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La condition de la femme

La condition de la femme

Commission de la condition de la femme, trente-deuxième session Point 5 a) de l'ordre du jour provisoire (E/CN.6/1988/1): thèmes prioritaires: égalité, mécanismes nationaux pour le suivi et l'amélioration de la condition de la femme.

Vienne, Autriche—14 March 1988

Exposé soumis par les organisations suivantes: Alliance internationale des femmes. Droits égaux- responsabilités égales, Conseil international de l'action sociale, Conseil international des femmes, Fédération internationale des femmes de carrières libérales et commerciales Soroptimiste  internationale (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif catégorie I); Alliance mondiale des unions chrétiennes féminines, Alliance universelle des unions chrétiennes de jeunes gens, Association des femmes du Pacifique et d'Asie du Sud-est, Association internationale des femmes médecins. Caritas Internationaliste (Confédération internationale d'organismes catholiques d'action charitable et sociale), Commission internationale de juristes. Communauté internationale baha'ie , Confédération mondiale des organisations de la profession enseignante, Conférence chrétienne pour la paix, Conseil international des femmes juives, Fédération internationale des assistants sociaux et des assistantes sociales, Fédération internationale des droits de l'homme. Fédération internationale des femmes diplômées des universités, Fédération internationale des femmes juristes. Fédération luthérienne mondiale. Fédération mondiale des femmes méthodistes. Femmes de l'Internationale socialiste, Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté, Organisation internationale des journalistes. Pax Romana (Mouvement international des étudiants catholiques, Mouvement international des intellectuels catholiques), Service social international Société anti-esclavagiste, Union des avocats arabes, Union internationale des étudiants, Union mondiale des organisations féminines catholiques (organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif catégorie II), Ligue internationale pour le droit et la libération des peuples (organisation non gouvernementale inscrite sur la Liste).

Le Secrétaire général a reçu l'exposé suivant, qu'il communique conformément aux paragraphes 29 et 30 de la résolution 1296(XLIV) du Conseil économique et social.

Les organisations non gouvernementales susmentionnées (ONG), dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social ou inscrites sur la Liste, sont conscientes de l'importance accordée par les Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour la promotion de la femme (A/CONF.116/28/Rev.l) à l'élaboration et à l'extension des mécanismes nationaux pour le suivi et l'amélioration de la condition de la femme (Stratégies prospectives d'action, par. 60 à 92 sous le thème Égalité, par. 125 à 231 sous le thème Développement et par. 263 à 276 sous le thème Paix).

Les ONG susmentionnées félicitent donc la Commission de la condition de la femme d'avoir prévu de consacrer, à titre prioritaire, un examen approfondi à cette question à sa trente-deuxième session.

Elles prennent note des deux séminaires sur les mécanismes nationaux pour le suivi et l'amélioration de la condition de la femme et sur les systèmes d'information qui se sont tenus au Centre international de Vienne, ainsi que du répertoire des mécanismes nationaux qui est actuellement établi.

Elles espèrent donc que le rapport des deux séminaires et le répertoire fourniront les outils nécessaires à la mise en place de programmes concrets visant à promouvoir la condition de facto de la femme, lorsque cette question sera examinée à la trente-deuxième session de la Commission de la condition de la femme.

Bien qu'elles soient conscientes du fait que les conditions diffèrent selon les États membres, les ONG susmentionnées prient instamment la Commission de la condition de la femme d'élaborer des directives afin d'aider les États membres à parvenir à une amélioration de facto et également de jure des mécanismes nationaux.

L'attention est également appelée sur la réunion des présidents internationaux des ONG convoquée par les présidents des Comités des ONG sur la condition de la femme à Genève, New York et Vienne afin d'encourager l'action entreprise par leurs organisations nationales à l'appui de leurs gouvernements dans le cadre du suivi et de l'amélioration de la condition de la femme

Thèmes prioritaires: développement

Thèmes prioritaires: développement

Commission de la condition de la femme, trente-deuxième session. Exposé présenté par la Communauté internationale baha'ie, organisation non gouvernementale dotée du statut- consultatif de la catégorie II.

Vienne, Autriche —14 March 1988

Point 5 b) de l'ordre du jour (E/CN.6/1988/1): thèmes prioritaires: développement; problèmes des femmes rurales notamment l'alimentation, les ressources en eau, les techniques agricoles, l'emploi dans les zones rurales, les transports et l'environnement.

Le Secrétaire général a reçu l'exposé ci-après, qu'il communique conformément aux paragraphes 29 et 30 de la résolution 1296(XLIV) du Conseil économique et social.

 

La Communauté internationale baha'ie considère que la solution des problèmes qui se posent aux femmes rurales demande du temps et de l'énergie. Elle applaudit les mesures exposées dans le rapport du Secrétaire général sur les femmes rurales et est heureuse de pouvoir dire qu'un grand nombre de ses communautés membres s'emploient déjà à appliquer des programmes analogues à ceux qui sont recommandés.

La communauté baha'ie se félicite particulièrement de l'appel adressé aux femmes rurales elles-mêmes, pour qu'elles prennent conscience de la nécessité de participer pleinement, sur un pied d'égalité, aux activités productrices, en tant que participantes ou bénéficiaires.

L'expérience des projets de développement de la Communauté internationale baha'ie montre que les valeurs, les collectivités et les particuliers construisent leurs influent sur l'ampleur du changement social. Il est vrai que rarement, des documents, des travaux de recherche et des projets visant à favoriser le développement, abordent la nécessité de modifier des attitudes fondamentales, d'une façon telle que l'acceptation des rôles inégaux que les femmes se voient reconnaître, dans la plupart des sociétés, se trouve renforcée . La communauté baha'ie estime qu'il faut favoriser un climat de prise de conscience qui encourage le changement. Les attitudes de la société à l'égard des femmes règlent leur vie, déterminent leurs activités, fixent les limites de leur action et circonscrivent leurs responsabilités et leurs devoirs.

La communauté baha'ie voudrait recommander deux mesures d'ordre pratique. Il s'agit, en premier lieu, d'encourager les États Membres à se servir de tous les organes de communication, anciens ou nouveaux, pour instaurer un climat propice à une évolution sociale en faveur de la femme. En second lieu, il s'agit d'encourager l'éducation des filles. On a montré à maintes reprises que les progrès de l'instruction peuvent influer de façon substantielle sur toutes les autres activités de développement : agriculture, santé, logement, hygiène ou environnement.

Un certain nombre de projets de développement ont aussi montré que la vie des êtres humains peut être sensiblement modifiée par des messages appropriés transmis par les organes d'information et s'accompagnant d'activités d'ordre pratique. Tel est le résultat obtenu, par exemple, dans le domaine de la santé, où les programmes de communication modifient les attitudes fondamentales des êtres humains a l'égard des maladies diarrhéiques. Dans quelques cas, on arrive à persuader la population de se comporter à l'opposé de ce qu'elle a l'habitude de faire (à savoir nourrir les enfants au lieu de leur faire suivre un régime pendant une crise diarrhéique). Dans les programmes de population, la publicité d'ordre social cherche à encourager, même ceux qui ont une attitude négative envers la planification familiale, à prendre davantage conscience de leurs responsabilités sociales.

De l'avis de la Communauté internationale baha'ie, les projets de communication qui visent à modifier l'attitude et le comportement à l'égard des femmes, et des questions qui intéressent ces dernières sont indispensables, si l'on veut que les recommandations du Secrétaire général soient appliquées avec succès. La communication aux fins du développement est déjà un domaine d'action fermement établi. Les travaux de recherche préliminaires sur les attitudes actuelles déterminent à la fois quels sont les publics cibles et quels sont les messages qui conviennent à chacun de ces publics cibles ainsi que les vecteurs propres à assurer la diffusion de ces messages.

Il arrive fréquemment qu'un message important doit être adressé à un groupe qui n'est pas le bénéficiaire. Il se peut fort bien que les hommes soient la cible essentielle d'une communication ayant trait à des projets de développement en faveur des femmes. Chaque pays doit établir quelle sera l'intensité de la stratégie de communication qui sera la plus efficace: une campagne intensive, de brève durée mais fortement charpentée, ou une campagne cumulative, qui s'adresse à des publics plus restreints mais gagne en ampleur avec le temps.

Outre les organes de communication, le théâtre populaire, les chansons et les marionnettes peuvent être des vecteurs propres à transmettre les messages de changement dans les zones rurales. Ces activités peuvent renforcer la discussion dans des enceintes plus traditionnelles.

Lorsque l'initiative individuelle de la participation des femmes aux programmes les concernant est appuyée par le village, on assiste à une combinaison de facteurs se renforçant mutuellement. C'est par l'éducation et le programme de communication, qui précède les activités relatives aux projets, que l'on développe un esprit communautaire tendant à appuyer et à fortifier les efforts individuels que déploient les femmes. Telle est l'action en vue d'un rapport progressiste, dynamique et, par-dessus tout, harmonieux qui caractérise les programmes de développement sociale de la communauté baha'ie.

La notion fondamentale, qui est à la base de la double démarche de communication et d'éducation, est que l'on peut prescrire dans les textes législatifs un changement de comportement et d'attitude, sans pouvoir toujours le réaliser dans la pratique. Ce que la législation peut faire, c'est de permettre que de nouvelles idées imprègnent une collectivité, donnant lieu à une réflexion sérieuse et soient finalement adaptées et adoptées de façon harmonieuse et non agressive. Un programme de communication et d'éducation encourage le dialogue et entraîne les participants dans le processus de développement, à telle point que l'incitation au changement vient de la collectivité elle-même, ce qui renforce au maximum les perspectives de continuité une fois que l'appui extérieur a cessé.

La Communauté internationale baha'ie a exposé les avis et recommandations qui précèdent en vue de contribuer à l'instauration d'un cadre dans lequel les activités de développement puissent se dérouler. Elle appuie pleinement les recommandations consignées dans le rapport du Secrétaire général et elle est disposée à offrir toute assistance possible pour diffuser ces principes directeurs.

La Promesse de la Paix mondiale

La Promesse de la Paix mondiale

1 October 1985

INTRODUCTION

Aux peuples du monde

La Grande Paix à laquelle ont aspiré profondément les gens de bonne volonté au fil des siècles, dont prophètes et poètes nous offrent la vision depuis d'innombrables générations et dont les livres saints de l'humanité ont toujours renfermé la promesse, se profile enfin à l'horizon mondial. Il est maintenant possible à chacun, pour la première fois dans l'histoire, de voir toute la planète et les innombrables peuples qui l'habitent, dans une perspective globale. La paix mondiale est non seulement possible mais inévitable. C'est la prochaine étape de l'évolution de cette planète, ce qu'un grand penseur [Teilhard de Chardin] a appelé "la planétisation de l'humanité".

Tous les habitants de la terre doivent décider s'ils parviendront à cette paix en empruntant un chemin pavé d'horreurs inconcevables nées de l'attachement tenace de l'humanité envers d'anciens modèles de comportement ou bien, en optant pour la paix dans une affirmation de volonté conjointe. En ce moment critique, alors que les problèmes très ditificiles, affligeant tous les pays, sont devenus la préoccupation commune pour le sort de l'humanité entière, il serait inconsciemment irresponsable de ne point prendre les mesures requises pour enrayer la montée des nombreux conflits et troubles.

SIGNES FAVORABLES DE PAIX

Certains signes favorables pointent dans cette direction : la croissance régulière de mesures d'organisation à l'échelle mondiale, commencée par la création de la Société des Nations au début du siècle, et poursuivie avec l'organisation des Nations Unies, qui réunit un nombre plus vaste de pays ; l'accession à l'indépen- dance, depuis la seconde guerre mondiale, de la plupart des pays de la terre, ce qui a marqué la fin du processus d'édification des nations, et la collaboration de ces nouvelles nations avec les pays plus anciens sur les questions d'intérêt mutuel ; la coopération plus étroite qui s'en est suivie entre des peuples et des groupes auparavant isolés et ennemis, dans le cadre de projets internationaux portant sur les sciences, l'éducation, le droit, l'économie et la culture ; la constitution, depuis quelques dizaines d'années, d'un nombre sans précédent d'organisations humanitaires internationales ; la dissémination de mouvements composés de femmes et de jeunes réclamant la fin des conflits armés et la multiplication spontanée de réseaux de plus en plus grands d'individus tentant de promouvoir la compréhension par des échanges personnels.

Les progrès scientifiques et technologiques marquant ce siècle singulièrement favorisé présagent une avance importante de l'évolution sociale de la planète et indiquent les moyens pour résoudre les problèmes de l'humanité dans leur aspect pratique. Ils fournissent effectivement les moyens d'organiser la vie complexe d'un monde uni. Des barrières n'en persistent pas moins. Les rapports entre les nations et les peuples sont troublés par des doutes, des idées fausses, des préjugés, des soupçons et la recherche d'intérêts égoïstes.

Un sens profond du devoir spirituel et moral nous pousse en ce moment opportun à partager avec vous les pensées intuitives et profondes qui furent déjà communiquées aux gouvernants mondiaux voici plus d'un siècle par Bahà'u'llàh, fondateur de la foi baha'ie, dont nous sommes les dépositaires et les administrateurs.

CONFLITS ET SPECTRE DE GUERRE

Bahà'u'llàh s'exprima en ces termes : "Les vents du désespoir soufflent, hélas, de toutes les directions et les querelles qui divisent et affligent l'humanité s'enveniment chaque jour. Des signes de boulever- sements et de chaos imminents peuvent maintenant être discernés dans la mesure où l'ordre établi donne des résultats lamentables". Ce jugement prophétique a été confirmé maintes et maintes fois par l'expérience commune de l'humanité. L'ordre établi présente des défauts évidents quand on considère l'incapacité des états souverains composant les Nations Unies d'exorciser le spectre de la guerre, la menace d'écroulement de l'ordre économique international, l'extension de l'anarchie et du terrorisme et la souffrance intense que causent ces troubles et d'autres encore à une multitude croissante. Agressions et conflits en sont tellement venus à caractériser nos systèmes sociaux, économiques et religieux que ce comportement est perçu par un grand nombre de personnes comme étant intrinsèque à la nature humaine et, par conséquent, irrémédiable.

Ce point de vue a entraîné des contradictions paralysantes dans les affaires humaines. D'un côté, les peuples de toutes les nations déclarent qu'ils sont non seulement prêts, mais aussi décidés à vivre en paix et en harmonie et à mettre un terme à ces craintes terrifiantes qui tourmentent leurs vies quotidiennes. De l'autre, on accepte trop facilement la thèse selon laquelle les êtres humains sont irrémédiablement égoïstes et agressifs et, par conséquent, incapables de mettre en place un système social qui soit à la fois progressiste et pacifique, dynamique et harmonieux, un système donnant libre cours à la créativité et à l'initiative de l'individu, mais fondé sur une base de collaboration et de réciprocité.

LE CHEMIN EN AVANT

Au fur et à mesure que la paix devient une nécessité impérieuse, cette contradiction fondamentale qui fait obstacle à sa réalisation nous force à réexaminer les hypothèses sur lesquelles repose cette conception courante d'un triste destin de l'humanité. Un examen dénué de passion révèle que cette conduite, loin de traduire la véritable nature de l'homme, représente une déformation de l'esprit humain. Ayant admis ce point, tous les peuples pourront mettre en oeuvre des forces sociales constructives qui, étant compatibles avec la nature humaine, favoriseront l'harmonie et la collaboration plutôt que la guerre et les conflits.

L'adoption d'une telle conduite ne revient pas à nier le passé de l'humanité mais plutôt à le comprendre. La foi baha'ie voit la confusion actuelle du monde et la situation désastreuse des affaires humaines comme une phase normale d'un processus naturel menant inéluctablement à l'unification de la race humaine en un seul ordre social qui ne connaîtra d'autres frontières que la planète. La race humaine, en tant qu'unité organique distincte, est passée par des phases d'évolution qui rappellent les phases de bas âge et d'enfance de la vie des humains et elle se trouve maintenant dans la phase culminante de son adolescence troublée, à la veille de l'âge adulte tant attendu.

Il n'y a pas lieu de se désespérer parce que l'on admet en toute sincérité que les préjugés, la guerre et l'exploitation furent l'expression de phases immatures d'un vaste processus historique et que la race humaine connaît aujourd'hui les tumultes inévitables qui marquent son accession à une maturité collective. Cette reconnaissance constitue plutôt une condition élémentaire préalable à la tâche prodigieuse de construire un monde pacifique. Nous vous demandons instamment de considérer qu'une telle entreprise est possible, que les forces constructives nécessaires sont présentes et que les structures sociales unifiantes peuvent être mises en place.

En dépit des souffrances et des troubles que peuvent nous réserver les quelques prochaines années, en dépit de l'aspect tragique que peuvent revêtir les circonstances immédiates, la communauté baha'ie estime que l'humanité peut faire face à cette épreuve suprême en ayant confiance en son dénouement. Loin de marquer la fin de la civilisation, les bouleversements vers lesquels l'humanité est toujours plus rapidement poussée permettront de libérer les "potentialités inhérentes à la condition de l'homme" et révèleront "la pleine mesure de son destin sur la terre, l'excellence innée de sa réalité". 

 

LE RÔLE CAPITAL DE LA RELIGION

LA RELIGION SOURCE D'ORDRE

Les dons qui distinguent la race humaine de toutes les autres formes de vie se retrouvent dans ce que l'on désigne comme l'esprit humain ; l'intelligence est sa qualité essentielle. Ces dons ont permis à l'humanité de construire des civilisations et de prospérer matériellement. Cependant, ces réalisations à elles seules n'ont jamais comblé l'esprit humain, dont la nature mystérieuse porte à la transcendance, incite à la recherche d'un royaume invisible, de la réalité fondamentale, de l'essence des essences qui échappe à la perception humaine et que l'on appelle Dieu. Les religions offertes à l'homme par une succession de personnes touchées par la ferveur spirituelle ont constitué le principal lien entre l'humanité et cette réalité fondamentale ; elles ont exalté et raffiné la capacité de l'homme à atteindre le succès spirituel tout en réalisant le progrès social.

Aucune tentative sérieuse de remise en ordre des affaires humaines et de réalisation de la paix mondiale ne peut ignorer la religion. La perception qu'en a l'homme et la manière dont il la pratique forment une grand part des matériaux de l'histoire. Un éminent historien [Arnold Toynbee] a décrit la religion comme une "faculté de la nature humaine". Il est difficile de nier que la perversion de cette faculté a contribué, en grande partie, à la confusion qui règne dans la société et aux conflits touchant et divisant les individus. De la même manière, tout observateur impartial ne peut minimiser l'influence prépondérante exercée par la religion sur les expressions fondamentales de la civilisation. De plus, l'effet direct qu'elle exerce sur les lois et la moralité a amplement démontré qu'elle était indispensable à l'ordre social.

