté internationale baha'ie considère la participation populaire comme étant essentielle au développement et à la pleine réalisation de tous les droits de l'homme. Elle estime que, grâce à une éducation fondée sur le principe du service de l'humanité, on éveillera et on entretiendra la motivation qui, associée à l'acquisition de compétences pratiques et de connaissances techniques, ouvrira des possibilités de développement, qu'il est impossible encore d'imaginer, au sein des États et entre eux. Les programmes éducatifs au niveau de la communauté, en particulier, peuvent aider les jeunes à acquérir confiance en eux et les compétences nécessaires pour contribuer au processus de développement de leurs communautés respectives.

En outre, la Communauté internationale baha'ie considère qu'il est particulièrement important de promouvoir la participation au sein des groupes qui ont traditionnellement été opprimés et négligés, comme les peuples autochtones et les femmes, pour qu'ils puissent assumer leur rôle légitime dans la prise des décisions qui les touchent directement en matière de développement.

La participation active des femmes, à laquelle appelle l'article 8 de la Déclaration sur le droit au développement, est capitale pour le processus de développement. Dans la plupart des sociétés, les femmes se sont vu confier un rôle inférieur dans l'ordre social, bien qu'elles accomplissent l'essentiel des tâches quotidiennes. Les femmes devraient être non seulement autorisées mais encouragées à jouer un rôle de premier plan dans la formulation de solutions aux problèmes que rencontrent les communautés auxquelles elles appartiennent. Les programmes de développement doivent donc avoir pour objectif l'amélioration de la condition de la femme.

Dans le cadre du processus de développement, il est indispensable de favoriser la croyance authentique en l'unité de l'humanité, la prise de conscience de l'interdépendance mondiale et l'engagement moral de service, tant dans les pays en développement que dans les pays développés. D'une part, cela crée un sentiment de respect de soi et d'autonomie parmi les peuples qui ont été opprimés. D'autre part, cela révèle et contrecarre les pratiques économiques injustes et les systèmes d'exploitation dans les sociétés où ils existent, permettant ainsi à ces sociétés de recouvrer leur intégrité et de mieux s'acquitter de leurs obligations internationales

Observations finales

L'approche baha'ie du développement part du principe qu'à notre époque, tous les peuples, dans la mesure où ils peuvent se consulter sur leurs besoins dans un esprit d'unité, peuvent trouver en eux-mêmes la direction de leur développement et les moyens d'y parvenir. Étant donné qu'il s'agit d'une méthode applicable au niveau de la communauté, les valeurs et les besoins matériels ne sont pas artificiellement séparés les uns des autres, l'éducation a d'importantes implications morales aussi bien que pratiques. Apprendre à prendre des décisions est tout aussi important que les avantages matériels qui découlent de ces décisions. Les initiatives baha'ies en matière de développement se distinguent dans le monde par les caractéristiques suivantes : intégration des aspects moraux et pratiques, unité des points de vue qui permet une grande souplesse d'application et, par-dessus tout, capacité d'éveiller et d'entretenir les motivations.

Les projets de développement baha'is ne représentent qu'une très petite fraction de ceux qui sont actuellement en cours d'exécution dans le monde entier et leur succès est d'ordre systématique et qualitatif plus que quantitatif. La Communauté internationale baha'ie estime que le modèle communautaire, que les baha'is ont construit au prix d'efforts considérables au cours des décennies écoulées gagnerait à être étudié avec soin par d'autres, dans le domaine du développement.

Droits de l'homme concernant l'invalidité

Droits de l'homme concernant l'invalidité

Commission des droits de l'homme. Sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités, quarantième session. Point 7 de l'ordre du jour: droits de l'homme concernant l'invalidité. Communication écrite présentée par la Communauté internationale baha'ie, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif (catégorie II) Le Secrétaire général a reçu la communication ci-après, qui est distribuée conformément à la résolution 1296 (XVLIV) du Conseil économique et social.

Geneva—6 August 1988

La Communauté internationale baha'ie accueille avec satisfaction le remarquable travail réalisé par M. Leandro Despouy, rapporteur spécial, dans le cadre de son étude sur les droits de l'homme et l'invalidité. À notre avis, l'étude de M. Despouy apporte une contribution importante aux efforts déployés sur la voie d'un plus grand respect des droits fondamentaux de l'homme et des personnes handicapées.