Assimilant la religion à une force sociale, Bahà'u'llàh s'exprima en ces termes : "La religion est le meilleur moyen de faire régner l'ordre dans le monde et de satisfaire, dans un cadre pacifique, tous ceux qui l'habitent". A propos de la disparition ou de la corruption de la religion, il écrivait : "Si la lampe de la religion faiblit, le chaos et la confusion prévaudront et les lumières de l'équité, de la justice, du calme et de la paix s'éteindront". Dressant une liste de ces conséquences, les écrits baha'is soulignent que la "perversion de la nature humaine, la dégradation de sa conduite, la corruption et le dérèglement des institutions humaines se révèlent, dans de telles circonstances, sous leur aspect le plus sombre et le plus révoltant. La nature humaine est avilie, la confiance est ébranlée, la discipline se relâche, la voix de la conscience humaine est étouffée, la décence et la honte perdent toute signification, les concepts de devoir, de solidarité, de réciprocité et de loyauté sont faussés et le sentiment même de paix, de joie et d'espoir disparaît graduellement".

L'UNITE FONDAMENTALE DES RELIGIONS

Si l'humanité en est ainsi arrivée à un stade de conflits paralysants, elle doit en rechercher la cause en elle-même, en sa propre négligence et dans le fait qu'elle s'est fiée à des apparences trompeuses. C'est là qu'elle trouvera l'origine des malentendus et de la confusion créés au nom de la religion. Ceux qui se sont accrochés aveuglément et égoïstement à leurs orthodoxies particulières, qui ont imposé à leurs adeptes des interprétations erronées et contradictoires des déclarations des prophètes de Dieu, sont grandement responsables de cette confusion, qu'arnplifient les barrières artificielles érigées entre la foi et la raison, la science et la religion. En effet, un examen impartial des véritables déclarations des fondateurs des grandes religions et des milieux sociaux dans lesquels ils durent remplir leur mission ne permet pas de soutenir les affirmations et les préjugés semant le trouble dans les communautés religieuses de l'humanité et, par conséquent, dans toutes les affaires humaines.

L'enseignement selon lequel nous devrions traiter les autres comme nous aimerions être traités, qui se retrouve sous des formes diverses dans toutes les grandes religions, vient renforcer cette dernière observation à deux égards : il résume l'attitude morale, l'aspect de recherche de la paix qui existe dans ces religions, quelles que soient leurs origines géographiques ou historiques ; il comporte également un aspect d'unité qui constitue leur vertu essentielle, une vertu que l'homme, dans sa perception incohérente de l'histoire, n'a pas su apprécier. Si l'humanité avait vu les Educateurs de son enfance collective tels qu'ils étaient en réalité, c'est-à-dire en agents d'un même processus de civilisation, elle aurait sans aucun doute tiré des bénéfices infiniment supérieurs des effets cumulatifs de leurs missions successives. Hélas! elle n'a pas su le faire.

Le regain de ferveur religieuse fanatique qui se produit dans de nombreux pays ne peut être vu comme autre chose qu'une dernière convulsion. La nature même de la violence et des troubles auxquels ce phénomène est associé témoigne de l'échec spirituel qu'il représente. De fait, l'une des caractéristiques les plus étranges et les plus tristes de la vague actuelle de fanatisme religieux est la force avec laquelle, dans chaque cas, il ébranle non seulement les valeurs spirituelles qui favorisent l'unité de la race humaine, mais aussi les victoires morales uniques remportées par la religion dont il se prétend précisément le défenseur.

OÙ EST LE "MONDE NOUVEAU"?

Malgré le rôle essentiel de la religion dans l'histoire de l'humanité et le caractère dramatique du regain actuel de fanatisme religieux militant, la religion et les institutions religieuses sont depuis plusieurs dizaines d'années considérées, par un nombre croissant de personnes, comme n'ayant aucun rapport avec les principales préoccupations du monde moderne. Ces personnes ont substitué à la religion la recherche hédoniste de satisfactions matérielles ou bien des idéologies créées par l'homme et qui visent à délivrer la société des maux évidents qui la font gémir. Malheureusement, un trop grand nombre de ces idéologies, plutôt que d'adhérer au concept de l'unité de la race humaine et de promouvoir une plus grande harmonie entre les divers peuples, ont eu tendance à déifier l'Etat, à subordonner le reste de l'humanité à une nation, une race ou une classe, à tenter de supprimer toute discussion et tout échange d'idées ou à abandonner sans pitié des millions d'affamés au libre jeu d'un système de marché qui aggrave sans conteste la misère de la majorité de la race humaine, tout en permettant à d'infimes minorités de vivre dans une aisance que nos ancêtres ne pouvaient même pas imaginer.

Combien tragiques sont les résultats des croyances de substitution créées par ces sages selon le monde. L'histoire a rendu un verdict irréversible sur leur valeur, comme en atteste le désenchantement massif de populations entières auxquelles on a appris à prier devant leurs autels. Les fruits qu'ont produits ces doctrines, après de nombreuses années d'un exercice de plus en plus arbitraire du pouvoir par ceux qui s'en servent pour dominer les affaires humaines, sont les plaies sociales et économiques qui affligent toutes les régions du monde, alors que nous nous approchons de la fin du XXe siècle. Toutes ces calamités externes cachent des dommages spirituels sous-jacents qui se reflètent dans l'apathie dont souffre l'ensemble des peuples de tous les pays et dans l'absence d'espoir qui assèche les coeurs de millions de personnes dépourvues et angoissées.

Nous sommes arrivés au stade où ceux qui prêchent les dogmes du matérialisme, que ce soit de l'Est ou de l'Ouest, que ce soit du capitalisme ou du socialisme, doivent rendre compte de la direction spirituelle qu'ils ont prétendu exercer. Où est le «nouveau monde" annonce par ces idéologies ? Où est la paix internationale dont ils affirment promouvoir les idéaux ? Oû sont les percées dans de nouveaux domaines de réalisation culturelle produites par l'exaltation de telle race, nation ou classe ? Pourquoi la vaste majorité des peuples du monde s'enfonce-t-elle sans cesse plus profondément dans la famine et la misère alors que les arbitres actuels des affaires humaines disposent de richesses énormes que n'auraient pu concevoir ni les pharaons, ni les empereurs romains, ni même les puissances impérialistes du XIX siècle ?

C'est dans la glorification de la poursuite des intérêts matériels, qui est à la fois source et trame commune de toutes ces idéologies, que l'on retrouve les origines de la conception erronée selon laquelle les êtres humains sont irrémédiablement égoïstes et agressifs. Il s'agit là du terrain que l'on devra déblayer pour permettre la construction d'un monde nouveau qui conviendra à nos descendants.

L'histoire montre que les idéaux matérialistes n'ont pas su répondre aux besoins de l'humanité et ceci devrait nous amener à reconnaître en toute honnêteté que de nouveaux efforts doivent maintenant être entrepris pour résoudre les problèmes déchirants de la planète. Les conditions intolérables dans lesquelles vivent certains secteurs de la société traduisent l'échec de tous et chacun, et cet état de choses contribue davantage à provoquer qu'à atténuer la division des camps. Il est évident que des efforts conjoints doivent être entrepris de toute urgence pour remédier à ces problèmes. C'est d'abord et avant tout une question d'attitude. L'humanité continuera-t-elle à s'entêter dans le mauvais chemin, à s'accrocher à des concepts dépassés et à des hypothèses inapplicables ? Ou bien ses leaders iront-ils de l'avant et, faisant fi de leurs idéologies, décide-ront-ils de se consulter pour rechercher conjointement des solutions appropriées?

Ceux qui ont à coeur l'avenir de l'humanité feront bien de réfléchir à ce conseil. «Si des idéaux longue- ment caressés et des institutions dont la réputation n'est plus à faire, si certaines hypothèses sociales et certaines formules religieuses ont cessé de promouvoir le bien-être de l'ensemble de l'humanité, s'ils ne répondent plus aux besoins d'une humanité en constante évolution alors, balayons-les et reléguons-les là où vont les doctrines désuètes et oubliées. Pourquoi, dans un monde soumis aux lois immuables du changement et de l'usure, seraient-ils à l'abri de la dégradation qui doit forcément gagner toute institution humaine ? Car les normes juridiques, les théories politiques et les doctrines économiques sont uniquement destinées à protéger les intérêts de l'humanité vue dans une perspective globale et l'humanité n'a pas à être sacrifiée pour préserver l'intégrité d'une loi ou d'une doctrine particulière". 

 

ISSUES POUR UNE PAIX MONDIALE

LES RACINES DE LA GUERRE

Le désarmement nucléaire, l'interdiction du recours aux gaz toxiques et aux armes bactériologiques ne supprimeront pas les causes fondamentales de la guerre. Sans vouloir nier l'importance évidente de ces mesures pratiques dans le cadre du processus de paix, elles sont en elles-mêmes trop superficielles pour exercer une influence durable. Les peuples sont assez ingénieux pour inventer d'autres formes de guerre et pour utiliser la nourriture, les matières premières, l'argent, la puissance industrielle, l'idéologie et le terrorisme pour tenter de s'asservir les uns les autres dans leur recherche interminable de suprématie et de pouvoir. De même, la désorganisation massive qui afflige actuellement les affaires de l'humanité ne pourra pas être résolue en mettant fin à des conflits ou désaccords spécifiques entre les nations. Il faut adopter un cadre universel authentique.

On ne peut certainement pas accuser les leaders nationaux d'ignorer l'ampleur mondiale du problème qui se manifeste dans les questions toujours plus pressantes auxquelles ils font face quotidiennement. Et les études et solutions avancées par des groupes concernés et éclairés ainsi que par des organismes des Nations Unies sont trop nombreuses pour que l'on puisse ignorer les défis. On assiste cependant à une paralysie de la volonté, et c'est là le phénomène qu'il faut minutieusement étudier afin d'y apporter une solution ferme. Comme nous l'avons mentionné auparavant, cette paralysie procède d'une croyance profonde en la nature inéluctablement batailleuse de la race humaine ; ceci explique pourquoi on répugne à considérer la possibilité d'assujettir les intérêts nationaux aux exigences d'un ordre mondial et pourquoi on refuse d'envisager courageusement les vastes ramifications de l'établissement d'une autorité mondiale unifiée. Cette paralysie est également attribuable à l'incapacité des masses, en grande partie ignorantes et soumises, d'exprimer clairement leur désir d'un nouvel ordre dans lequel elles pourraient vivre en paix, en harmonie et en prospérité avec toute l'humanité.

DEMARCHES VERS UN ORDRE MONDIAL

Les mesures timides prises, surtout depuis la dernière guerre mondiale, en vue de l'instauration d'un ordre mondial, donnent lieu d'espérer. La tendance croissante de groupes de pays désireux de donner à leurs rapports un cadre formel leur permettant de collaborer sur des questions d'intérêt mutuel, permet de penser qu'un jour ou l'autre tous les pays finiront par surmonter cette paralysie. L'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, la Communauté et le Marché commun des Caraïbes, le Marché commun d'Amérique centrale, le Conseil d'assistance économique mutuelle, les Communautés européennes, la Ligue des pays arabes, l'Organisation de l'unité africaine, l'Organisation des états américains, le Forum du Pacifique sud - toutes les initiatives conjointes représentées par ces organisations ouvrent la porte à l'ordre mondial.

Le fait que certains des problèmes les plus enracinés de la planète font l'objet d'une attention plus grande constitue un autre signe d'espoir. En dépit des lacunes évidentes des Nations Unies, la quantité de décla- rations et de conventions adoptées par cette organisation, même lorsque les gouvernements ne lui ont pas donné un appui chaleureux, a donné aux populations le sentiment d'un regain de vie. La déclaration universelle des droits de l'homme, la convention sur la prévention et la punition du crime de génocide et les mesures de nature semblable ayant pour but d'éliminer toutes les formes de discrimination basées sur la race, le sexe ou la croyance religieuse ; la défense des droits de l'enfant ; la protection de toutes les personnes contre la torture ; l'élimination de la faim et de la malnutrition ; l'utilisation des découvertes scientifiques et technologiques dans le but de promouvoir la paix et le bien-être de l'humanité - toutes ces mesures, si elles sont mises en application et développées courageusement, nous permettront d'atteindre plus rapidement une ère où le spectre de la guerre cessera de pouvoir dominer les relations internationales. Point n'est besoin d'insister sur l'importance des questions couvertes par ces déclarations et conventions. Cependant, certaines questions, en raison de leur rapport direct avec l'instauration de la paix mondiale, méritent une plus ample élaboration.

RACISME

Le racisme, l'un des fléaux les plus néfastes et les plus persistants, représente l'un des principaux obstacles à la paix. Sa pratique constitue une violation si scandaleuse de la dignité de l'être humain qu'elle ne peut être justifiée sous aucun prétexte. Le racisme retarde le développement du potentiel illimité de ses victimes, corrompt ceux qui le pratiquent et ruine les espoirs de progrès humain. L'unité de la race humaine doit être reconnue universellement et mise en oeuvre par des mesures juridiques appropriées si l'on veut surmonter ce problème.

LES EXTREMES DE RICHESSE ET DE PAUVRETE

Le gouffre qui sépare les riches des pauvres, source de grandes souffrances, maintient le monde dans un état d'instabilité, pratiquement au seuil de la guerre. Peu de sociétés ont su apporter une solution efficace à cette situation. La solution requiert l'alliance d'éléments spirituels, moraux et pratiques. Il faut envisager le problème dans une perspective nouvelle, consulter des experts couvrant une vaste gamme de disciplines, à l'abri des polémiques économiques et idéologiques, et s'assurer le concours de gens qui sont directement concernés par les décisions devant être prises d'urgence. Cette question est liée non seulement à la nécessité d'éliminer les extrêmes de richesse et de pauvreté, mais aussi aux vérités spirituelles dont la compréhension pourra donner naissance à une attitude universelle nouvelle. L'encouragement et le développement d'une telle attitude représentent en eux-mêmes un élément-clé de la solution.

NATIONALISME EFFRENE

Le nationalisme effréné, par opposition à un patriotisme sain et légitime, doit faire place à une loyauté plus vaste, à l'amour de l'humanité dans son ensemble. Comme le dit Bahà'u'llàh : "La terre n'est qu'un pays dont tous les hommes sont les citoyens". Le concept de citoyenneté mondiale est le produit direct de la contraction du monde en un seul village à la suite des découvertes scientifiques, et de interdépendance indéniable des nations. On peut aimer tous les peuples du monde tout en aimant son propre pays. Dans une société mondiale, les intérêts de chaque partie concordent avec les intérêts du tout. Il importe de stimuler les activités internationales actuelles qui favorisent, dans divers domaines, l'affection mutuelle et le sens de la solidarité entre les peuples.

RIVALITES RELIGIEUSES

Tout au long de l'histoire, les rivalités religieuses ont été cause d'innombrables guerres et conflits et ont constitué un des principaux obstacles au progrès. Elles font de plus en plus horreur aux gens de toutes les croyances ainsi qu'aux incroyants. Les adeptes de toutes les religions doivent être disposés à affronter les questions fondamentales soulevées par ces conflits et à formuler des réponses nettes. Comment les différends qui les opposent seront-ils résolus, tant en théorie qu'en pratique ? Le défi auquel font face les leaders religieux de l'humanité consiste à se pencher, le coeur plein de compassion et animés d'un désir de vérité, sur le triste sort de l'humanité et de se demander s'ils ne peuvent, en toute humilité devant leur Créateur tout puissant, enterrer leurs désaccords théologiques au nom d'un grand esprit d'indulgence mutuelle qui leur permettra d'oeuvrer conjointement au progrès de la compréhension humaine et de la paix.

LE RÔLE DE LA FEMME

L'émancipation de la femme, c'est-à-dire la complète égalité entre les sexes, est l'une des conditions essentielles à l'avènement de la paix. Pourtant, son importance reste méconnue. Le refus de cette égalité constitue une injustice à l'égard de la moitié de la population mondiale et encourage chez les hommes des attitudes et des habitudes préjudiciables qui se propagent de la famille au lieu de travail, à la vie politique et, en fin de compte, aux relations internationales. Ce refus ne peut se justifier selon aucun critère moral ou biologique, ni sur le plan pratique. C'est seulement lorsque les femmes auront accès, en tant qu'associées à part entière, à tous les domaines de l'activité humaine, qu'il sera possible de créer un climat moral et psychologique propice à la paix internationale.

EDUCATION POUR TOUS

La cause de l'éducation universelle, qui s'est déjà assurée le concours d'une armée de gens dévoués de toutes croyances et de toutes nations, mérite tout le soutien que les gouvernements du monde peuvent lui donner. En effet, l'ignorance est sans conteste la principale raison du déclin et de la chute des peuples, ainsi que de la persistance des préjugés. Aucun pays ne peut connaître la réussite si tous ces citoyens n'ont pas accès à l'enseignement. Le manque de ressources limite la capacité de nombreux pays à répondre à ce besoin et les oblige à dresser une liste de priorités. Les organismes responsables de ces décisions devraient songer à donner la priorité à l'éducation des femmes et des jeunes filles, car des mères instruites représentent le moyen le plus efficace et le plus rapide de propager les connaissances au sein de la société. Conformément aux exigences de notre époque, il serait également opportun de songer à intégrer le concept de citoyenneté mondiale dans le cadre de l'éducation que reçoit normalement chaque enfant.

UNE LANGUE AUXILIAIRE UNIVERSELLE

Un manque fondamental de communication entre les peuples compromet sérieusement les efforts entrepris pour réaliser la paix mondiale. L'adoption d'une langue auxiliaire internationale constituerait un grand pas dans cette direction et on devrait s'attaquer à cette tâche de toute urgence.

Deux points méritent d'être soulignés à propos de toutes ces questions. Premièrement, l'abolition de la guerre va bien au-delà de la signature de traités et de protocoles ; c'est une tâche complexe exigeant un engagement sans précédent à résoudre des questions qui ne sont habituellement pas reliées à la quête de la paix. Une sécurité collective qui ne reposerait que sur des ententes politiques serait purement illusoire. Deuxièmement, le plus grand défi auquel nous faisons face en traitant des questions de paix consiste à sortir d'une démarche purement pragmatique pour élever le débat au niveau des principes. En effet, la paix découle essentiellement d'un état d'âme reposant sur une attitude morale ou spirituelle et c'est principaIement en évoquant cette attitude que l'on pourra parvenir àdes solutions durables.

SOLUTIONS SPIRITUELLES AUX PROBLEMES SOCIAUX

Chaque problème social peut être résolu à l'aide de principes spirituels ou de ce que certains appellent des valeurs humaines. De manière générale, tout groupe bien intentionné peut trouver des solutions pratiques à ses problèmes, mais bonnes intentions et connaissances pratiques ne suffisent généralement pas. Le mérite essentiel du principe spirituel consiste non seulement à présenter une perspective concordant avec l'élément immanent de la nature humaine, mais aussi à stimuler une attitude, une dynamique, une volonté, une aspiration qui permettent la découverte et la mise en oeuvre de mesures pratiques. Les chefs d'état et toutes les personnes au pouvoir pourraient trouver plus facilement des solutions aux problèmes s'ils s'efforçaient d'abord d'identifier les principes en cause et se laissaient ensuite guider par ces principes. 

 

LES FONDATIONS D'UN NOUVEL ORDRE MONDIAL

La principale question à résoudre se pose comme suit : comment le monde actuel, enraciné dans un schème de conflits, peut-il se transformer en un monde où règnent l'harmonie et la collaboration?

UNITE DU GENRE HUMAIN

L'ordre mondial ne peut se fonder que sur la conscience inébranlable de l'unité de la race humaine, une vérité spirituelle que confirment toutes les sciences humaines. L'anthropologie, la physiologie et la psychologie ne reconnaissent qu'une espèce humaine, même si celle-ci est infiniment variée en ce qui concerne les aspects secondaires de la vie. La reconnaissance de cette vérité est subordonnée à l'abandon de tout préjugé de race, de classe, de couleur, de croyance, de nation, de sexe, de degré de civilisation matérielle, autrement dit, de tout ce qui permet aux gens de se considérer comme supérieurs aux autres.

L'acceptation de l'unité de la race humaine est la condition fondamentale de la réorganisation et de l'administration du monde considéré comme un seul pays, le foyer de l'humanité. Toute tentative d'instauration de la paix mondiale ne peut être couronnée de succès que si ce principe spirituel est universellement accepté. Il devrait donc être proclamé universellement, enseigné dans les écoles et affirmé constamment dans chaque pays pour préparer le terrain au changement organique de structure de la société qu'il implique.

Dans la conception baha'ie, la reconnaissance de l'unité de la race humaine "n'exige rien de moins que la reconstruction et la démilitarisation de tout le monde civilisé ; elle fait appel à un monde unifié organiquement sous tous les aspects essentiels de sa vie, de ses mécanismes politiques, de ses aspirations spirituelles, de son commerce et de sa finance, de son écriture et de son langage, tout en étant infiniment diversifié dans les particularités nationales de ses unités fédérées".

UNE COMMUNAUTE MONDIALE

Se penchant sur les implications de cette notion cardinale, Shoghi Effendi, le Gardien de la foi baha'ie s'exprima en ces termes en 1931 : "Loin de viser à détruire les fondations existantes de la société, elle cherche à en élargir la base, à transformer ses institutions pour les rendre compatibles avec les besoins d'un monde en constante évolution. Elle ne peut entrer en conflit avec aucune allégeance légitime de même qu'elle ne peut ébranler les loyautés essentielles. Son objet n'est point d'étouffer dans le coeur humain l'ardeur d'un patriotisme sain et intelligent, ni d'abolir le régime de l'autonomie nationale, indispensable Si l'on veut éviter les maux d'une centralisation excessive. Elle n'ignore ni ne tente de supprimer la diversité d'origines ethniques, de climats, d'histoires, de langues et de traditions, de pensée et de coutumes qui distinguent les nations et les peuples du monde. Elle fait appel à une loyauté plus vaste et une aspiration plus élevée que celles qui aient jamais animé la race humaine. Elle insiste sur la nécessité de subordonner les impulsions et les intérêts nationaux aux besoins impérieux d'un monde unifié. Elle répudie toute centralisation excessive, d'une part, et repousse toute tentative d'uniformité, de l'autre. Son mot d'ordre est l'unité dans la diversité".

Ces objectifs ne peuvent être atteints qu'après plusieurs étapes de transformation des attitudes politiques nationales, qui frisent actuellement l'anarchie du fait de l'absence de lois clairement définies, ou de principes acceptés et applicables à l'échelle mondiale, régissant les rapports entre les nations. La Société des Nations, les Nations Unies et les nombreuses organisations et ententes auxquelles elles ont donné lieu ont sans aucun doute contribué à atténuer certains effets négatifs des conflits internationaux, mais elles se sont avérées incapables d'empêcher les guerres. De fait, il y a eu depuis la fin de la seconde guerre mondiale un grand nombre de conflits armés, dont beaucoup font encore rage.

Les aspects prédominants de ce problème avaient déjà fait leur apparition au dix-neuvième siècle, lorsque Bahà'u'llàh formula pour la première fois ses propositions visant l'instauration de la paix mondiale. Il proposa le principe de la sécurité collective dans des déclarations destinées aux gouvernants du monde. Shoghi Effendi en commenta la signification : "Quel autre sens pourraient avoir ces paroles solennelles Si ce n'est l'inévitable limitation de la souveraineté nationale absolue comme condition sine qua non de la formation de la future fédération de toutes les nations du monde ? Une formule de super-État mondial devra nécessairement être élaborée. Super-État en faveur duquel toutes les nations du globe devront abandonner de plein gré toute prétention à faire la guerre, certains droits de lever des impôts et tous droits de maintenir des armements autres que ceux requis pour la sauvegarde de l'ordre à l'intérieur de leurs souverainetés respectives. Un tel État devra comprendre un pouvoir exécutif international capable d'imposer son autorité suprême et incontestable à tout membre récalcitrant de la fédération, un parlement mondial dont les membres seront élus par la population des pays respectifs avec ratification de cette élection par leur gouver-nement; un tribunal suprême dont les décisions auront un effet obligatoire, même dans les cas oû les parties impliquées n'auraient pas volontairement consenti à sa juridiction."

"Une communauté mondiale dans laquelle toutes les barrières économiques auront été supprimées à tout jamais et l'interdépendance du capital et du travail reconnue formellement ; dans laquelle la clameur des rivalités et du fanatisme religieux se sera apaisée pour toujours ; dans laquelle la flamme de l'animosé raciale aura été radicalement éteinte ; dans laquelle un seul code de droit international - issu du jugement réfléchi des représentants fédérés du monde - sera sanctionné par l'intervention immédiate et coercitive des forces conjuguées des unités fédérées ; et, finalement, une communauté universelle dans laquelle la violence d'un nationalisme capricieux et militant aura été convertie en une conscience permanente de la citoyenneté mondiale. C'est ainsi, en vérité, que se présente, dans ses grandes lignes, l'Ordre mondial prévu par Bahà'u'llàh, un Ordre qui sera un jour considéré comme le plus beau fruit d'un âge mûrissant lentement".

UNE ASSEMBLÉE UNIVERSELLE

Bahà'u'llàh préconisa la mise en oeuvre de ces mesures de grande portée : "Le temps doit venir où sera universellement ressentie l'impérieuse nécessité d'une vaste assemblée représentant le monde entier. Les rois et dirigeants de la terre devront y assister, prendre part à ses délibérations et étudier les moyens et instruments qui permettront d'instaurer la grande paix entre les hommes".

Le courage, la détermination, la motivation désintéressée, l'amour altruiste d'un peuple pour un autre - toutes les valeurs spirituelles et morales nécessaires pour faire ce pas capital en direction de la paix reposent sur la volonté d'agir. Et c'est dans le but de stimuler la volonté nécessaire qu'il importe de songer sérieusement à la réalité de l'homme, c'est-à-dire à sa pensée. Comprendre la pertinence de cette réalité puissante, c'est aussi se rendre compte de la nécessité sociale de réaliser sa valeur unique au moyen de consultations franches, impartiales et cordiales et de mettre en application les résultats de ce processus. Bahâ'u'llàh insistait sur les vertus et la nécessité de la consultation pour mettre de l'ordre dans les affaires humaines: "La consultation rehausse la conscience et transforme la conjecture en certitude. C'est une lumière éclatante qui, dans un monde sombre, guide et indique le chemin. Il y a et il y aura toujours pour chaque chose un degré de perfection et de maturité. La maturité du don de la compréhension se manifeste par la consultation". A elle seule, la tentative de réaliser la paix au moyen de l'action consultative qu'il proposa peut faire naître, entre les peuples de la terre, un esprit si salutaire qu'aucune puissance ne pourra résister au dénouement triomphal.

'Abdu'l-Bahà, fils de Bahà'u'llàh et interprète autorisé de son enseignement, nous fit part de la manière dont il concevait les procédures requises pour cette assemblée mondiale : "Ils doivent tenir une consultation générale sur la cause de la paix et tenter par tous les moyens en leur possession de mettre sur pied une union des nations du monde. Ils doivent conclure un traité ayant force de loi et rédiger un pacte dont les dispositions seront équitables, inviolables et précises. Ils doivent le proclamer à la face du monde et le faire ratifier par la race humaine tout entière. Cette entreprise suprême et noble - la véritable source de paix et de bien-être pour le monde entier - devra être tenue pour sacrée par tous les habitants de la terre. Toutes les forces de l'humanité doivent être mobilisées pour assurer la stabilité et la permanence de ce pacte suprême. Dans ce pacte universel, les limites et les frontières de chaque pays devront être délimitées clairement, les principes régissant les relations réciproques entre gouvernements, établis avec précision et tous les accords et engagements internationaux bien définis. De même, l'importance des armements de chaque État devra être strictement limitée car, si l'on permettait à une nation d'augmenter son potentiel de guerre et d'accroître ses forces militaires, cela rendrait les autres nations méfiantes. Le principe fondamental servant de base à ce pacte solennel devra être établi de manière à ce que, si quelque État que ce soit violait l'une de ses dispositions, tous les autres devraient agir pour le réduire à la soumission la plus totale, mieux encore, la race humaine dans son ensemble devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour abattre ce gouvernement. Si ce remède suprême était appliqué au corps malade du monde, il guérirait sûrement de ses maux et ne connaîtrait plus aucun danger".

Cette importante assemblée aurait dû être convoquée de-puis longtemps.

C'est avec toute la ferveur dont nous sommes capables que nous demandons aux dirigeants du monde entier de saisir ce moment opportun et de prendre des mesures irréversibles pour convoquer cette assemblée mondiale. Toutes les forces de l'histoire poussent la race humaine vers cet acte qui marquera à jamais l'aube de sa maturité tant attendue.

Les Nations Unies avec l'appui total de leurs membres, sauront~lles se mettre à la hauteur d'un événe- ment si grandiose?

Que tous, hommes et femmes, jeunes et enfants de tous les coins du monde reconnaissent le mérite éternel de cet acte impérieux et proclament leur assentiment ! Qu'il revienne à la présente génération d'inaugurer cette phase glorieuse de l'évolution de la vie sociale de notre planète ! 

 

VISION D'UN MONDE UNI

L'UNIFICATION DU MONDE

L'optimisme que nous ressentons procède d'une vision qui se situe au-delà de la fin des guerres et de la création d'organismes de coopération internationale. La paix permanente entre les nations est une étape essentielle mais, comme l'affirmait Bahà'u'llàh, ne constitue pas le but fondamental du développement social de l'humanité. Au-delà de l'armistice initial qu'aura imposé au monde la crainte de l'holocauste nucléaire, au-delà de la paix politique conclue à regret par des nations rivales se méfiant les unes des autres, au-delà des accords pragmatiques de sécurité et de coexistence et des nombreuses expériences de collaboration que ces mesures rendront possibles se trouve le but ultime : l'unification de tous les peuples du monde en une famille universelle.

La discorde est un danger que les nations et les peuples de la terre ne peuvent plus endurer, les conséquences en sont si terribles qu'on ne veut point les envisager et si évidentes qu'elles ne nécessitent aucune démonstration. Bahà'u'llàh a affirmé à ce sujet il y a plus d'un siècle : "Le bien-être de l'humanité, sa paix èt sa sécurité ne pourront être obtenus si son unité n'est pas fermement établie". Observant que "l'humanité tout entière se lamente, se meurt du désir d'être unifiée et de mettre un terme à son long martyre", Shoghi Effendi poursuivit en ces termes : "L'unification du genre humain est la caracté- ristique du stade dont s'approche l'humanité. L'unité de la famille, de la tribu, de la cité-état et de la nation ont été successivement tentées et réalisées dans toute leur ampleur. L'unité du monde est maintenant le but vers lequel tend une humanité accablée. Le processus d'édification de la nation est complété. L'anarchie inhérente à la souverainté d'un Etat approche de son point culminant. Un monde qui se dirige vers la maturité doit renoncer à ce fétiche, il doit re-connaître l'unité et l'intégrité des relations humaines et mettre en place une fois pour toutes le mécanisme le plus apte àincarner ce principe fondamental de son existence".

Tous les courants de changement contemporains soutiennent cette conception. A preuve les nombreux exemples déjà cités de signes s'orientant en direction de la paix mondiale et que l'on retrouve dans les mouvements et développements internationaux actuels. L'armée d'hommes et de femmes originaires de pratiquement chaque culture, race et nation de la terre et oeuvrant au sein des divers organismes des Nations Unies représente une "fonction publique" à l'échelle de la planète. Ses réalisations impression- nantes témoignent du degré de collaboration qu'il est possible d'atteindre même dans des circonstances décourageantes. Un besoin impérieux de réaliser l'unité, que l'on pourrait assimiler à un printemps spirituel, lutte désespérément pour s'exprimer à travers d'innombrables congrès internationaux réunissant des spécialistes des disciplines les plus variées. Il motive les appels lancés pour des projets internationaux impliquant des enfants et des jeunes. Il constitue effectivement la source même du mouvement remarquable vers l'oecuménisme qui semble attirer irrésistiblement l'un vers l'autre les membres de religions et sectes historiquement opposées. Tout comme la tendance à la guerre et au développement égoïste qui lui est opposé et contre laquelle elle lutte sans relâche, l'impulsion vers l'unité mondiale constitue l'un des traits dominants et envahissants de la vie de notre planète au cours des dernières années du vingtième siècle.

LE MODELE BAHA'I

L'expérience de la communauté baha'ie peut être un des exemples de cette unité grandissante. Cette communauté regroupe de trois à quatre millions de personnes originaires de nombreuses nations, cultures, classes et croyances et engagées dans une vaste gamme d'activités couvrant les besoins spirituels, sociaux et économiques des peuples de nombreux pays. Il s'agit d'un organisme social unique qui reflète la diversité de la famille humaine, mène ses activités sur la base de principes consultatifs admis par tous et vénère, sans marque de préférence, toutes les grandes manifestations de l'influence divine de l'histoire humaine. Son existence même prouve que la foi de son fondateur en un monde unifié n'était pas chimérique et confirme que l'humanité peut vivre comme une société mondiale et qu'elle peut relever les défis inhérents à son passage àla maturité. Si l'expérience bah'ie peut contribuer de quelque manière que à ce soit à renforcer l'espoir en l'unité de la race humaine, nous sommes heureux de la soumettre à votre étude.

Conscients de l'importance suprême de la tâche que doit maintenant entreprendre le monde entier, nous nous inclinons humblement devant la majesté imposante du divin Créateur qui, dans son amour infini, a créé l'humanité entière de la même souche, a exalté la réalité précieuse de l'homme, lui a accordé les dons inestimables de l'intelligence et de la sagesse, de la noblesse et de l'immortalité, et lui a conféré "en privilège unique, par l'opération de sa volonté libre et souveraine, la capacité de le connaître et de l'aimer, le dotant ainsi d'une faculté dont l'exercice doit être considéré comme la raison d'être et le but fondamental de toute la création".

Nous sommes fermement convaincus que tous les êtres humains ont été créés "pour promouvoir le progrès de la civilisation", qu' "agir comme le font les bêtes des champs est indigne de l'homme", et que les vertus propres à la dignité humaine sont la loyauté, l'indulgence, la pitié, la compassion et la bonté à l'égard de tous les peuples. Nous réaffirmons notre conviction que "les potentialités inhérentes à la condition de l'homme, la pleine mesure de son destin sur la terre et l'excellence innée de sa réalité, tout cela doit se manifester en ce jour promis de Dieu". Voilà ce qùi motive notre croyance inébranlable que l'unité et la paix sont des objectifs réalistes vers lesquels tend l'humanité.

Au moment où nous écrivons ces lignes, les voix pleines d'espoir des Baha'is retentissent en dépit des persécutions dont ils sont toujours victimes dans le pays où est née leur foi. En donnant l'exemple d'un espoir inébranlable, ils témoignent de la conviction que la réalisation imminente de ce vieux rêve de paix est maintenant, en vertu des effets métamorphosants de la révélation de Bahà'u'llàh, investi de la force du pouvoir divin. Notre message représente donc plus qu'une vision exprimée par des mots : nous faisons appel à la puissance évocatrice des actes de foi et de sacrifice ; nous vous communiquons l'appel angoissé à la paix et à l'unité de nos coreligionnaires du monde entier. Nous nous associons à tous ceux qui sont victimes d'agressions, à tous ceux qui aspirent à un monde sans conflit ni lutte, à tous ceux qui, par leur dévouement aux principes de la paix et de l'ordre mondial, se font les promoteurs des causes ennoblis- santes pour lesquelles l'humanité fut créée par Dieu dans son amour infini.

Dans notre désir ardent de vous communiquer la ferveur de notre espoir et la profondeur de notre confiance, citons la promesse formelle de Bahà'u'llah : "Ces luttes stériles, ces guerres ruineuses passeront et la Paix suprême viendra". 

LA MAISON UNIVERSELLE DE JUSTICE

Conférence mondiale chargée d'examiner et d'évaluer les résultats de la Décennie des Nations Unies pour l'égalité de la femme

Conférence mondiale chargée d'examiner et d'évaluer les résultats de la Décennie des Nations Unies pour l'égalité de la femme

Rapport présenté par la Communauté internationale baha'ie sur les activités de la communauté mondiale baha'ie, destinées à améliorer la condition de la femme pendant la Décennie des Nations Unies pour la femme, et sur les futurs programmes pour la promotion de la femme. Point 8 de l'ordre du jour provisoire: stratégies prospectives d'action pour la promotion de la femme concernant la période allant jusqu'à l'an 2000, et mesures concrètes en vue de surmonter les obstacles à la réalisation des buts et objectifs de la Décennie des Nations Unies pour la femme: égalité, développement et paix. En ce qui concerne les sous-thèmes: emploi, santé et éducation, en tenant compte de la Stratégie internationale pour la troisième Décennie des Nations Unies pour le développement et de l'instauration d'un nouvel ordre économique international.