Dans la communication écrite que nous avons présentée au titre de ce point à la Sous-commission lors de sa trente-huitième session, distribuée sous la cote E/CU.4/Sub.2/1985/NGO/3, nous donnions l'avis des baha'is sur la discrimination qui frappe les personnes handicapées, ainsi que sur la question du placement en institution. Dans la présente communication, nous aborderons un autre thème, qui figure dans l'étude de M. Despouy, à savoir les droits économiques, sociaux et culturels qui concernent les personnes frappées d'incapacité.

Outre le fait qu'ils sont en butte à une discrimination ouverte dans de nombreux secteurs de la vie quotidienne, les handicapés se heurtent à des obstacles particuliers lorsqu'ils veulent réaliser pleinement leurs possibilités de contribuer à la vie économique, de sociale et culturelle la société. Il est évident que ces personnes ont des besoins particuliers, auxquels il faut répondre pour leur permettre d'exercer les droits auxquels ils peuvent prétendre, mais la question de la réadaptation va au-delà des soins de santé primaires. La réadaptation exige la mise en place d'un milieu social de soutien où la personne handicapée puisse acquérir des compétences, utiliser ses talents et participer à la vie de la société au maximum de ce que lui permet son handicap. Telles sont les raisons pour lesquelles nous approuvons pleinement la déclaration que fait M. Despouy dans son rapport préliminaire, à savoir que "la manière la plus efficace d'atténuer les effets de la situation actuelle est d'assurer la pleine et égale participation des personnes handicapées dans tous les domaines de la vie sociale".

Par exemple, dans le domaine de l'éducation, les établissements préscolaires, primaires et secondaires pourraient prévoir des programmes spéciaux destinés à aider les enfants handicapés à étudier malgré leur handicap, et il faudrait mettre à leur disposition des moyens qui leur permettent de participer à ces programmes d'enseignement, notamment des services de transport. Ces programmes devraient dans toute la mesure du possible être intégrés au programme général d'enseignement, afin que les enfants handicapés ne soient pas, sans raison, isolés des autres enfants ni socialement stigmatisés. Il est capital que les enfants handicapés apprennent à se considérer comme des membres actifs de leur groupe d'âge, et qu'ils soient considérés comme tels. De plus, il est essentiel d'obtenir la participation et le soutien actif des familles au processus d'éducation, comme nous allons le voir plus en détail ci-dessous.

Il faudrait que les programmes d'enseignement, non seulement aident les enfants handicapés à faire face aux problèmes pratiques dus à leur incapacité, mais cherchent aussi à développer leurs talents et leurs dons particuliers. Il faudrait en particulier offrir aux enfants handicapés la possibilité de mettre en valeur leurs talents naturels, car développer leurs talents et leurs aptitudes est l'un des plus sûrs moyens de les valoriser à leurs propres yeux, de leur donner confiance en eux-mêmes grâce à leurs réalisations, et aussi de les faire contribuer au bien-être de la société.

L'une des plus grandes difficultés que rencontrent les personnes handicapées pour faire valoir leurs droits a trait au droit - et au devoir- de travailler. Trop souvent, la société classe les handicapés dans la catégorie de ceux qui ne peuvent pas travailler et dont l'aptitude au travail est amoindrie, ou les cantonne dans un rôle de dépendance passive. Il est indéniable que toute personne handicapée a des limites qui restreignent les options professionnelles qui s'offrent à elle. Mais son invalidité peut souvent être surmontée, et peut orienter le choix d'une activité de manière à utiliser les atouts de la personne. De plus, les baha'is ont la conviction que le travail est une forme d'adoration et un moyen de s'épanouir sur le plan spirituel. Par conséquent, le droit de travailler au service des autres hommes est un droit fondamental pour tous. Il est particulièrement important pour les personnes handicapées de pouvoir occuper un emploi rémunéré et socialement utile, car, en raison de leur infirmité, elles risquent facilement de se sentir socialement inutiles. Par conséquent, il faut leur offrir des moyens spéciaux d'acquérir des compétences qui leur permettent de se présenter sur le marché du travail, peut-être grâce à des programmes de formation spécialement conçus à leur intention, et on devrait aussi leur donner la possibilité d'utiliser leurs compétences dans des lieux de travail qui leur soient accessibles et favorisent leur intégration totale.