Nairobi, Kenya—15 July 1985

INTRODUCTION

En octobre 1983, la Communauté internationale baha'ie a envoyé aux assemblées nationales baha'ies du monde entier un questionnaire portant sur les activités que leurs communautés au cours de la Décennie des Nations Unies pour la femme en vue de parvenir à l'égalité des droits, des privilèges et des responsabilités pour les deux sexes, mais aussi pour signaler les obstacles que ces communautés avaient dû surmonter - et devaient encore surmonter - pour atteindre ce but. L'on a également demandé aux assemblées de fournir des renseignements sur les programmes et les activités en faveur des femmes prévus au-delà de la Décennie.

Le présent rapport est fondé sur des informations provenant de 77 assemblées sur les 143 interrogées et présente des données fournies par des pays d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Australasie et d'Europe. Il montre donc bien l'intérêt des communautés baha'ies du monde entier pour la promotion de la femme, et s'inscrit dans le cadre des mesures prises par les ces même communautés pour coopérer avec l'Organisation des Nations Unies dans ses efforts de longue haleine visant à améliorer la condition de la femme.

Les réponses reçues aux questionnaires de 1973 et de 1983 confirment la nécessité soulignée par l'Organisation des Nations Unies, de modifier les comportements et de mettre l'accent sur l'importance de l'éducation, pour réaliser l'égalité des hommes et des femmes. Elles indiquent également que les communautés baha'ies organisent de nombreuses activités innovatrices afin de promouvoir la femme, tout en maintenant l'unité de la famille et de la communauté, conditions essentielles, selon les baha'is, pour réaliser rapidement l'égalité des sexes.

Les communautés baha'ies, tout en évaluant de façon réaliste les obstacles à surmonter, s'efforcent de modifier les comportements et de réaliser par des méthodes systématiques et pratiques le but de l'égalité des sexes. Elles se consacrent à l'éducation des femmes, de préférence à celle des hommes, car les femmes, en tant que mères ont une influence très importante sur la vie des générations futures. De plus, elles sont conscientes de l'importance du potentiel des femmes pour l'instauration de la paix et de l'ordre mondial puisque les femmes participent de plus en plus à tous les secteurs de la vie communautaire.

Il faudrait souligner que toutes les personnes et toutes les institutions baha'ies ont la conviction que les enseignements de leur foi sont investis de l'autorité divine et que les principes de ces enseignements constituent les conseils vers lesquels ils se tournent continuellement pour une nouvelle vision et une meilleure compréhension. Il est inévitable, à ce stade de l'histoire de la communauté mondiale baha'ie, qu'il y ait de grandes différences dans la compréhension, ainsi que dans l'application de ces principes, et que l'entière appréciation de leur signification, et leur manifestation dans l'action, dépendent de nombreux facteurs dans la vie de l'individu et de la société. Les communautés baha'ies, bien que très différentes les unes des autres, puisqu'elles recouvrent une grande diversité d'origines culturelles, sont à la fois très semblables. Elles expriment une unité unique dans la diversité, unité en ceci qu'elles acceptent toutes Bahá'u'lláh, le Fondateur de leur foi, comme le divin Prophète de cette période de l'histoire humaine, et qu'elles respectent la vision mondiale, les principes et les lois qu'il a donnés. Diversité, en ceci qu'elles représentent un mélange inhabituel de nationalités, de races, de croyances, de classes et de tempéraments, qui sont tous bienvenus et appréciés dans la foi baha'ie et dans sa communauté mondiale.

PENDANT LA DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR LA FEMME (1976-1985)

Les activités réalisées par les communautés baha'ies sont très diverses, tant à cause des difficultés particulières que connaît chaque société - les diverses origines ethniques et culturelles représentées - qu'à cause du fait que les communautés nationales baha'ies se trouvent à des niveaux d'évolution différents et qu'elles sont plus ou moins nombreuses.

L'influence positive la plus souvent mentionnée pour l'intégration des femmes dans la vie communautaire , selon les réponses au questionnaire, est l'ordre administratif baha'i. En conséquence, puisque la façon dont ces communautés fonctionnent fait partie du processus d'enseignement, auquel les baha'is participent bénévolement dès qu'ils deviennent membres électeurs, il convient de dire quelques mots sur la nature de l'ordre administratif qui renforce le développement de la communauté baha'ie.

La structure administrative que les baha'is trouvent si efficace - et qui fonctionne maintenant dans plus de 140 pays et dans des milieux culturels divers représentant 2000 origines ethniques - encourage la participation universelle aux consultations et à la prise de décision, dans toutes les communautés sans exception. Un élément important de ce système est le processus électoral par bulletin secret, sans présentation de candidatures ni campagne électorale. Les membres de la communauté locale élisent librement les hommes et les femmes qu'ils considèrent comme étant les plus qualifiés pour prendre des décisions concernant toute une gamme de problèmes humains. Les membres sont priés "d'examiner sans la moindre trace de passion ni de préjugés, et en-dehors de toute considération matérielle, uniquement les noms de ceux qui possèdent le mieux les qualités nécessaires de loyauté incontestée, de dévotion désintéressée, et qui ont également un esprit cultivé, des compétences reconnues et une grande expérience". Le conseil administratif élu consulte régulièrement tous les membres de l'ensemble de la communauté, tirant parti de la diversité des points de vue qui existe nécessairement dans chaque situation. Lorsque les décisions du conseil sont prises à l'unanimité ou à la majorité des voix, tous les membres de la communauté sont tenus de les respecter, assurant ainsi l'appui unifié de toute la communauté. Ce processus de prise de décision conjointe élimine les fléaux de l'esprit de parti, qui cherchent à attaquer un plan d'action, et empêche l'influence de groupes de pression qui veulent promouvoir des intérêts particuliers.

L'importance du rôle qu'a joué le système administratif dans la promotion des femmes au cours de la Décennie ressort de plusieurs observations provenant de régions géographiques très diverses.

Dans un pays d'Afrique orientale [Kenya](1), par exemple, où la communauté baha'ie a connu un essor important au cours des dix dernières années, principalement au niveau local, on a signalé que la mise en place de l'ordre administratif de la foi baha'ie avait été "un facteur essentiel de la contribution et de la participation des femmes", et que "davantage de femmes jouaient un rôle dans les institutions baha'ies, qu'elles soient nommées ou élues". Dans un autre pays d'Afrique occidentale [Nigéria](2), on a signalé que "l'égalité des femmes avait été renforcée par une expérience administrative plus étendue", et que les femmes "faisaient partie de la plupart des comités nationaux et régionaux créés par l'Assemblée spirituelle nationale", et qu'elles "participaient également à de nombreuses assemblées locales". La communauté baha'ie a en outre observé, dans un pays d'Afrique centrale [République Centrafricaine](3), que les principales activités organisées par les institutions baha'ies en vue d'améliorer la situation des femmes avaient "souvent été couronnées de succès grâce aux efforts persistants des assemblées locales baha'ies", et que de nombreuses femmes jouaient un rôle actif dans les communautés baha'ies "sans être victimes de discrimination".

Les réponses au questionnaire indiquaient également qu'il n'était pas inhabituel que des femmes fassent partie des assemblées baha'ies nationales ainsi que des assemblées locales, "souvent en tant que membres du bureau" [Jamaïque](4), et que, dès qu'elles entraient en fonction, "elles apprenaient à assumer des responsabilités" (5) et à participer "sans restriction, concernant les consultations et la prise de décision" (6) aux activités administratives locales et nationales de la communauté baha'ie: "Les femmes votent et sont élues" [Paraguay](7).

L'une des meilleures explications des changements que connaissent les femmes en s'engageant à respecter les enseignements, les principes de la foi baha'ie et en participant aux activités de la communauté baha'ie, se dégage de la réponse suivante:

Le fait même de devenir baha'ies constitue la première décision personnelle importante pour la plupart des femmes dans les régions rurales. Ensuite, au fur et à mesure qu'elles approfondissent les enseignements baha'is et prennent conscience du rôle qu'elles sont censées jouer dans les activités administratives baha'ies, elles passent, de membres passifs d'un ordre social existant, à la qualité de membres dynamiques d'un nouvel ordre. Grâce à leurs fonctions dans les organes administratifs baha'is et au fait qu'elles votent et qu'elles peuvent être élues, les femmes ont considérablement avancé au sein d'une société largement dominée par les hommes. Un nombre croissant d'Assemblées locales baha'ies comptent des femmes parmi leurs membres et il a également été signalé que des Assemblées locales étaient composées uniquement de femmes (8). [Inde]

Deux autres commentaires permettent de mieux comprendre le processus:

La possibilité donnée aux femmes de participer aux institutions administratives baha'ies est un facteur qui contribue à améliorer leur condition (9). [Panama]

Bien que, traditionnellement, les femmes ne jouent pas de rôle important dans la prise de décision, les femmes baha'ies sont élues à des postes administratifs baha'is locaux et nationaux. Pendant qu'elles occupent ces fonctions, elles éduquent d'autres femmes (10). [Samoa]

Les réponses au questionnaire indiquent également que, grâce à ce système administratif, le pourcentage de femmes qui participent en tant que déléguées aux conventions nationales baha'ies, qui se réunissent chaque année pour élire les assemblées nationales baha'ies, a augmenté. Un pays, en fait, a interprété cette "augmentation importante" comme un "signe de changement" (11). [Pays-Bas]

On a également signalé l'augmentation du nombre de femmes qui participaient régulièrement, par élection, aux assemblées nationales et locales, et, par nomination, aux comités nationaux et locaux. Un pays a estimé que le fait que "les femmes faisaient partie des assemblées locales et des comités nationaux" constituait une importante contribution à la Décennie des Nations Unies pour la femme (12) [Royaume-Uni]. Une réponse [Hawaï](13) indiquait que "plus de la moitié des membres actuels des organes administratifs locaux baha'is étaient des femmes" et que "plus de trente pour cent des membres de l'Assemblée nationale étaient des femmes". Dans un autre pays [le Salvador](14), "un tiers de l'Assemblée nationale baha'ie était constitué de femmes" et, fait peut-être encore plus important, "le pourcentage de femmes dans les assemblées locales était d'environ un quart, et la plupart de ces communautés baha'ies étaient situées dans des zones rurales". En outre, "les femmes représentaient un quart des comités nationaux baha'is".

L'expérience de l'ensemble des communautés baha'ies semblerait indiquer, comme on l'a exprimé dans un cas précis, que les femmes "bénéficient de l'égalité des droits et qu'elles participent pleinement aux activités baha'ies" [Australie](15).

De plus, l'analphabétisme n'a pas été considéré comme un obstacle à l'élection de femmes dans les institutions baha'ies, comme l'a montré l'élection de l'Assemblée nationale, dans un pays africain [Benin](16), d'une villageoise analphabète (1976), d'une femme du marché analphabète (1977), et d'une femme au foyer analphabète (1976). En 1983, la première de ces trois femmes a été réélue à l'Assemblée.

Un commentaire résume bien l'impact du système administratif baha'i sur la réalisation du potentiel des femmes:

elles exercent véritablement et pleinement leurs privilèges et leurs responsabilités dans les activités de la communauté. Le succès de leurs efforts vient d'un sens de la dignité, de l'assurance spirituelle, de l'éducation et de l'acceptation du rôle des leurs role à tous les niveaux de la société. Du fait que de nombreuses femmes participent à tous les aspects de l'administration et de la vie communautaire baha'ies, cela semble être le domaine où le principe de l'égalité est le plus fructueux [Nouvelle-Zélande](17).

Les réponses récentes au questionnaire indiquent également que des conférences, des débats, des séminaires, des programmes scolaires et des stages d'étude ont joué un rôle essentiel dans l'éducation des hommes et des femmes dans les familles et les communautés baha'ies. La création d'écoles de travaux dirigés, de projets d'alphabétisation, de programmes intensifs, et la publication d'informations pertinentes dans les langues indigènes, ainsi que les avantages des mélanges culturels, ont tous contribué au bien-être des communautés baha'ies. Il apparaît également que les baha'is ne cherchent pas seulement des informations sur les progrès médicaux, mais qu'ils promeuvent activement les principes de bonne nutrition, d'hygiène et autres pratiques bonnes pour la santé. La croyance dans l'importance, tant de la science que de la religion, en tant qu'aspects d'une seule réalité, a conduit les baha'is à cet engagement.

L'importance accordée par les baha'is à l'acquisition de qualités morales et spirituelles qui contribuent à renforcer la personnalité humaine a une influence directe sur l'épanouissement des hommes et des femmes qui sont en contact avec des influences baha'ies. Les lois baha'ies du mariage, les concepts de l'unité familiale et la responsabilité de tous les membres de la famille, un esprit de coopération amicale entre les hommes et les femmes, et l'encouragement, l'assistance et l'aide au sein des communautés baha'ies sont des éléments importants dans les progrès que font les baha'is. On observera que toutes ces communautés s'efforcent d'instaurer l'égalité des hommes et des femmes, de renforcer l'unité familiale, et d'assurer l'unité, l'ordre et la stabilité de la communauté.

AU-DELA DE LA DECENNIE

En ce qui concerne les programmes et les activités futurs visant à réaliser les objectifs à long terme que les baha'is se sont engagés à respecter, de nombreuses assemblées nationales baha'ies non seulement exposent leurs buts, mais proposent des moyens précis de les atteindre. Ils sont clairement axés sur l'épanouissement et la promotion des femmes. L'avenir des futures générations est encore plus prometteur, à mesure que les baha'is comprennent mieux les principes et les enseignements de leur foi, et élèvent leurs enfants selon ces derniers.

L'étendue des programmes et des activités futurs ressort des extraits suivants:

AFRIQUE

Bénin

On prévoit un projet de cours d'alphabétisation dans les villages, grâce aux échanges de jeunes baha'is, qui serait également destiné aux femmes. Il y aurait en outre une collaboration avec des organisations féminines pour réaliser certains projets destinés aux femmes et aux filles pendant et après l'Année internationale de la jeunesse. Une conférence nationale de femmes est prévue, à laquelle seront invitées des femmes baha'ies francophones. On espère que certaines de ces femmes viendront avant ou resteront après la conférence pour rendre visite à des femmes des communautés locales baha'ies, en vue d'enseigner et d'encourager les activités locales pertinentes. Grâce à une collaboration avec l'Organisation des Nations Unies et les institutions de santé et d'aide sociale, les femmes baha'ies seront exposées à de nouvelles idées qui leur permettront d'améliorer leur situation.

Burkina Faso

Les femmes baha'ies seront encouragées à participer activement à tous les projets de développement social et économique. La planification de conférences, nationales ou régionales pour les femmes, de réunions et de contacts avec différentes organisations de femmes dans le pays sont également jugés importants. Un autre objectif est de sensibiliser les hommes au rôle que jouent les femmes dans la société, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la paix, de l'emploi et du développement social et économique d'une nation.

République Centrafricaine

Les centres destinés aux femmes continueront d'être financés par les baha'is. Ces centres dispensent un enseignement dans les domaines spirituel, sanitaire et nutritionnel et offrent des cours d'alphabétisation destinés aux femmes.

Gambie

L'élément spirituel dans le développement humain et social semble être notre principale ressource en Gambie. Des particuliers, tout comme des institutions administratives baha'ies de Gambie, coopèrent à des efforts de développement locaux, nationaux et internationaux, offrant une compétence professionnelle et les principes baha'is. Il semblerait que le renforcement rapide des communautés baha'ies locales soit nécessaire pour l'élargissement de programmes futurs.

Ghana

On s'efforcera de faire augmenter la participation de femmes aux activités baha'ies locales, de les nommer aux comités, et de les éduquer en organisant des conférences de femmes. Des écoles professionnelles seront créées en vue de donner une formation aux femmes dans des domaines pertinents et de mieux faire comprendre les principes de l'égalité des sexes.

Kenya

La façon la plus efficace d'aider les femmes est d'assurer le développement continu de l'ordre administratif baha'i, en particulier la création et le renforcement des assemblées locales baha'ies. L'évolution des assemblées locales assure la participation accrue des femmes grâce aux principes fondamentaux de l'égalité des sexes et de la participation universelle. Les activités consistent notamment à encourager les femmes à participer activement à tous les aspects de la vie communautaire, à accroître le nombre de groupes de femmes, aussi bien les groupes de nature non-officielle que les coopératives plus formelles d'auto-assistance. Pour favoriser ce développement, des matériaux adéquats seront mis au point par le Comité national des femmes et des enfants, y compris ceux qui sont fournis par les ministères publics. Le Comité national des femmes et des enfants met au point actuellement une série de brochures destinées aux femmes des zones rurales qui sont semi-analphabètes. Les sujets traités comprennent notamment: la création d'un foyer spirituel, l'enseignement de principes moraux, l'utilisation efficace de la discipline, l'éducation à la maison et à l'école et la façon d'élever des enfants en bonne santé. Les matériaux fournis par les ministères publics concernent les domaines suivants: la sylviculture, l'alphabétisation, la technologie appropriée et les programmes relatifs à l'eau. Les conférences aux niveaux local, régional et national ont été des instruments extrêmement efficaces pour la promotion des femmes.

Un facteur indispensable pour instaurer l'égalité des femmes est la compréhension, de la part des hommes, du rôle que jouent ces dernières; on mettra davantage l'accent sur le rôle des hommes dans la réalisation du principe d'égalité.

La création d'écoles maternelles dirigées par des assemblées locales contribuera également à la promotion des femmes. Ces écoles emploieront essentiellement des enseignantes et se chargeront de leur formation. Elles dispenseront le même enseignement aux garçons et aux filles et enseigneront le principe de l'égalité des hommes et des femmes.

Nigeria

De nouveaux projets de développement social et économique réalisés par la communauté baha'ie incluront des femmes. Il continuera d'y avoir un comité de femmes qui organisera des activités particulières pour les femmes. On prévoit un accroissement des activités communautaires. Les femmes recevront des bourses qui leur permettront d'assister à des conférences, et leurs maris seront encouragés à tenir la maison en leur absence.

Rwanda

Des projets futurs comprendront notamment des cours d'alphabétisation, d'instruction de femmes dans l'éducation des enfants par des brochures et l'aide aux femmes dans leurs responsabilités ménagères, et dans les domaines de l'hygiène et de la santé.

Tanzanie

L'expérience a montré qu'une meilleure compréhension de la foi baha'ie par les femmes élargissait leurs perspectives et leur donnait de la confiance en soi. Cela peut être réalisé en organisant des conférences de femmes aux niveaux local, régional et peut-être national, pour les familiariser davantage avec les enseignements baha'is et offrir une tribune pour l'examen de leurs idées et de leurs préoccupations. Comme activités complémentaires, la publication et la distribution d'une revue de femmes, traitant des mêmes sujets que ceux abordés durant les conférences, et mettant l'accent sur l'éducation nutritionnelle, seraient utiles.

Zimbabwe

Dans le domaine du développement, il est prévu d'organiser des programmes d'alphabétisation destinés aux femmes baha'ies dans des écoles de travaux dirigés et d'organiser des coopératives tenues par des femmes dans quelques villages, pour la production agricole. Des réunions et des conférences de femmes seront organisées pour les éduquer. Comme l'unité de la famille est un objectif pour les baha'is, les femmes peuvent être encouragées à organiser des réunions entre elles, en vue de partager et d'approfondir leur expérience de la vie familiale. Le comité peut organiser des conférences dans le but d'établir une meilleure compréhension de l'unité et de l'égalité des hommes et des femmes.

AMERIQUE

Brésil

Une réunion spéciale pour les femmes baha'ies aura lieu, en vue d'examiner et d'adopter des projets visant à les intégrer davantage dans les projets sociaux, économiques et dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la famille. Des séminaires régionaux ayant le même objectif examineront les problèmes particuliers de chaque région du pays. D'autres objectifs consistent à publier une brochure spéciale contenant des extraits des écrits baha'is concernant l'importance des femmes et leur rôle. Mais aussi a encourager la participation des femmes baha'ies aux communautés locales, aux activités sociales de nature humanitaire, en fournissant une aide, sur l'initiative des assemblées locales baha'ies, et à encourager leur participation avec d'autres institutions déjà actives dans le domaine social, ou dans celui de la promotion des femmes.

Canada

La promotion des femmes peut être encouragée par: 1) l'organisation continue d'activités qui développeront les capacités de gestion et d'initiative chez les femmes; 2) l'éducation des communautés locales concernant la situation des femmes; 3) une meilleure compréhension des écrits baha'is concernant les femmes; 4) l'éducation des jeunes femmes dans les domaines de la vie familiale, de l'éducation, de l'épanouissement et de l'utilisation de leurs capacités.

Les objectifs futurs proposés sont les suivants: 1) encourager l'association avec des organisations indigènes et canadiennes francophones de femmes; 2) organiser une conférence de femmes dans le cadre du programme de l'Association des études baha'ies; 3) réaliser des activités de collaboration impliquant l'Association des études baha'ies avec les principales organisations de femmes du Canada; 4) assurer la participation, en tant que membre, d'au moin une femme baha'ie à toutes les principales organisations de femmes; 5) réaliser des activités dans le domaine des relations publiques en vue d'informer les hommes et les femmes du Canada des questions relatives à l'égalité des sexes; 6) communiquer avec toutes les femmes baha'ies à propos de ces objectifs et annoncer régulièrement le résultat de nos réunions avec ces dernières.

Chili

La façon la plus efficace de contribuer à la promotion de la femmes sera: 1) d'encourager une meilleure compréhension des baha'is sur leurs enseignements concernant la situation des femmes; 2) d'encourager une réorientation de l'éducation des enfants; 3) de prendre des dispositions en vue de la publication d'un bulletin baha'i pour les femmes; 4) d'établir des liens plus étroits avec les médias et les publications de femmes; 5) d'établir des liens plus étroits avec les organisations de femmes; 6) d'encourager la participation des baha'is à des activités organisées en vue de promouvoir la condition de la femme (séminaires, conférences, entrevues, programmes, etc.); 7) d'organiser des conférences régionales et nationales sur les femmes avec la participation d'autres organisations qui cherchent à promouvoir l'égalité entre l'homme et la femme; 8) d'entreprendre la réalisation d'un programme d'études sur les femmes englobant : a) les problèmes des femmes dans les activités techniques et professionnelles; b) les problèmes des femmes à diverses époques de leur vie - adolescence, jeunesse, âge adulte et troisième âge; c) les problèmes concernant le mariage, le divorce, le veuvage, les seconds mariages, les parents célibataires, etc.; d) l'examen des responsabilités des femmes à l'égard des enfants; et e) l'examen de la situation sociale générale affectant les femmes. Il est important de réduire le "machisme" et de cesser d'accorder la priorité en matière d'éducation aux enfants mâles.

El Salvador

Nous pensons qu'il est important de faire connaître les principes de l'égalité et les droits des deux sexes, non seulement parmi les hommes, mais aussi parmi les femmes elles-mêmes. On est conscient de la nécessité pour les filles de recevoir une éducation et d'avoir la possibilité de choisir leurs carrières, leurs professions, en fonction de leurs goûts et de leurs capacités.Tout en soulignant que l'ignorance et la sous-utilisassions des capacités des femmes dans les communautés sont dues à des attitudes traditionnelles. Il faut préciser que l'égalité des sexes promue par les enseignements baha'is n'est pas nécessairement conforme aux idées d'émancipation sexuelle qui viennent d'autres pays. Il est important de signaler que les hommes eux-mêmes freineront leur propre développement si les femmes n'avancent pas. Il est nécessaire que les femmes deviennent de véritables compagnes dans tous les aspects de la vie familiale et communautaire.

Guyane

Les assemblées locales baha'ies, qui concentrent souvent leur attention sur la participation et la promotion des femmes dans leurs communautés, seront d'une grande aide à l'avenir. Les cours destinés aux enfants, donnés essentiellement par des femmes, renforceront les fondements de la communauté. Les assemblées baha'ies joueront un rôle vital dans le processus d'éducation, qui aura un effet profond sur de nombreux aspects de la condition de la femme en Guyane.

Bien que l'on se soit intéressé à la vie familiale, où les femmes jouent un rôle important, et à la nécessité pour les femmes d'apprendre à lire et de recevoir une éducation générale, un autre aspect important à souligner est la consultation familiale, notamment les éléments de confiance mutuelle et de solutions conjointes aux problèmes.

Panama

La communauté baha'ie devrait organiser des conférences régionales et nationales, car au cours de ces conférences, les femmes apprennent leurs droits et sont encouragées à prendre la parole. L'ensemble de la communauté, y compris les hommes, doit également être convaincue de l'importance des droits des femmes, afin que ces derniers puissent être respectés. Il est très important que les femmes ressentent le désir d'avoir les mêmes droits que les hommes dans les relations sociales et dans le domaine de l'éducation, et qu'elles expriment leurs besoins. De cette façon, la communauté connaîtra un bien-être plus grand.

Paraguay

Des bulletins réguliers destinés à encourager et à stimuler la participation des femmes seront publiés et l'on diffusera plus largement le principe de l'égalité des hommes et des femmes par les médias, et par l'organisation de conférences et de programmes concernant la famille. Il faut également mettre l'accent sur l'acceptation de l'égalité des femmes par les hommes.

Pérou

De simples programmes d'éducation relatifs au développement, à l'égalité, à la santé, à l'emploi et à la paix seront prévus afin d'encourager la promotion et la participation des femmes. Cet objectif englobera notamment l'éducation des enfants, par lesquels on pourra toucher les mères, ainsi qu'un effort constant visant à aider les femmes appartenant à toutes les classes sociales.

St. Lucie

L'accroissement du nombre des assemblées locales baha'ies et la mise au point de programmes d'éducation destinés aux adultes devraient entraîner une promotion accrue des femmes baha'ies, qui acquerront peu à peu une expérience administrative et une plus grande confiance en soi.

États-Unis

La communauté peut contribuer à la promotion des femmes de différentes manières: A) en créant un comité national de femmes dont le rôle serait: 1) de faire de l'égalité des hommes et des femmes un sujet d'importance nationale pour les baha'is; 2) d'examiner soigneusement les attitudes et les traditions qui vont à l'encontre de l'égalité des hommes et des femmes et de mettre au point les moyens de les modifier au sein de la communauté; 3) d'encourager les comités baha'is locaux ou régionaux de femmes qui seraient chargés d'organiser des groupes d'étude officieux et des conférences locales visant à examiner les besoins et les préoccupations des femmes; 4) d'encourager l'éducation non sexiste des enfants; 5) d'encourager et d'aider les femmes à devenir des personnes à part entière; 6) d'encourager et d'aider les femmes à définir leur rôle dans le développement social et économique et dans la paix mondiale; 7) d'encourager et d'aider les hommes à commencer à définir leur nouveau rôle en fonction de l'égalité des hommes et des femmes; B) en mettant au point des matériaux d'étude spéciaux concernant: 1) l'égalité des hommes et des femmes; 2) les relations entre personnes - relations hommes/femmes; 3) la coopération et une plus grande égalité dans le mariage; 4) l'épanouissement personnel, 5) l'étude de l'origine des attitudes et des traditions et l'introduction de nouveaux modèles de pensée et de comportement; C) la communication avec des experts baha'is et non baha'is dans des domaines relatifs à cette question.

Venezuela

Le mariage baha'i - y compris les lois, les pratiques et les comportements - sera l'un des principaux thèmes des conférences, réunions et autres manifestations baha'ies, en particulier de celles auxquelles participent les jeunes. Les conditions nécessaires pour le mariage, question qui intéresse aussi bien les assemblées baha'ies que les personnes baha'ies, seront également évoquées par un comité sur la vie baha'ie qui a été créé en vue d'identifier et de conseiller les jeunes qui veulent se marier. L'importance de la chasteté avant le mariage et de la loyauté après le mariage sera soulignée. D'importants efforts continueront d'être déployés pour sauver les mariages en difficulté, en aidant, par la consultation, les partenaires du mariage à résoudre leurs problèmes.

ASIE

Bangladesh

Les projets comprennent dans l'ensemble des conférences, des cours, des possibilités de formation professionnelle et des formations d'enseignantes offert aux femmes .

Inde

Des stages spéciaux de formation destinés aux femmes sont envisagés, au niveau de l'Etat également. Un autre objectif important sera d'assurer la pleine participation des femmes à l'administration baha'ie et à la formation des enfants. Cette dernière, en particulier, constitue une étape très importante dans l'éducation d'une nouvelle génération qui appliquera le principe de l'égalité des hommes et des femmes parce qu'il lui a été inculqué dès le plus jeune âge. La création d'écoles de travaux dirigés jouera également un rôle important, et l'on continuera de publier des bulletins et des revues.

Malaisie

Les activités suivantes sont considérées comme étant importantes: 1) l'influence spirituelle des prières récitées dans la famille; 2) l'éducation des femmes en tant que mères et éducatrices des enfants; 3) les projets de services, tels que l'assistance aux personnes âgées et handicapées; 4) des réunions régulières pour l'épanouissement personnel, la camaraderie, l'expression en public, la motivation, les premiers secours et autres sujets pertinents; 5) le conseil en vue de donner amour et soins aux personnes nécessiteuses; 6) les projets de développement rural, en mettant l'accent sur l'hygiène, la nutrition, les soins de santé destinés aux enfants avant, pendant et après la naissance et le conseil pour les problèmes relatifs au mariage.

Singapour

Les femmes seront encouragées à participer à des activités d'organisations de femmes. Un programme d'éducation sur "l'orientation des parents" a été organisé cette année. Les femmes seront également encouragées à adopter des objectifs personnels en fonction des activités communautaires.

Thaïlande

Les plans futurs comprennent: 1) une éducation professionnelle telle que des cours de couture, de dactylographie et de tissage; 2) l'orientation des parents; 3) l'éducation préscolaire; 4) la participation communautaire - avec un accent particulier mis sur la participation des femmes aux aspects spirituels et administratifs de la vie communautaire baha'ie. Parmi les activités des femmes, on peut citer des cours de cuisine, de nutrition et d'artisanat pour accroître le revenu familial. De plus, des cours spéciaux destinés aux femmes qui enseigneront l'alphabétisation, la nutrition et les pratiques en matière de santé ont été donnés par une assemblée locale.

AUSTRALASIE

Australie

La communauté baha'ie peut aider à renforcer les fondements sociaux de la communauté dans son ensemble en renforçant ses familles. Il semble particulièrement urgent d'établir de bonnes relations familiales en vue de préserver l'unité de la famille dans une société où les femmes sont aussi libres que les hommes. Les assemblées locales baha'ies et le Comité national du développement communautaire ont organisé des séminaires, des programmes scolaires d'été et des stages d'études pratiques dans ce but.

Fidji

Les femmes baha'ies dans les villages seront encouragées et aidées à suivre des cours organisés par des institutions gouvernementales visant à éduquer et à élargir la vision des femmes. Des conférences de femmes seront organisées et ces dernières seront encouragées à participer à des cours qui leur permettront d'acquérir des compétences, avec lesquelles elles gagneront de l'argent.

Des cours spéciaux destinés aux femmes et aux mères potentielles seront organisés, pour les éduquer à former leurs enfants, ainsi que des programmes d'orientation du mariage. On prévoit de mettre au point une méthode qui permettra aux femmes de prendre conscience de la nécessité de participer activement au développement. Les plans prévoient l'éducation des hommes dans le principe de l'égalité des hommes et des femmes. On découragera l'acceptation passive par les femmes des décisions prises par les hommes. Des séminaires, des programmes scolaires et des conférences didactiques figurent parmi les moyens qui permettent d'accomplir ces buts.

Îles Marshall

En approfondissant leur compréhension des écrits baha'is, les femmes peuvent devenir plus fortes, moins timides et moins craintives, et apprendre à exprimer leurs idées et leurs sentiments. Leurs capacités peuvent ensuite être utilisées dans des réunions et des activités à l'échelle de la communauté. Les hommes doivent également être éduqués selon le principe de l'importance de chaque personne, homme ou femme.

Cette année, la communauté baha'ie tiendra sa quatrième conférence annuelle des femmes baha'ies, où de nombreux sujets concernant les femmes seront abordés.

Nouvelle-Calédonie

On encouragera la reconnaissance des droits des femmes dans les territoires mélanésien et polynésien, en mettant l'accent sur la participation croissante des femmes aux activités sociales et culturelles. En ce qui concerne l'éducation des enfants, l'Assemblée nationale baha'ie estime que dans une ou deux générations des progrès considérables seront accomplis dans ce domaine, car les enfants sont éduqués actuellement selon le principe de l'égalité des hommes et des femmes, à la maison, dans les écoles d'été et d'hiver et dans les camps d'étude et de vacances.

Nouvelle-Zélande

La majorité des assemblées locales baha'ies font des plans sérieux en vue de contribuer à la promotion des femmes. Il est reconnu universellement que le concept de l'égalité doit être enseigné dans les cours destinés aux enfants, comme il doit être observé, par exemple, dans la vie de la communauté locale. De cette façon, les générations futures comprendront davantage ce principe. D'autres plans comprennent des séminaires éducatifs, des rassemblements intercommunautaires, des cours - en particulier pour les nouveaux membres - et un appui total aux activités telles que la Décennie des Nations Unies pour la femme. Les femmes seront encouragées à prendre la place qui leur revient dans tous les aspects de la vie communautaire, donnant ainsi l'exemple aux autres femmes. Un comité des femmes baha'ies sera créé et chargé de faire une enquête sur les possibilités qui existent dans le domaine du développement économique et social. On organisera également des consultations, des séminaires, des réunions et des conférences avec les hommes.

Papouasie-Nouvelle-Guinée

L'enseignement des principes baha'is d'éducation qui mettent l'accent sur l'éducation des femmes, l'exécution de projets de développement auxquels participent les femmes et qui leur donnent un salaire, et l'éducation de la présente génération d'hommes en ce qui concerne la condition des femmes, sont d'importants moyens de promouvoir les femmes.

Samoa

Au fur et à mesure que les femmes enseigneront la foi baha'ie et qu'elles en comprendront mieux ses principes, elles partageront leurs nouvelles "connaissances" avec d'autres. Lorsque les femmes, en particulier dans les villages, prendront conscience du rôle qu'elles jouent en tant que mères et éducatrices, elles se rendront compte du rôle important qu'elles jouent dans la société.

On envisage des programmes de développement rural avec des discussions sur l'éducation des femmes, les soins et la santé des enfants. On envisage d'entreprendre des projets tels que des cours de couture, de tissage et d'artisanat, etc.. dans chaque village. Cela serait réalisé avec l'aide du Bureau local de développement rural et avec les encouragements des assemblées locales baha'ies dans chaque communauté.

Tonga

On a prévu un programme régional visant à permettre aux femmes d'enseigner et de participer à des activités administratives, à organiser des réunions pour l'égalité de l'hommes et de la femme et des conférences destinées aux femmes sur le rôle qu'elles jouent. Un comité de femmes a été créé pour prévoir une Journée de la femme, à laquelle certaines d'entre elles seront invitées à participer.

EUROPE

Autriche

Il est important de mieux faire connaître aux femmes et aux hommes la promesse qui figure dans les enseignements baha'is, selon laquelle "Lorsque les femmes participeront pleinement et également aux affaires du monde, la guerre cessera". L'Assemblée nationale autrichienne appelle l'attention sur la déclaration de la Communauté internationale baha'ie à la Commission de la condition de la femme à Vienne, en février 1984: "Elles [les femmes] doivent s'efforcer constamment d'acquérir un état d'esprit et des attitudes pacifiques et de les développer pour comprendre les questions fondamentales que pose la paix mondiale - y compris les causes déterminantes de la guerre - et se consacrer sans réserve au grandiose objectif de la solidarité internationale, solidarité qui contraint toutes les nations et tous les peuples à jouer leur rôle sans qu'un seul puisse asseoir sa domination ou son autorité".

France

Nous avons souligné le principe de l'égalité des droits des hommes et des femmes, l'importance des femmes dans l'éducation des enfants et leur rôle essentiel au sein de la société. Dans notre communauté et dans nos institutions, nous nous assurons que les femmes trouvent leur place et participent pleinement à la vie de la communauté baha'ie sous tous ses aspects.

Espagne

Soit parce qu'elles comprennent mieux la question, soit à cause des changements sociaux qui se sont produits dans le pays, les femmes baha'ies en Espagne sont actives dans presque toutes les institutions baha'ies existantes, que ce soit aux niveaux national, régional ou local. Dans six communautés, il y a des activités particulières destinées aux femmes, telles que des réunions périodiques organisées et dirigées entièrement par des femmes baha'ies, auxquelles participent des femmes de toute la communauté. Les femmes baha'ies dans notre pays assument un nombre croissant de responsabilités, en travaillant harmonieusement avec les hommes. On peut constater, comme cela est naturel dans les familles baha'ies qui ont des enfants en bas âge, que les tâches domestiques sont équitablement partagées, ce qui permet aux deux époux de participer aux activités de la communauté locale. Le thème de l'égalité des droits a été promu par les communautés baha'ies au cours de conférences publiques dans de nombreuses villes du pays. Nous avons également largement distribué la brochure intitulée "L'égalité des hommes et des femmes: le point de vue baha'i" établie par la Communauté internationale baha'ie. Nous avons également joint cette brochure au dossier d'informations générales présenté aux médias, aux autorités et aux personnalités en général. Au sein de la communauté baha'ie, nous avons distribué un recueil des écrits baha'is sur l'égalité des droits des hommes et des femmes, et ce sujet a été examiné dans les écoles nationales et régionales et dans les cours donnés dans les communautés locales.