Un droit social qui est particulièrement important pour les personnes handicapées est le droit à la liberté de religion. Il faut noter que les infirmités sont un rappel de la fragilité de notre existence et de notre condition mortels - rappel que les membres de la société préfèrent ignorer. La religion peut jouer un rôle majeur en aidant la personne handicapée à comprendre le sens spirituel de sa vie, à voir son infirmité sous un angle positif, et à reconnaître que son incapacité physique ou mentale n'altère pas nécessairement son caractère essentiel d'être humain. Les baha'is pensent que la religion doit être libérée de toute superstition et qu'elle doit vivre en harmonie totale avec le savoir et le progrès scientifique. Il est arrivé trop souvent que des superstitions d'origine religieuse dépassées, stigmatisent socialement ceux qui souffrent d'infirmités, liant implicitement leur infirmité à des forces "mauvaises" et inférieures, ou les associant à la culpabilité. Lorsque la croyance religieuse est libérée de la superstition et s'accorde avec la science, la religion devient une source d'inspiration pour les personnes handicapées et les aide à profiter pleinement des progrès de la médecine, tout en favorisant chez elles l'épanouissement d'une conception positive de la vie qui s'inspire de la reconnaissance de ses fins spirituelles.

Enfin, les baha'is pensent que les familles des personnes handicapées peuvent jouer un rôle capital en les aidant à réaliser toutes leurs potentialités. Avoir le sentiment d'appartenir à une famille et être acceptée par les membres de sa propre famille offre à la personne handicapée l'appui et l'encouragement dont elle a tellement besoin pour acquérir le sens de sa propre dignité et de sa propre valeur. Pour les baha'is, la famille est la cellule de base de la société, c'est dans la famille que se forme la conception que l'enfant a du monde, et c'est là qu'il reçoit sa première éducation. Si l'enfant handicapé reçoit amour, encouragement et appui sincère de la part de sa famille, et qu'on lui inculque parallèlement le sens de sa responsabilité à l'égard de la société, il sera beaucoup mieux préparé à vivre son infirmité d'une manière positive et à contribuer au bien-être de la collectivité. Comme il arrive fréquemment que le handicap doive d'abord être accepté par la famille pour que celle ci puisse offrir affection et encouragement à celui qui est handicapé, il importe que les membres de la famille reçoivent le type d'éducation que nous proposons dans la communication écrite présentée à la Sous-commission lors de à sa trente-huitième session. Une éducation visant à aider les membres de la famille à mieux comprendre la nature de l'infirmité et à apprécier les dons et les talents particuliers de celui d'entre eux qui est handicapé.

Une fois de plus, nous exprimons notre appui à M. Despouy pour le travail très important dont il s'est chargé.

Le développement de la condition de la femme

Le développement de la condition de la femme

Commission de la condition de la femme, trente-deuxième session Point 5 (A) et (B) de l'ordre du jour (E/CN.6/1988/1): thèmes prioritaires : développement: problèmes des femmes rurales, notamment l'alimentation, les ressources en eau, les techniques agricoles, l'emploi dans les zones rurales, les transports et l'environnement

Vienne, Autriche—21 March 1988

Exposé soumis par les organisations suivantes : Alliance internationale des femmes, Droits égaux- responsabilités égales, Conseil international des femmes, Fédération internationale des femmes de carrières libérales et commerciales. Organisation internationale des unions de consommateurs (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif, catégorie I): Communauté internationale baha'ie (organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif, catégorie II)

Le Secrétaire général a reçu l'exposé suivant, qu'il communique conformément aux paragraphes 29 et 30 de la résolution 1296 (XLIV) du Conseil économique et social.

 

La Communauté internationale baha'ie, membre des "Advocates for African Food Security: Lessening the Burden for Women" [1], groupement composé d'organisations non gouvernementales, se félicite de l'occasion qui lui est donnée de présenter à la Commission de la condition de la femme. L'exposé ci-après, tend à démontrer qu'il importe d'accorder la priorité aux problèmes des cultivatrices africaines lors de l'examen et de l'évaluation du Programme d'action des Nations Unies pour le redressement économique et le développement de l'Afrique, 1986-1990, auxquels il sera procédé avant la session de 1988 de l'Assemblée générale. Trois organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif de la catégorie I, auprès du Conseil économique et social : le Conseil international des femmes, la Fédération internationale des femmes de carrières libérales et commerciales et l'Organisation internationale des unions de consommateurs, ont souscrit à cet exposé.