Suisse

La question de l'égalité des hommes et des femmes est abordée dans toutes les réunions baha'ies. En conséquence, les enseignements baha'is sur ce sujet ont été et continueront d'être divulgués le plus largement possible. En outre, les femmes baha'ies ont joué un rôle actif dans des réunions de "Donne per la Pace" (Femmes pour la paix) et l'on a eu des discussions actives avec les femmes d'organisations telles qu'"Amnesty International". À Lugano, nous avons été aidés également par le fait qu'une femme est présidente de l'Assemblée locale. Dans la partie germanophone de la Suisse, c'est-à-dire à St. Gallen, notre Comité des relations publiques pour cette région organise un colloque annuel. Le thème en 1981 était "la place des femmes dans les religions"; le thème en 1982 était la paix. Nous avons constaté un intérêt croissant pour nos colloques auprès de la population féminine de la Suisse orientale.

Royaume-Uni

Les membres du Comité des affaires extérieures participent actuellement à une série de séminaires sur "Les femmes et la religion", organisés par l'Université de Londres (Goldsmith College). Ce comité a également encouragé les femmes de l'ensemble de la communauté baha'ie à faire partie d'associations de femmes et à participer à leurs activités. Il a demandé à la communauté baha'ie d'organiser des réunions spéciales pour les femmes, en invitant leurs associations locales, leurs groupes religieux et d'autres organes et particuliers.

Un autre questionnaire envoyé aux assemblées nationales baha'ies en 1972 demandait des informations sur la façon dont leurs communautés appliquaient le principe de l'égalité des hommes et des femmes. Les réponses reçues ont été résumées dans un rapport intitulé "Enquête préliminaire sur la condition de la femme au sein de la Communauté internationale baha'ie", largement distribué pendant l'Année internationale de la femme (1975) et à la Conférence mondiale de l'Année internationale de la femme à Mexico.

Activités pour promouvoir l'égalité de l'homme et de la femme

Activités pour promouvoir l'égalité de l'homme et de la femme

Par la Communauté internationale baha'ie, et les Nations Unies bulletin no. 1

15 July 1985

Année internationale de la femme -- (1975)

Décennie de l'ONU pour la femme -- (1976-1985)

Il y a plus d'un siècle, et pour la première fois dans l'histoire de la religions révélée, Bahá'u'lláh, prophète-fondateur de la foi baha'ie, a proclamé l'égalité de l'homme et de la femme. Il n'a pas laissé cet énoncé à l'état de vœu idéal ou pieux, mais il l'a tissé, comme facteur fondamental, dans la fibre de son ordre social. Il l'a appuyé par des lois requérant les mêmes normes d'éducation, tant pour les femmes que pour les hommes, et d'égalité de droits dans la société.

Le passage qui précède est la déclaration d'ouverture du dépliant: "L'égalité de l'homme et de la femme: Une réalité nouvelle" préparé par la Communauté internationale baha'ie, pour l'Année internationale de la femme (1975) des Nations Unies. Il indique clairement que le principe de l'égalité de l'homme et de la femme fut un don de la foi baha'ie à l'humanité, de nombreuses années avant la naissance des Nations Unies. En fait, la brochure explique dans son second paragraphe que, pour les baha'is, l'égalité des sexes est une norme spirituelle et morale essentielle à l'unification de la planète et au déploiement de l'ordre mondial.

Dans son message du 25 mai 1975, la Maison Universelle de Justice mentionne le but du Plan de Cinq Ans, donné à quatre-vingts Assemblées spirituelles nationales, d'organiser des activités baha'ies pour les femmes. Elle souligne aussi que le monde baha'i tout entier s'est engagé à encourager et à stimuler le rôle vital de la femme dans la communauté baha'ie aussi bien que dans la société en général.

Dans ce message, l'institution baha'ie suprême donne aussi comme instructions aux baha'is d'élaborer et d'implanter des programmes, au cours de l'Année internationale de la femme, qui stimuleront et favoriseront la participation pleine et égale de la femme dans tous les aspects de la vie communautaire baha'ie, de sorte que, par leurs accomplissements, les amis démontrent la distinction de la Cause de Dieu dans ce domaine de l'effort humain.

Par conséquent, il n'est pas étonnant que les communautés baha'ies de 63 pays aient entrepris une grande variété de programmes et d'activités. On peut le voir d'après le rapport ci-joint des activités de la Communauté internationale baha'ie, pendant l'Année internationale de la femme intitulé: "Une vue d'ensemble". Il a été présenté aux bureaux des Nations Unies qui ont à faire, avec le statut de la femme comme preuve, à une collaboration enthousiaste des baha'is à leur efforts dans ce domaine. Nous pensons que vous serez stimulés par les efforts impressionnants du monde baha'i pour améliorer le statut de la femme et nous vous encourageons à faire usage de ce rapport, de toutes les façons que vous jugerez appropriées, pour aider à la reconnaissance et au prestige de la foi dans votre pays ou région.

Quand, à la fin de 1975, les Nations Unies prirent conscience de tout ce qu'il restait à faire pour que l'égalité de l'homme et de la femme soit une réalité, elles proclamèrent 1976-1985 la Décade des Nations Unies pour la femme. La Décade continuera à se centrer sur les trois buts de l'AIF:

1.  la promotion de l'égalité de l'homme et de la femme

2.  l'intégration de la femme au développement total de son pays et de la planète

3.  la contribution de la femme à l'établissement de la paix mondiale

A mi-chemin de cette Décade, en 1980, les Nations Unies auront une Conférence Mondiale, que la Communauté internationale baha'ie, en tant qu'organisme non-gouvernemental ayant le statut consultatif auprès du Conseil Économique et Social, représentant les communautés baha'ies autour du globe, est invitée à y participer. Certes, comme dans le cas des précédentes conférences mondiales de l'ONU, nous enverrons une délégation complète.

Nous espérons donc que les baha'is de partout saisiront les occasions journalières offertes par la Décade de l'ONU pour la femme pour promouvoir le principe baha'i de l'égalité des sexes, en même temps qu'ils intègrent dans leurs propres vies ce principe des plus vitaux de Bahá'u'lláh. Par de tels efforts, le monde baha'i pourra alors démontrer la distinction de la Cause de Dieu dans ce domaine de l'effort humain.

Impact baha'i pendant l'Année Internationale de la Femme

Nous sommes heureux de partager avec vous la preuve suivante de l'impact baha'i pendant l'AIF. Le passage ci-dessous est tiré d'un document officiel des Nations Unies, E/CN.6/593, du 27 août 1976, un rapport sur les "Activités entreprises au cours de l'Année internationale de la femme et une évaluation de leur impact". Le passage sur la Communauté internationale baha'ie, sous "Publications spéciales" pour l'AIF, mentionne que: "La Communauté internationale baha'ie, a fait le sommaire de certaines découvertes d'un questionnaire envoyé à un grand nombre de ses communautés. Les réponses reçues de 81 Assemblées nationales ont indiqué que l'amélioration du statut de la femme se poursuivait et qu'un progrès a été accompli vers la réalisation de l'égalité entre les sexes. La Communauté internationale baha'ie, a aussi publié et fait circulé une pochette spéciale intitulée: "L'égalité entre l'homme et la femme: Une nouvelle réalité".

En outre, le même document réfère à l'assistance donnée par la Communauté internationale baha'ie, à l'organisation d'une session spéciale de la Tribune des Organismes non-gouvernementaux (une activité parallèle à la Conférence Mondiale de l'Année internationale de la femme) sur "le rôle de la religion". Lors de cette session, la Conseillère Carmen de Burafato représentait la communauté mondiale baha'ie en tant que participante de la table ronde.

Le document de l'ONU mentionné plus haut a été préparé pour la discussion, par les délégués gouvernementaux de la 26ème Session de la Commission sur le statut de la femme, en automne dernier, alors que l'organisme de l'ONU considérait le sujet de la Décade de l'ONU pour la femme. Il ne fait pas de doute que les références à la Communauté internationale baha'ie, ont été vues par de nombreux des délégués à la Commission.

Lors de la 26ème session de la Commission des Nations Unies sur le statut de la femme, en automne dernier, la Communauté internationale baha'ie, était représentée par le Dr Marco G. Kappenberger, la Conseillère Anneliese Bopp et Mme Lea Nys. Ils ont participé aux réunions et déjeunés, avec les délégués de nombreux pays, assisté à plusieurs réceptions officielles et se sont fait de nombreux amis, offrant des commentaires et suggestions basées sur les écrits baha'is. Les baha'is ont souvent été interrogés au sujet de leur intérêt concernant le statut de la femme et ont partagé avec les délégués les données concernant le principe de l'égalité des sexes et de nombreux autres enseignements baha'is.

La Commission sur le statut de la femme a terminé sa session par un accomplissement important: elle a rédigé une Convention sur l'élimination de la discrimination contre la femme. Cette Convention est un pas en avant vers la réalisation de l'égalité légale pour l'homme et la femme. Une fois au'elle sera approuvée par l'Assemblée générale des Nations Unies, probablement cet automne, la Convention doit être signée et confirmée par au moins 30 nations avant d'avoir force de loi. Quand ceci arrivera, ses nombreux articles lieront les pays qui ont accepté la Convention. Puis, les droits, privilèges et opportunités égaux pour les membres des deux sexes deviendront une loi mondiale. (En 1967, les Nations Unies ont approuvé la déclaration sur l'élimination de la discrimination contre la femme. Toutefois, une déclaration, à la différence d'une Convention, est un énoncé d'intention sans force de loi).

La Communauté internationale baha'ie, a présenté à la Commission, lors de sa 26ème session, une déclaration contenant des suggestions concernant le genre d'éducation requis pour appliquer le principe de l'égalité de l'homme et de la femme (copie ci-jointe). Cette déclaration, qui a circulé en tant que document officiel de l'ONU (E/CN.6/ONG/264, 15 septembre 1976) en anglais, en français et en espagnol est distribuée à tous les participants à la session, et a été la contribution baha'ie à la consultation de la Commission sur les buts de la Décade de l'ONU pour la femme (1976-1985). La déclaration soulignait le pouvoir et l'unité de la religion. Elle mentionnait le besoin d' "unité de conscience" comme "une condition préliminaire essentielle à l'accomplissement à longue portée et durable des buts de l'Année internationale de la femme et de la Décade de l'ONU pour la femme", but qui ne peut être accompli que "par l'éveil des êtres humains à la réalité spirituelle de la vie". De plus, la déclaration expliquait que:

A mesure que la poursuite matérialiste et l'attachement s'accroissent dans le monde, l'humanité devient encore plus captive de la nature, luttant pour l'existence et le bien-être physique... La Communauté internationale baha'ie, est d'avis que ces attitudes matérialistes doivent être équilibrées par une prise de conscience du fait que le but et la réalité de la vie humaine sont de nature spirituelle.

Suggestions pour la décennie de l'ONU pour la femme:

Dans une lettre adressée à toutes les Assemblées spirituelle nationales le 15 juin 1975, notre bureau a partagé avec votre communauté deux propositions qui, de l'avis de la Maison Universelle de Justice, seraient d'une grande valeur en faisant usage de l'Année internationale de la femme pour gagner à la foi une plus grande reconnaissance et un plus grand prestige. Puisque ces propositions sont également valables au cours de la Décade de l'ONU pour la femme, nous les portons de nouveau à votre attention.

1.  La première suggestion fut que les Assemblées spirituelles nationales fassent une liste des femmes éminentes dans leurs pays ou leurs régions, auxquelles elles pourraient envoyer, à leur discrétion, la documentation appropriée qu'elles ont en main ou qui peut être fournie par la Communauté internationale baha'ie, (telle que les déclarations baha'ies à l'ONU sur l'égalité de l'homme et de la femme et une brochure comme: "L'égalité de l'homme et de la femme: une réalité nouvelle"). En ce faisant, chaque Assemblée spirituelle nationale pourrait expliquer ses liens avec la Communauté internationale baha'ie, aux Nations Unies, originalement schématisés dans notre lettre du juin 1973, envoyée à toutes les Assemblées. (Nous vous enverrons bientôt une lettre à jour qui comprendra notre statut consultatif récent auprès de l'UNICEF).

2. La seconde suggestion de la Maison Universelle de Justice était que les Assemblées "recherchent une publicité pour la foi dans les revues féminines et dans les journaux et par des entrevues avec des femmes baha'ies éminentes, à la radio et à la télévision."

Si nous pouvons vous aider d'une façon quelconque à entreprendre ces activités, veuillez nous le faire savoir. En plus des pièces actuellement jointes, votre communauté a déjà reçu les publications suivantes sur le statut de la femme préparées par la Communauté internationale baha'ie:

a.  Déclaration à la 25ème session de la Commission des Nations Unies sur le statut de la femme (E/CN.6/ONG/247 - 26 décembre 1973)

b.  Déclaration à la Conférence de l'Année internationale de la femme, Mexico (l975)

c.  Enquête préliminaire sur le statut de la femme dans la communauté mondiale baha'ie.

d.  L'égalité de l'homme et de la femme: une réalité nouvelle (dépliant)

Votre Assemblée est tout à fait libre de reproduire tous nos rapports ou déclarations, en partie ou en entier. A toutes fins utiles, veuillez trouver ci-joint des exemplaires des déclarations mentionnées à (a) et (b).

Si vous n'avez plus d'exemplaire de "L'Enquête préliminaire...", veuillez nous le faire savoir.

Le dépliant "L'égalité de l'homme et de la femme: une réalité nouvelle", peut être obtenu de la Maison d'éditions baha'ie appropriée.

Paix et développement

Paix et développement

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie au séminaire pour les régions de l'Asie, du pacifique et de l'Asie occidentale en vue de l'année internationale de la paix.

Bangkok, Thaïlande—20 May 1985

Il est impossible d'instaurer une paix durable sur cette planète sans résoudre auparavant les problèmes complexes du développement social et économique qui affligent les sociétés modernes. Les vies humaines sont si étroitement liées entre elles aux niveaux physique et psychologique - ce qui est le résultat d'un réseau complexe de communications et de transports à l'échelle mondiale - qu'il serait impensable d'envisager la paix comme un état tout simplement caractérisé par l'absence mondiale de conflits alors que des millions de gens meurent chaque année de faim, de maladie et de pauvreté.

De nombreux discours ont été prononcés et beaucoup d'encre a été versée sur la question du développement et la manière adéquate de le réaliser: de la base au sommet, en commençant au niveau de la communauté et en impliquant tous et chacun dans le processus de mise en place d'une qualité de vie satisfaisante. On tombe généralement d'accord aujourd'hui sur le fait que le développement doit impliquer, tant dans le processus de décision que dans celui de mise en œuvre, les personnes souffrant d'une carence d'aliments, d'eau, d'hygiène, de logement, etc. À défaut d'une telle participation, tant la validité que les chances de succès de tout programme de développement seront compromises.

Le point de vue de la Communauté internationale baha'ie sur le rôle du développement pour la création d'une société mondiale dans un contexte de paix a été présenté à la Commission des droits de l'homme à sa 40ème session en 1984, dans une déclaration sur le « droit au développement »:

Ce que la Communauté internationale baha'ie envisage est la création ultime d'une civilisation mondiale, d'une confédération mondiale regroupant toutes les nations à titre de membres autonomes et protégeant la liberté et l'initiative individuelles des personnes qui les composent, dans un ordre juste et équitable. Le développement est perçu comme un processus double de l'individu et de la société qui se soutiennent mutuellement. Dans ce processus, la société, moulée par ses citoyens, influence à son tour la personnalité de l'individu de manière à faciliter la réalisation de son potentiel.

Cependant, la qualité de la vie de l'individu requiert, selon nous, bien plus que la satisfaction des besoins matériels. La finalité de la vie d'un individu doit être prise en considération si on veut le libérer tant des privations internes que des privations externes. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il est possible de dire que les gens vivent dans la paix.  Si, demain, nous devions connaître un régime sans guerre (pas vraiment la paix mais l'absence de guerre), avec désarmement général et complet, libérant ainsi des milliards de dollars pour les affecter au développement social et économique, la question se poserait toujours de savoir quels types de changements sociaux et économiques répondraient le mieux aux aspirations des êtres humains, en vue d'arriver à une paix individuelle et sociale susceptible d'évoluer dans une civilisation planétaire offrant de nombreuses occasions de développement créateur continu de la personnalité humaine, ainsi que des structures sociales, économiques et politiques.

Étant donné que, selon nous - comme l'indiquent les écrits baha'is - « la religion est véritablement le principal moyen d'instaurer l'ordre dans le monde et la tranquillité parmi les divers peuples qui le composent », il y a certainement, dans la recherche de la paix et de la compréhension des liens unissant la paix au développement, un besoin de réexaminer, à l'abri des préjugés inculqués par une société séculaire, la nature de la religion et des valeurs religieuses. La Communauté internationale baha'ie a indiqué ce qui suit dans une déclaration à la Commission du développement social, il y a de cela plusieurs années. (E/CN.5/NGO/117; 3 janvier 1975):

Nous croyons, qu'un authentique développement dépendra des valeurs morales et spirituelles, qui, partant de l'individu, s'étendent à la société tout entière.

On peut dire, même, à première vue, que l'égoïsme, la cupidité, la malhonnêteté, la haine et l'injustice, chez l'individu ou dans la société, sont l'inverse de ce sur quoi peuvent s'instaurer l'unité et la compréhension, sans lesquelles il n'y a pas de progrès possible. Il peut sembler banal de dire que l'amour, la justice, la loyauté, l'honnêteté et autres valeurs morales et spirituelles traditionnelles sont indispensables dans ce monde essentiellement profane qu'est le nôtre, pour susciter les changements nécessaires à l'intégration de la personne et de la société dans la vie complexe de la planète. Pourtant, nous avons constaté que lorsque les valeurs en question deviennent la base d'une vie communautaire, régie par un ordre administratif qui favorise l'expression de ces valeurs dans les relations sociales, comme c'est le cas dans les communautés baha'ies, les résultats sont incontestablement positifs.