La session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la situation économique critique de l'Afrique, qui s'est tenue en 1986, a fait date. L'Assemblée a établi et adopté à cette occasion un plan de redressement économique et de développement : le Programme d'action des Nations Unies pour le redressement économique et le développement de l'Afrique, 1986-1990. La convocation de cette session, la première que l'Organisation des Nations Unies ait consacrée à l'examen de la situation économique d'une région déterminée, avait été demandée par les chefs d'État et de gouvernement de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), en vue de mobiliser des ressources internationales supplémentaires pour le redressement et le relèvement de l'économie des pays du continent dévastés par la sécheresse et la famine les plus graves qu'ils aient connues de très longue date.

Dans le Programme d'action, la communauté internationale est appelée à appuyer les nouvelles initiatives prises par les États africains pour promouvoir la production vivrière, créer des industries agricoles et une infrastructure appropriée, remédier aux effets de la sécheresse et de la désertification et mettre en valeur les ressources humaines par la modification radicale des systèmes d'éducation. Elle reconnaît que ces changements sont nécessaires si l'on veut que les objectifs fixés pour le redressement de l'Afrique soient atteints.

Avant la session de 1988 de l'Assemblée générale, un Comité ad hoc plénier, créé par l'Assemblée dans sa résolution 42/163, étudiera et évaluera le Programme d'action des Nations Unies pour le redressement économique de l'Afrique. Des recommandations concrètes sur la mise en œuvre intégrale de ce programme, formulées d'après les réponses que les gouvernements africains auront faites à une enquête actuellement en cours, seront présentées au Comité.

L'enquête comporte plusieurs questions relatives aux femmes et au développement, mais elle n'est pas suffisamment axée sur les domaines suivants qui jouent un rôle primordial dans la vie des femmes et dans la sécurité alimentaire des pays africains: terres, crédit, environnement - en particulier désertification et bois de feu - formation (transfert de technologies) et transports. En outre, une bonne partie des données n'est pas ventilée par sexe, ce qui aboutit à occulter : a) le rôle vital que les femmes jouent dans l'agriculture africaine, b) les besoins particuliers et urgents des agricultrices

La Communauté internationale baha'ie appelle donc l'attention de la Commission de la condition de la femme sur le fait que le Conseil économique et social étudiera les recommandations sur les dispositions à prendre pour la réunion du Comité ad hoc plénier, à ses sessions ordinaires de 1988 et demande instamment à la Commission de prendre toutes les mesures possibles pour que :

a.  Les préoccupations des femmes soient pleinement prises en compte lorsqu'il sera procédé à l'examen et à l'évaluation à la session d'automne de l'Assemblée générale;

b. Les besoins des agricultrices africaines se voient attribuer la plus haute priorité dans les recommandations relatives à la sécurité alimentaire dans le redressement et le développement de l'Afrique.

 

[1] Voici les organisations qui sont membres des "Advocates" : African American Institute; Alliance internationale des femmes; American Friends Service Committee; American Public Health Association, Inc.; Association soroptimiste internationale; Baha'ie USA; CARE; Center to Prevent Childhood Malnutrition; Church Women United; Coalition for Women in International Development; Comité des Etats-Unis pour le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme; Comité de la Conférence des ONG (CONGO) chargé de la Décennie des Nations Unies pour la femme; Communauté internationale baha'ie; Coordination in Development, Inc.; Fédération suédoise de protection de l'enfance; Institute of Cultural Affairs; Lutheran World Ministries;  Lutheran World Relief Service; NCCC - Service chrétien mondial; Overseas Education Fund; Oxfam America; PACT, Inc.; Pan-African Human Rights; Presbyterian Church (Etats-Unis) - Women's Program; Save the Children (Canada); Service de secours catholique; The Hunger Project; Trickle Up Program; United Church Board for World Ministries; United Methodist Office for UN; Zonta International.

Le Comité a bénéficié des services consultatifs de fonctionnaires de l'INSTRAW, du PNUD, de l'UNIFEM, du Groupe des ONG au Département des affaires économiques et sociales internationales et du Service de liaison de l'ONU.