De plus, comme la communauté mondiale baha'ie l'a vécu et le perçoit, le développement réussi, en tant que condition préalable à l'instauration de la paix mondiale et à la croissance d'une société mondiale favorisant et protégeant le bien-être de l'ensemble de l'humanité, doit reposer sur le principe selon lequel chaque personne est inséparable de l'humanité qui forme un tout. Par conséquent, cette relation mutuelle des hommes doit être exprimée dans une vie d'action consacrée à l'édification d'une société mondiale pourvoyant non seulement aux besoins sociaux et économiques de la race humaine mais aussi à ses aspirations spirituelles, morales et culturelles.

La paix et le développement incombent indubitablement à l'humanité tout entière. Comme l'indiquent les écrits baha'is:

"Noble est la condition de l'homme. Il lui appartient donc aussi d'entreprendre de nobles efforts pour la réhabilitation du monde et le bien-être des peuples ... Si l'homme prenait conscience de la noblesse de sa condition et de son destin, il ne ferait montre de rien d'autre que d'une bonne nature, d'actions pures et d'une conduite convenable et louable".

Qui poursuivent en ces termes:

"...l'honneur et le mérite de l'individu consistent précisément en ceci, que, parmi toutes les multitudes du monde, c'est lui qui devrait devenir une source de bien social".

Peut-on concevoir une générosité plus grande que celle-ci:

Un individu regardant à l'intérieur de lui-même qui découvre que par la grâce fortifiante de Dieu il est devenu la cause de la paix et du bien-être, du bonheur et de la prospérité de ses frères?... Que l'homme est excellent, et qu'il est honorable s'il vient à assumer ses responsabilités ... L'homme connaîtra un bonheur suprême ... s'il entreprend de nobles actions sur la scène de la civilisation et de la justice.

Alors que la religion est repensée à notre époque, on s'apercevra que les saintes écritures apportent la solution à l'éducation et aux développements humains fondamentaux et renferment le savoir et les valeurs qui ont, tout au long de l'histoire, clarifié le but central de l'être humain - reconnaître et adorer Dieu, et contribuer à l'avancement d'une civilisation qui ne cesse de progresser - et révélé la véritable identité de la personne comme un agent exprimant, par sa relation avec le Créateur, une attitude d'amour et d'assistance à l'humanité tout entière. Ainsi, la religion, en harmonie avec la science, peut donner à chaque être humain la possibilité de jouer son rôle dans la promotion du développement et de la paix sur la planète.  Libérée du dogme, de la superstition et des autres entraves inventées par l'homme, la religion peut être perçue comme étant en accord, et non incompatible, avec la science. La Communauté internationale baha'ie a exprimé ce point dans sa déclaration à la Commission du développement social mentionnée plus haut:

Étant donné que le développement économique et social dépend de l'application intégrale des ressources de la science et de la technologie à la solution des problèmes urgents d'alimentation, de population, d'environnement, etc., il semblerait essentiel, pour assurer une participation des masses, de réaliser l'harmonie entre la science et la religion au moyen d'une compréhension de leur nature de base comme aspects d'une même réalité:

La première s'intéressant à l'existence physique de l'humanité et la seconde aux valeurs qui ont traditionnellement conféré à la vie sa signification. Notre expérience nous dicte qu'à moins que l'unité fondamentale de la science et de la religion ne soit clairement comprise et établie dans la conscience individuelle et sociale, il n'est pas facile d'extirper des coutumes et traditions démodées faisant obstacle à l'acceptation sans difficulté de progrès importants en science et en technologie.

En conclusion, nous recommanderions au Secrétariat de l'AIP d'encourager, au cours de l'Année internationale de la paix, une réévaluation de la véritable nature de la religion en tant que réserve de conseils pour la conduite et l'orientation humaine, en vue de l'unité dans la vie moderne.  Nous sommes convaincus que la religion procure l'élément essentiel d'humanité pour soutenir les contributions que la science et la technologie font au développement économique et social et, réciproquement, à la paix. Dans un monde où les conflits se sont avérés être une impasse comme solution aux problèmes humains, où la guerre n'est plus viable, la seule réponse est de redécouvrir un processus permettant de réaliser le bonheur de tout le genre humain, en opposition à celui d'une partie quelconque de l'humanité choisie sur quelque base que ce soit. Dans cet effort, la religion et la science doivent agir ensemble.

La huitième session de la Commission des établissements humains

La huitième session de la Commission des établissements humains

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie à la huitième session de la Commission des établissements humains (Nations Unies)

Kingston, Jamaïque—29 April 1985

La Communauté internationale baha'ie est une organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif auprès de l'Organisation des Nations Unies, et compte des communautés membres aux niveaux local et national dans plus de 140 pays. Nous souhaitons vivement appuyer, en les faisant connaître et en y collaborant sur le plan pratique, les activités de l'Organisation des Nations Unies visant à réaliser les objectifs énoncés dans la Charte des Nations Unies, lesquels correspondent aux principes baha'is qui reflètent notre foi profonde dans l'unité du genre humain.

L'Année internationale du logement des sans-abri peut s'avérer être une "période de transition cruciale" pour évaluer "l'ensemble des conceptions et méthodes nouvelles ou existantes" en vue de définir "des politiques et des stratégies nouvelles tendant à améliorer les logements et les quartiers où vivent les pauvres et les défavorisés. "Alors que ce siècle d'évolution rapide touche à sa fin, on constate un changement d'attitude notable en ce qui concerne l'habitat humain : la conception sectorielle et les solutions partielles font place à une vision plus globale. Au lieu de limiter la notion de "logement" à la construction de maisons à des prix abordables et à l'amélioration de l'alimentation en eau et de l'assainissement, nous en venons à considérer l'habitat comme un environnement complet, qui favorise l'épanouissement physique, intellectuel et spirituel des hommes et contribue à l'enrichissement de leur vie sociale au sein de la communauté. La Communauté internationale baha'ie souhaite encourager ce processus, tant sur le plan conceptuel que par l'action.

L'apparition, dans le monde entier, de mouvements communautaires de plus en plus nombreux confirme l'opinion de la Communauté internationale baha'ie que l'heure est venue d'instaurer la participation universelle de l'humanité en encourageant les communautés locales à prendre des initiatives et à définir leurs besoins et leurs objectifs. En effet, "les progrès dans le domaine du développement dépendront en grande partie de l'intérêt spontané suscité au niveau des collectivités, et ils devraient être alimentés et orientés par ces sources plutôt que par des plans et des programmes imposés d'en haut."

Dans le cadre d'une conception du développement des établissements humains fondée sur la participation, la Communauté internationale baha'ie approuve le choix du thème suivant : "La planification et la gestion des établissements humains et, plus particulièrement, des villes petites et moyennes, ainsi que des pôles de croissance locaux", comme étant tout à fait opportun pour cette session de la Commission. De plus, en vue de faciliter une discussion de ce thème, nous proposons les concepts suivants comme essentiels au processus de développement fondé sur la participation, et comme critères pour une "réalisation modèle en matière de logement."

"Qui fournit, qui décide?", toute la problématique de la "planification" tient en fait dans la question suivante : "qui planifie et pour qui?". La gestion peut-elle recueillir le concours de personnes qui n'ont pas participé à la planification? Peut-on séparer la planification de la gestion, comme si la planification n'aboutissait qu'à un simple produit pour laisser la place à la gestion? De même qu'un établissement humain n'est pas une simple donnée matérielle et immuable, mais le produit, en évolution constante, de la vie sociale, de même la planification et la gestion doivent constituer un processus continu. À cette fin, la participation communautaire à tous les stades de la prise de décisions est indispensable.

Transition culturelle. L'évolution de nouveaux établissements humains implique que leurs résidents renoncent à certaines traditions culturelles, tout en conservant des valeurs fondamentales; qu'ils abandonnent les valeurs culturelles non essentielles et qu'ils adoptent de nouveaux idéaux et techniques. Un bon environnement permettra à ses habitants d'effectuer cette transition culturelle seuls. L'adoption de nouveaux modèles et la modification des anciens devrait donc être un processus essentiellement local.

Structure spatiale et forme physique. En tant que milieux servant de cadre matériel et organisationnel aux activités sociales, les établissements humains prennent une forme physique en fonction de l'apparition spontanée ou de la planification de modèles sociaux et spatiaux. L'aspect extérieur de l'établissement n'est pas sans importance. Plutôt que d'importer des modèles urbains ou d'adopter le concept de "trames d'accueil" anonyme et technocratique, il conviendrait de chercher à mieux comprendre comment les établissements traditionnels se sont structurés et d'en tirer des modèles qui puissent être utilisés judicieusement pour répondre aux besoins modernes. Un modèle réussi favorisera la cohésion sociale, tout en garantissant la liberté des relations sociales, deux conditions nécessaires à une croissance soutenue.

Consultation au niveau communautaire. Un établissement équilibré manifestera son unité ainsi que sa diversité. L'un des meilleurs moyens d'encourager les individus à rendre des services créateurs et à participer activement à la vie communautaire, ainsi que de préserver l'unité et le bien-être de l'ensemble de la communauté, réside en l'art de la consultation. Pour que le potentiel humain se réalise entièrement, les méthodes traditionnelles de prises de décisions doivent être transformées par une méthode de consultation fondée sur la participation universelle des membres de la communauté, qui travaillent ensemble à atteindre des buts équitables. Selon les baha'is, l'un des principes qui doit être respecté pour qu'une consultation soit efficace est le suivant : ". . . la consultation doit avoir pour but la recherche de la vérité. Celui qui exprime une opinion ne doit pas la présenter comme étant correcte et juste, mais plutôt comme une contribution à l'entente générale. . .". Au sein des communautés baha'ies, la consultation est extrêmement importante aussi car "la consultation ne sert pas seulement à résoudre les problèmes et à prendre des décisions en fonction des difficultés auxquelles on doit faire face. C'est également le moyen d'échanger et de communiquer des aspirations, de nobles idéaux, des encouragements et un appui mutuel fondé sur l'amour. . .".

La liberté de choix. La possibilité de choix doit exister dans tous les aspects de la vie communautaire : le choix entre les options qui s'offrent à la communauté concernant l'orientation du développement, l'ampleur du changement culturel, le niveau des prix en vue de réduire le coût initial de nouveaux logements, tous choix qui devraient être faits au niveau local en fonction des besoins de la communauté concernée.

Pour assurer une participation efficace au niveau local, il est essentiel que les autorités gouvernementales l'appuient de façon constructive, notamment en établissant un cadre juridique et administratif rationnel dans lequel s'inscrit l'action, et limitent leurs interventions à l'essentiel, pour ne pas étouffer l'initiative locale. La nécessité de renoncer à certains aspects de la planification et du contrôle traditionnels, en accordant aux communautés locales suffisamment d'initiative ainsi que le droit de commettre des erreurs dans leur processus de croissance est importante dans ce contexte.

La Communauté internationale baha'ie est convaincue que les environnements conçus d'après des principes unificateurs et en fonction de méthodes de participation du type examiné plus haut, trouveront en temps utile leurs propres solutions pratiques et techniques aux problèmes concrets qu'ils rencontreront dans le domaine du logement. Des projets de ce type en matière de logement déboucheront sur des modèles viables et reproductibles, car ils s'adaptent bien aux différences locales, ethniques et autres particularités culturelles. Les communautés baha'ies, dont le réseau s'étend rapidement, appliquent ces méthodes au niveau local pour mener leurs activités croissantes dans le domaine du développement social et économique. Nous serons heureux de partager ces expériences dans le cadre des établissements humains et de contribuer ainsi au processus d'élaboration de ces modèles.

Par le passé, nous avons accepté l'idée qu'un changement progressif d'attitude devait préparer le terrain pour l'adoption de politiques et pour l'action. Aujourd'hui, le monde entier prend conscience de la nécessité d'élaborer un nouveau modèle de développement. Comme ce processus peut arriver à maturation plus tôt que prévu, nous devrions nous préparer hardiment à aborder une nouvelle phase de changement rapide promettant d'aboutir à l'instauration de conditions plus satisfaisantes pour les établissements humains et pour tous les aspects de la vie humaine. L'instauration de l'unité à tous les niveaux de la société, y compris la famille, qui constitue la cellule fondamentale de la société, est une condition préalable à une solution durable de tous les grands problèmes mondiaux. Il est dit dans les écrits baha'is : "Si l'amour et l'entente règnent dans une famille, cette dernière progressera, deviendra éclairée et s'élèvera sur le plan spirituel. Mais si l'hostilité et la haine règnent dans cette famille, la destruction et la dispersion sont inévitables. Il en va de même pour une ville. Si ses habitants font preuve d'un esprit d'entente et de fraternité, la ville progressera régulièrement et les conditions sociales s'amélioreront, alors qu'avec les dissensions et les querelles elle se dégradera et ses habitants se disperseront. De la même façon, le peuple d'une nation se développe et progresse vers la civilisation et l'illumination grâce à l'amour et l'entente, et il est détruit par la guerre et les dissensions."

 Extrait du Rapport sur l'Année internationale du logement des sans-abri, établi par le Directeur exécutif, à la sixième session du CNUEH, à Helsinki, du 25 avril au 6 mai 1983.

* extrait des écrits baha'is.

Etablissements humains

Etablissements humains

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie à la huitième session de la Commission des établissements humains (Nations Unies)

Kingston, Jamaïque—29 April 1985

La Communauté internationale baha'ie est une organisation non- gouvernementale dotée du statut consultatif auprès de l'organisation des Nations Unies, et compte des communautés membres aux niveaux local et national dans plus de 140 pays. Nous souhaitons vivement appuyer sur les activités de l'organisation des Nations Unies visant à réaliser les objectifs énoncés dans la Charte des nations Unies, lesquels correspondent aux principes baha'is qui reflètent notre foi profonde dans l'unité du genre humain, en les faisant connaître et en y collaborant sur le plan pratique.

L'année internationale du logement des sans abri peut s'avérer être une "période de transition cruciale" pour évaluer "l'ensemble des conceptions et méthodes nouvelles ou existantes" en vue de définir "des politiques et des stratégies nouvelles tendant à améliorer les logements et les quartiers où vivent les pauvres et les défavorisés".Alors que ce siècle d'évolution rapide touche à sa fin, on constate un changement d'attitude notable en ce qui concerne l'habitat humain: la conception sectorielle et les solutions partielles font place à une vision plus globale. Au lieu de limiter la notion de "logement" à la construction de maisons à des prix abordables et à l'amélioration de l'alimentation en eau et de l'assainissement, nous en venons à considérer l'habitat comme un environnement complet, qui favorise l'épanouissement physique, intellectuel et spirituel des hommes et contribue à l'enrichissement de leur vie sociale au sein de la communauté. La Communauté internationale baha'ie souhaite encourager ce processus, tant sur le plan conceptuel que par l'action.

L'apparition, dans le monde entier, de mouvements communautaires de plus en plus nombreux confirme l'opinion de la Communauté internationale baha'ie que l'heure est venue d'instaurer la participation universelle de l'humanité en encourageant les communautés locales à prendre des initiatives et à définir leurs besoins et leurs objectifs. En effet, "les progrès dans le domaine du développement dépendront en grande partie de l'intérêt spontané suscité au niveau des collectivités, et ils devraient être alimentés et orientés par ces sources plutôt que par des plans et des programmes imposés d'en haut."*

Dans le cadre d'une conception du développement des établissements humains fondée sur la participation, la Communauté internationale baha'ie approuve le choix du thème suivant : "La planification et la gestion des établissements humains et, plus particulièrement, des villes petites et moyennes, ainsi que des pôles de croissance locaux", comme étant tout à fait opportun pour cette session de la Commission. En vue de faciliter une discussion sur ce thème, nous proposons les concepts suivants comme essentiels au processus de développement fondé sur la participation, et comme critères pour la "réalisation modèle en matière de logement."

1. "Qui fournit, qui décide?" Toute la problématique de la "planification" tient en fait dans la question suivante : "qui planifie et pour qui?". La gestion peut-elle recueillir le concours de personnes qui n'ont pas participé à la planification? Peut-on séparer la planification de la gestion, comme si la planification n'aboutissait qu'à un simple produit pour laisser la place à la gestion? De même qu'un établissement humain n'est pas une simple donnée matérielle et immuable, mais le produit, en évolution constante, de la vie sociale, de même la planification et la gestion doivent constituer un processus continu. A cette fin, la participation communautaire à tous les stades de la prise de décisions est indispensable.

2. Transition culturelle. L'évolution de nouveaux établissements humains implique que leurs résidents renoncent à certaines traditions culturelles, tout en conservant des valeurs fondamentales; qu'ils abandonnent les valeurs culturelles non essentielles et qu'ils adoptent de nouveaux idéaux et techniques. Un bon environnement permettra à ses habitants d'effectuer cette transition culturelle seuls. L'adoption de nouveaux modèles et la modification des anciens devrait donc être un processus essentiellement local.

3. Structure spatiale et forme physique. En tant que milieux servant de cadre matériel et organisationnel aux activités sociales, les établissements humains prennent une forme physique en fonction de l'apparition spontanée ou de la planification de modèles sociaux et spatiaux. L'aspect extérieur de l'établissement n'est pas sans importance. Plutôt que d'importer des modèles urbains ou d'adopter le concept de "trames d'accueil" anonyme et technocratique, il conviendrait de chercher à mieux comprendre comment les établissements traditionnels se sont structurés et d'en tirer des modèles qui puissent être utilisés judicieusement pour répondre aux besoins modernes. Un modèle réussi favorisera la cohésion sociale, tout en garantissant la liberté des relations sociales, deux conditions nécessaires à une croissance soutenue.

4. Consultation au niveau communautaire. Un établissement équilibré manifestera son unité ainsi que sa diversité. L'un des meilleurs moyens d'encourager les individus à rendre des services créateurs et à participer activement à la vie communautaire, ainsi que de préserver l'unité et le bien-être de l'ensemble de la communauté, réside en l'art de la consultation. Pour que le potentiel humain se réalise entièrement, les méthodes traditionnelles de prise de décisions doivent être transformées par une méthode de consultation fondée sur la participation universelle des membres de la communauté, qui travaillent ensemble à atteindre des buts équitables. Selon les baha'is, l'un des principes qui doit être respecté pour qu'une consultation soit efficace est le suivant : ". . . la consultation doit avoir pour but la recherche de la vérité. Celui qui exprime une opinion ne doit pas la présenter comme étant correcte et juste, mais plutôt comme une contribution à l'entente générale. . .". Au sein des communautés baha'ies, la consultation est extrêmement importante aussi car "la consultation ne sert pas seulement à résoudre les problèmes et à prendre des décisions en fonction des difficultés auxquelles on doit faire face. C'est également le moyen d'échanger et de communiquer des aspirations, de nobles idéaux, des encouragements et un appui mutuel fondé sur l'amour. . ."*

5. La liberté de choix. La possibilité de choix doit exister dans tous les aspects de la vie communautaire : le choix entre les options qui s'offrent a la communauté concernant l'orientation du  développement, l'ampleur du changement culturel, le niveau des prix en vue de réduire le coût initial de nouveaux logements, tous choix qui devraient être faits au niveau local en fonction des besoins de la communauté concerné.

Pour assurer une participation efficace au niveau local, il est essentiel que les autorités gouvernementales l'appuient de façon constructive, notamment en établissant un cadre juridique et administratif rationnel dans lequel s'inscrit l'action, et limitent leurs interventions à l'essentiel, pour ne pas étouffer l'initiative locale. La nécessité de renoncer à certains aspects de la planification et du contrôle traditionnel, en accordant aux communautés locales suffisamment d'initiative ainsi que le droit de commettre des erreurs dans leur processus de croissance est importante dans ce contexte.

La Communauté internationale baha'ie est convaincue que les environnements conçus d'après des principes unificateurs et en fonction de méthodes de participation du type examiné plus haut, trouveront en temps utile leurs propres solutions pratiques et techniques aux problèmes concrets qu'ils rencontreront dans le domaine du logement. Des projets de ce type en matière de logement déboucheront sur des modèles viables et reproductibles car ils s'adaptent bien aux différences locales, ethniques et autres particularités culturelles. Les communautés baha'ies, dont le réseau s'étend rapidement, appliquent ces méthodes au niveau local pour mener leurs activités croissantes dans le domaine du développement social et économique. Nous serons heureux de partager ces expériences dans le cadre des établissements humains et de contribuer ainsi au processus d'élaboration de ces modèles.

Par le passé, nous avons accepté l'idée qu'un changement progressif d'attitude devait préparer le terrain pour l'adoption de politiques et pour l'action. Aujourd'hui, le monde entier prend conscience de la nécessité d'élaborer un nouveau modèle de développement. Comme ce processus peut arriver à maturation plus tôt que prévu, nous devrions nous préparer hardiment à aborder une nouvelle phase de changement rapide promettant d'aboutir à l'instauration de conditions plus satisfaisantes pour les établissements humains et pour tous les aspects de la vie humaine. L'instauration de l'unité à tous les niveaux de la société, y compris la famille, qui constitue la cellule fondamentale de la société, est une condition préalable à une solution durable de tous les grands problèmes mondiaux. Il est dit dans les écrits baha'is: "Si l'amour et l'entente règnent dans une famille, cette dernière progressera, deviendra éclairée et s'élèvera sur le plan spirituel. Mais si l'hostilité et la haine règnent dans cette famille, la destruction et la dispersion sont inévitables. Il en va de même pour une ville. Si ses habitants font preuve d'un esprit d'entente et de fraternité, la ville progressera régulièrement et les conditions sociales s'amélioreront, alors qu'avec les dissensions et les querelles elle se dégradera et ses habitants se disperseront. De la même façon, le peuple d'une nation se développe et progresse vers la civilisation et l'illumination grâce à l'amour et l'entente, et il est détruit par la guerre et les dissensions."*

1. Extrait du Rapport sur l'année internationale du logement des sans abri, établi par le Directeur exécutif, à la sixième session du CNUEH, à Helsinki, du 25 avril au 6 mai 1983.

* extrait des écrits baha'is.

La Commission économique pour l'Afrique

La Commission économique pour l'Afrique

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie à la vingtième session de la Commission économique pour l'Afrique

Addis-Abeba Tahoma—25 April 1985

La Communauté internationale baha'ie est une organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif auprès de l'Organisation des Nations Unies. Son objectif général est d'aider les activités de l'Organisation des Nations Unies, visant à atteindre les buts énoncés dans la Charte des Nations Unies, correspondant aux principes fondamentaux de la communauté baha'ie, en les faisant connaître et en y collaborant sur le plan pratique. La Communauté internationale baha'ie, ainsi que ses membres, ses communautés locales et nationales, est représentée dans plus de 140 pays, y compris dans presque tous les pays africains, favorisant l'instauration d'un ordre mondial pacifique, juste et équitable, caractérisé par un développement social et économique permanent et par la réalisation universelle des droits de l'homme, en se fondant sur une foi profonde dans l'unité du genre humain.

Vu la situation qui règne actuellement dans la plupart des pays africains et l'intérêt que porte la communauté internationale aux problèmes de cette région, nous félicitons la Commission d'avoir choisi comme thème de Conférence "La crise économique et sociale en Afrique". La Communauté internationale baha'ie estime que les pays africains et les organisations intergouvernementales, dont ils sont membres, comprennent bien mieux la nature de la crise et qu'ils sont donc, désormais, mieux à même, sur le plan conceptuel, de s'attaquer aux problèmes de façon constructive. Le Plan d'action de Lagos, adopté à la réunion du sommet africain en 1980, reste toujours aussi pertinent, car il énonce les principes fondamentaux devant orienter la recherche d'un développement autosuffisant et autonome. Les documents publiés ultérieurement, tels que la publication commune de l'OAU, l'OUA et de la FAO, intitulée "La famine en Afrique" et l'étude intitulée "La CEA et le développement de l'Afrique de 1983 à 2008", proposent des directives et des principes d'action bien conçus et plus détaillés devant régir l'application du Plan d'action de Lagos. Cependant, bien que les pays africains soient conscients de l'orientation générale à donner aux mesures qu'ils doivent prendre pour remédier à cette situation, et malgré les progrès considérables qu'ils n'ont cessé d'accomplir dans des domaines tels que l'alphabétisation et les soins de santé primaires, la crise économique et sociale en Afrique est toujours aussi grave.

Dans l'étude de la CEA, la volition de l'homme est considérée comme une condition sine qua non pour résoudre la crise: "La coopération et l'intégration économiques, de même que la détermination politique ou la volonté de développement, sont des éléments qualitatifs extrêmement importants qui apparaissent dans tous les scénarios de développement...". Cette étude indique également que la réalisation du scénario de développement progressif qu'elle présente comme une possibilité, "dépend essentiellement de la volonté de l'Afrique, c'est-à-dire de celle de ses habitants d'amorcer le changement".

La Communauté internationale baha'ie considère l'extrême importance de ces observations. Afin d'atteindre effectivement les buts louables de l'autosuffisance et de l'autonomie, il faut susciter chez les individus et au sein de la société une motivation et une volonté suffisantes pour s'attacher avec persévérance à réaliser leurs buts par de réels efforts de développement, même dans l'adversité. Les baha'is conçoivent la notion de développement de la façon suivante: chaque être humain, et donc la société dans son ensemble, a un potentiel de développement illimité et un besoin spirituel profond de réaliser ce potentiel. Pour les baha'is, le véritable bonheur de la personne réside dans "le respect de lui-même, les grandes résolutions et les nobles buts, dans l'intégrité, les qualités morales et dans la pureté d'intentions" et "à assurer la paix et le bien-être de chaque membre de la race humaine..." [Extrait des écrits baha'is] La réalisation de ce potentiel est un processus de renforcement mutuel par lequel les qualités des individus qui recherchent leur épanouissement personnel ont une influence bénéfique sur la société et l'orientation des politiques, qui à leur tour créent un environnement de plus en plus propice à l'épanouissement individuel et au développement social et économique. La promotion d'une civilisation matérielle, sociale et spirituelle toujours en progrès est donc au centre de la pensée baha'ie et constitue un idéal extrêmement motivant.

L'importance accordée à l'épanouissement individuel et à la nécessité de le mettre au service de l'intérêt général devrait avoir également des conséquences sur le plan international. Comme on l'a indiqué plus haut, un principe fondamental de la pensée baha'ie est l'unité de l'humanité, et cela signifie, en quelques mots, "considérer l'humanité comme un simple individu et soi-même comme un membre de ce corps, et savoir en toute certitude que si la souffrance ou quelque blessure afflige un membre de ce corps, il en résulte inévitablement de la souffrance pour tout le reste".[Extrait des écrits baha'is] Il est indéniable qu'au fil des ans on a mis de plus en plus l'accent sur la solidarité comme étant la clé de tout, au cours des débats concernant les moyens de résoudre les graves problèmes internationaux d'aujourd'hui. Les écrits baha'is qualifient la notion de solidarité et ses conséquences "d'esprit de solidarité mondiale qui naît spontanément du chaos d'une société désorganisée".[Extrait des écrits baha'is] Ils précisent également que "la progression et le développement de cette noble conception doivent intéresser de plus en plus les gardiens du destin des peuples et des nations qui sont conscients de leurs responsabilités".[Extrait des écrits baha'is] Cette évolution, qui implique une diffusion au niveau mondial des valeurs fondamentales communes, revêt une importance cruciale car, pour s'accomplir, la responsabilité mondiale exige que l'humanité toute entière partage un certain niveau de ces valeurs. Tant que cela ne se fera pas, l'humanité ne pourra pas se constituer en communauté mondiale, ni gérer efficacement ses affaires, notamment concernant l'instauration d'un nouvel ordre économique international.

Comme ces valeurs ne sont pas encore assez implantées pour permettre de s'attaquer résolument aux problèmes mondiaux à l'échelle internationale, il est urgent de mettre au point un vaste programme intensif d'éducation de tous les peuples pour leur enseigner ce principe vital - et cette vérité - de l'unité organique de l'humanité. C'est aussi dans le cadre de ces valeurs naissantes et profondes que l'on devrait voir s'instaurer et s'intensifier en Afrique une collaboration qui constitue indéniablement un élément indispensable au développement global du continent.

Il est indiqué dans la publication commune de l'OUA et de la FAO mentionnée plus haut, que l'on n'a pas "compris ni cherché à améliorer, avec la participation active des communautés rurales et des systèmes de culture traditionnels, la rationalité  sur le plan écologique, qui pourraient être rendus plus productifs et satisfaire les besoins alimentaires, socio-économiques et culturels des petits agriculteurs". Il est également indiqué que les systèmes traditionnels de greniers communautaires sont en voie de disparition, et que les liens de solidarité communautaires sont en voie de dissolution. La Communauté internationale baha'ie estime que cette tendance déplorable devrait être à tout prix renversée en valorisant les activités agricoles sur le plan social et en tenant davantage compte des besoins et des souhaits des cultivateurs exploitants, notamment des femmes qui jouent un rôle essentiel dans le cycle alimentaire et qui sont généralement les principaux producteurs agricoles. Il est capital de reconnaître que l'agriculture est le pivot et le fondement de l'économie et d'en tenir compte aussi bien dans les politiques générales que dans leur exécution. Les baha'is estiment qu'afin de réaliser l'équité et d'obtenir pour chaque membre de la société "le maximum de prospérité et de bien-être... nous devons commencer par l'agriculteur; c'est à ce niveau que nous poserons les fondations d'un système et d'un ordre, car les services de la classe des paysans et des agriculteurs dépassent en importance celui de toutes les autres classes sociales". [Extrait des écrits baha'is]

L'extrême importance qu'attachent les baha'is à l'épanouissement de la personne et au fait de le mettre au service d'autrui donne à la coopération un rôle essentiel. Il est maintenant admis que la participation de la population au processus de développement, par la coopération, est un élément essentiel pour assurer le succès des activités de développement. Cette participation de la population devrait être, d'après les baha'is, un processus qui permettrait à la population locale de prendre des initiatives et de s'organiser, afin d'accroître sa capacité de planification et de réalisation des activités autosuffisantes, et notamment de prendre des mesures pour assurer la sécurité alimentaire à l'échelle de la communauté.

La participation croissante des baha'is aux activités de développement économique et social est axée principalement sur l'enseignement élémentaire, les soins de santé primaires et l'agriculture, sans négliger la nécessité de promouvoir le rôle et la condition de la femme, afin de réaliser le principe de l'égalité des sexes que préconisent les baha'is. Cela montre l'importance attachée aux besoins élémentaires, d'autant plus importants, qu'aujourd'hui une grande partie de l'humanité est privée de tout ce qui constitue un niveau de vie décent. Les communautés baha'ies participent aux efforts déployés par les gouvernements et par les institutions des Nations Unies dans ce domaine et devraient être mieux à même de fournir des modèles novateurs de développement caractérisés par la participation, la continuité et l'autosuffisance, ainsi que la reproductibilité, en particulier au niveau communautaire.

La Communauté internationale baha'ie, par le passé, a participé activement à un certain nombre de conférences de la CEA et de l'ONU sur des sujets très divers dans plusieurs pays africains. Elle travaille également en étroite collaboration avec les deux autres organes de l'ONU situés en Afrique: le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT) à Nairobi, et elle a contribué aux opérations d'urgence dans plusieurs pays. La Communauté internationale baha'ie est disposée à collaborer davantage aux efforts de la Commission, visant à promouvoir les buts énoncés dans la Charte des Nations Unies et, par là même, à assurer à l'Afrique un avenir plus prospère, conforme aux aspirations et aux ambitions de ses états membres.

  1. La Famine en Afrique. Situation. Cause. Prévention. Solution. Organisation de l'unité africaine, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Rome, 1982.
  2. La CEA et le développement de l'Afrique, 1983-2008. Étude prospective préliminaire. Commission économique pour l'Afrique, Addis-Abeba, avril 1983.
  3. Ibid, p. 15.
  4. OUA/FAO, op. cit., p. 14

La contribution des jeunes à la paix mondiale

La contribution des jeunes à la paix mondiale

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie à la Conférence internationale de la jeunesse.

Kingston, Jamaïque—6 April 1985

La Communauté internationale baha'ie est très heureuse d'avoir l'occasion de faire quelques observations sur la contribution cruciale des jeunes à l'instauration d'une paix mondiale durable et à l'édification d'une civilisation mondiale. Voici quelques-uns des moyens grâce auxquels, croyons-nous, les jeunes peuvent accélérer la réalisation de ces buts:

- En comprenant le principe de l'unité fondamentale de l'humanité et en s'en imprégnant, tout en exprimant cette croyance dans l'action. La science et la religion nous ont enseigné que l'humanité est une et que nous formons un seul peuple, vivant sur une seule planète - un seul monde - et que chacun de nous fait partie intégrante, ou est un élément, pourrions-nous dire, de l'humanité. Si l'un de ses membres est faible ou malade, tout le corps en pâtira: chacun de nous, en tant que membre inséparable du corps souffrira donc ou sera détruit.

- En s'efforçant d'éliminer systématiquement toute forme de préjugé et de discrimination, qu'ils se fondent sur la race, la religion, le sexe, la nationalité ou la classe sociale.

Si nous ne sommes pas conscients de nos préjugés et si nous ne nous efforçons pas constamment - jour après jour - de nous libérer de ces forces qui entraînent la division, nous nous mutilerons ou nous nous détruirons individuellement. De plus, il sera impossible de réaliser l'unité par la coopération, dans toute la riche diversité de la vie humaine, et d'instaurer la paix, conséquence de cette unité.

- En privilégiant une éducation complète (spirituelle, morale, intellectuelle, affective et physique), une éducation de toute la personne.

Cela peut être réalisé, selon les baha'is, premièrement grâce au développement, chez chaque être humain, des plus hautes valeurs spirituelles et morales enseignées dans les écrits baha'is et dans les écritures d'autres religions révélées: parmi ces valeurs figurent les qualités d'amour, de compassion, de justice, de sincérité, d'honnêteté, de loyauté et de courtoisie. Ces qualités, essentielles pour la formation de la personnalité, doivent être intériorisées et exprimées dans nos actions quotidiennes, soit dans le contexte de nos familles, de notre communauté, de notre pays, ou du monde entier. Ce processus d'éducation doit être fondé sur notre acceptation et notre respect du principe de l'unité fondamentale du genre humain, et sur la conviction que tous les êtres humains sont fondamentalement spirituels par nature, serviteurs d'un Créateur, et qu'ils doivent exprimer leur amour de Dieu en servant leurs semblables.

Deuxièmement, chaque personne doit recevoir une éducation et une formation dans des écoles, pour l'épanouissement complet de ses talents, capacités et potentialités de façon à pouvoir exercer un métier ou une profession et à contribuer, par un travail rémunéré, au développement de son pays et du monde. L'accent doit être mis également, selon les baha'is, sur l'éducation souvent négligée des femmes.

Cette éducation doit être donnée par la famille ou la communauté, et nous devons tous nous engager à privilégier cette éducation, afin de pouvoir contribuer de façon unique à la vie sur cette planète. Puisque le travail fait dans le but de servir l'humanité est, selon les baha'is, une forme d'adoration, les jeunes, doivent donc recevoir une formation dans les domaines des arts et des sciences.

En outre, l'éducation et la formation des jeunes doivent, croyons-nous, être fondées sur l'accord fondamental de la science et de la religion car, en tant qu'aspects d'une seule vérité, elles offrent toutes les deux les valeurs et les connaissances qui transformeront cette planète en un lieu de paix et d'harmonie, en respectant la riche diversité de l'humanité et en insistant sur les différences culturelles qui nous unissent au lieu de nous diviser.

La Conférence internationale de la jeunesse est un bel exemple de la diversité de la nature, des expériences et des aspirations humaines, car elle réunit des jeunes de nombreuses régions du monde pour trouver les moyens de réaliser les buts de l'Année internationale de la jeunesse: participation, développement et paix. Le respect des opinions des autres et l'acceptation de notre condition humaine commune - car nous sommes tous de création divine, et des liens indissolubles nous unissent au Créateur de l'univers - sont deux conditions essentielles selon l'opinion de la Communauté internationale baha'ie.

C'est ce qui motive et fait agir les jeunes baha'is de plus de 2000 origines ethniques différentes, qui s'efforcent dans plus de 160 pays indépendants, de résoudre les problèmes spirituels, sociaux et économiques cruciaux du monde.

L'objectif de la paix mondiale est plus qu'une possibilité. C'est, croyons-nous, une chose inévitable, et la lumière au bout du tunnel qui doit constituer pour les jeunes un pari stimulant pour leur esprit et leur énergie, pour leur ardeur à construire un monde meilleur. Car un monde de paix, selon la vision décrite dans les écrits de la foi baha'ie, sera un monde dans lequel la somme énorme d'énergie gaspillée pour la guerre, qu'elle soit économique ou politique, sera affectée à des buts tels que la multiplication des inventions humaines et le progrès technique, l'accroissement de la productivité de l'humanité, l'élimination de la maladie, le développement de la recherche scientifique, l'amélioration de la qualité des soins de santé, le perfectionnement et le raffinement du cerveau humain, la mise en valeur des ressources non utilisées et insoupçonnées de la planète, la prolongation de la vie humaine et la promotion de tout autre agent qui stimule la vie intellectuelle, morale et spirituelle de tout le genre humain.

Nous sommes heureux de participer à cette conférence et de nous joindre à vous pour promouvoir la paix mondiale.

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