Commission sur la condition de la femme

Commission sur la condition de la femme

Commission de la condition de la femme, trente-deuxième session Point 6 de l'ordre du jour (E/CN.6/1988/1): ordre du jour provisoire de la trente-troisième session de la commission.

Vienne Autriche—18 March 1988

Exposé soumis par les organisations suivantes : Association soroptimiste internationale, Fédération internationale des femmes de carrières libérales et commerciales, Zonta International (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif catégorie I), Caritas Internationalis (Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale), Communauté internationale baha'ie, Association internationale des femmes médecins, Conseil international des femmes juives, Fédération internationale des centres sociaux et communautaires, Fédération internationale pour l'économie familiale, Fédération internationale des femmes diplômées des universités Fédération mondiale des femmes méthodistes, Pax Romana (Mouvement international des étudiants catholiques, Mouvement international des intellectuels catholiques), Union mondiale des organisations féminines catholiques (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif, catégorie II).

Le Secrétaire général a reçu l'exposé suivant, qu'il communique conformément aux paragraphes 29 et 30 de la résolution 1296 (XLIV).

 

Les organisations non gouvernementales (ONG) énumérées ci-dessus, qui sont dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social, se félicitent de la décision prise par la Commission de la condition de la femme d'accorder la priorité, durant sa trente-deuxième session, à la mise en place et au développement de mécanismes nationaux destinés à suivre l'évolution de la condition de la femme et à l'améliorer.

L'attention est attirée sur le fait que la condition de la femme varie non seulement en raison de facteurs qui tiennent à la géographie et au développement, mais aussi selon la situation où elle se trouve aux différents âges de la vie.

Il faut tenir compte de ce que révèle la démographie, à savoir que les femmes ont une espérance de vie plus longue que les hommes et qu'elles constitueront une majorité toujours plus grande de la population âgée dans le monde. Plus l'âge sera grand, plus les femmes seront nombreuses - et ce à une période de leur vie où elles risquent de voir disparaître peu à peu leur capacité à affronter la vie et ou s'aggrave la discrimination sociale à leur égard sous ses nombreux aspects.

Depuis quelque temps, les instances internationales accordent aux femmes qui avancent en âge une attention croissante, manifeste dans certains instruments (résolutions 1982/23, 1984/13, 1986/26 du Conseil économique et social, du Plan international d'action sur le vieillissement et de la Stratégies prospectives d'action pour la promotion de la femme, en particulier par. 286).

Les ONG énumérées ci-dessus rappellent une fois encore la nécessité de fixer des priorités, comme il avait été préconisé dans l'exposé des ONG à la trente et unième session de la Commission de la condition de la femme (E/CN.6/1986/NGO/8). Ainsi, il faudrait sensibiliser les femmes et les préparer en temps voulu à la vieillesse. Il faudrait notamment prévoir des stratégies de santé préventives et curatives et des stratégies pour leur sécurité économique future, dans lesquelles interviendraient les pouvoirs publics à tous les échelons, la communauté et l'individu.

Il est en outre indispensable de susciter un sentiment favorable aux femmes âgées, de renforcer l'échange de vues entre femmes d'âges différents afin de les encourager à se comprendre et à apprendre les unes des autres, d'encourager la communauté à agir pour les femmes âgées et réciproquement. Cela aboutirait à une meilleur utilisation des compétences et connaissances qu'elles ont acquises, de considérer la transformation rapide des systèmes grâce auxquels les femmes âgées reçoivent appui et marques de solidarité et, enfin, d'envisager dans le domaine des services sociaux d'adopter des mesures de nature à améliorer la situation des personnes âgées sans provoquer pour autant la dégradation des systèmes d'aide qui existent en dehors des institutions.

Tout en se réjouissant des possibilités qu'offre une espérance de vie plus longue, les ONG énumérées ci-dessus appellent la Commission à souligner la nécessité de faire des recherches sur la situation des femmes âgées telle qu'elle se présente et telle qu'on peut la prévoir. Ces études devraient être faites en 1989, au titre du thème "Développement". Elles peuvent être courtes mais devraient permettre que la question des femmes âgées soit examinée de façon satisfaisante en 1991 dans le cadre de la question des "femmes vulnérables, notamment les femmes migrantes". Les ONG mentionnées ci-dessus demandent instamment que des études approfondies soient faites et diffusées pour la session de la Commission de la condition de la femme qui se tiendra en 1991.

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