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Question d'une convention relative aux droits de l'enfant

Question d'une convention relative aux droits de l'enfant

Proposition soumise par la Communauté internationale baha'ie, organisation non-gouvernementale dotée du statut consultatif (catégorie II).

25 January 1985

Commission des droits de l'homme, quarante et unième session

Groupe de travail préliminaire à composition non limitée sur la question d'une convention relative aux droits de l'enfant.

Article 16 révisé

L'enfant a le droit de recevoir, en plus d'une instruction et des conseils, une formation et une éducation visant à promouvoir son développement et son bien-être social, spirituel et moral.

Les conseils, les formations et l'éducation auront essentiellement pour objectif :

- de favoriser le développement harmonieux de la personnalité de l'enfant et la pleine réalisation de ses potentialités;

- de protéger l'enfant, en développant sa capacité à résister aux influences ou pressions extérieures de nature à le mener à la licence, ou la délinquance, ou a des pratiques préjudiciables à sa santé physique ou mentale, ou à son bien-être social, spirituel ou moral;

- de préparer l'enfant à exercer les droits et à prendre les responsabilités de la vie d'adulte d'une façon qui soit conforme à la fois à son propre bien-être et au bien-être d'autrui;

- d'inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales et une attitude de compréhension, de respect et d'amitié envers tous les peuples, indépendamment de la race, du sexe, de la classe, de la couleur, de la nationalité, de l'origine ethnique, de la religion ou de la croyance;

- d'inculquer à l'enfant les principes de la paix et de la fraternité universelle proclamée dans la Charte des Nations Unies et le désir de les promouvoir.

Les États participants à la présente Convention, doivent garder à l'esprit que, conformément à l'article 8, la responsabilité de l'éducation et du développement de l'enfant incombe à ses parents ou tuteurs qui doivent mettre tout en œuvre pour :

- faire prendre davantage conscience à la population de l'importance de l'éducation sociale, spirituelle et morale de l'enfant, en particulier pendant ses premières années;

- faire reconnaître et comprendre à tous ceux que concerne l'éducation de l'enfant, plus particulièrement ses parents ou tuteurs, le caractère indispensable de leur rôle et l'importance primordiale de leur exemple pour le développement social, spirituel et moral de l'enfant;

- encourager les écoles à adopter des principes directeurs et des programmes d'enseignement visant à favoriser le développement social, spirituel et moral de l'enfant.

Développement économique et social: la contribution des baha'is

Développement économique et social: la contribution des baha'is

Document établi à l'intention de la Conférence annuelle des organisations non- gouvernementales organisée par le département de l'information de l'Organisation des Nations Unies. "Nouvelles approches du développement: construire un monde juste".

5 September 1984

I. Introduction

La Communauté internationale baha'ie est une communauté internationale dont les membres appartiennent à tous les groupes humains, regroupant des hommes et des femmes aux origines religieuses et ethniques les plus variées, qui représente presque toutes les nationalités, classes, professions et qui compte des êtres humains de toutes sortes, qu'ils soient riches ou pauvres et alphabétisés ou non.

La Communauté internationale baha'ie regroupe environ 2 000 groupes et tribus ethniques et les baha'is vivent dans plus de 100 000 localités situées dans presque tous les pays et territoires du monde entier.

La Communauté internationale baha'ie est également une organisation non - gouvernementale qui coopère étroitement avec l'Organisation des Nations Unies en vue d'atteindre les buts énoncés dans la Charte des Nations Unies, à savoir la paix mondiale, le respect des droits de l'homme et le plein développement économique et social de tous les peuples.

II. Principes du développement

Le développement peut être fondamentalement défini comme un processus comparable à l'épanouissement d'un bourgeon. Conformément à cette définition, le développement humain, social et économique constitue essentiellement un processus de croissance qui permet aux peuples et aux sociétés de mettre tout leur potentiel en valeur.

Du point de vue des baha'is, le potentiel des êtres humains, et partant, de la société humaine elle-même , est infini. Chaque individu, indépendamment de son sexe, de sa race, de sa croyance ou de sa nationalité est considéré comme doté, par nature, de qualités, de vertus et de pouvoirs considérables. L'existence humaine a pour but de mettre pleinement à profit les possibilités potentielles offertes par ces dons divins. Le développement et l'épanouissement individuels constituent donc à la fois un droit et un devoir qui découlent de la nature même de la vie humaine. Il s'agit là du motif essentiel de la participation des baha'is au développement, et notamment au développement économique et social. L'homme est aussi, nécessairement, un être social et c'est un des principes fondamentaux de la foi baha'ie est que nul ne peut développer son propres potentiels et des possibilités qu'à la condition qu'il serve les autres êtres humains. Du point de vue des baha'is, l'honneur et le mérite de chacun consistent à contribuer au bien social.

Le fait que les baha'is mettent tant l'accent sur l'épanouissement du potentiel de chacun et sur l'expression de cette capacité grâce aux services rendus à autrui, contribue à faire de la coopération un moyen d'action indispensable. C'est ce qui ressort pleinement du point de vue baha'i, qui est à présent communément partagé, selon lequel la participation populaire au processus de développement, grâce au mécanisme de la coopération, est indispensable au succès des activités de développement. Du point de vue baha'is, cette participation populaire doit constituer un processus par lequel la population locale prend des initiatives--et s'organise--pour accroître sa capacité d'exécution et de contrôle sur les ressources disponibles et les activités entreprises.

Il a été clairement établi que le principe de la participation populaire ne peut être pleinement mis en œuvre que s'il comporte aussi, et à ce moment là seulement, la création ou le développement d'organisations par la population locale elle-même qui est en mesure, par l'intermédiaire de ces organisations, de définir, de planifier, d'exécuter et de poursuivre les activités de développement qu'elle a elle-même choisies. Cette condition souligne l'importance fondamentale de la liberté d'association et contribue aussi à promouvoir efficacement la répartition juste et équitable des revenus et de la richesse. Elle offre également une perspective qui permet de faire ressortir l'importance de la capacité locale d'intégrer et d'utiliser les services rendus par les experts étrangers, qui risquent sinon d'exercer une influence dépassant leur domaine de compétence technique et de gêner les efforts visant à encourager la population locale à créer une structure autonome de participation authentique à son propre profit.

III. La compétence et l'orientation des baha'is en matière de développement

Des activités de développement dans les domaines économique et social ont été menées tout au long du XXème siècle au sein de différents secteurs de la Communauté internationale baha'ie. Ce n'est que tout récemment toutefois que celle-ci a estimé juger être suffisamment structurée pour que les communautés baha'ies puissent intégrer de façon générale le développement économique et social dans le cadre de leurs activités.

La conception baha'ie du développement repose sur le principe déjà mentionné selon lequel l'être humain et la société des hommes ont un potentiel illimité de développement et un besoin inhérent de tirer pleinement parti de cette capacité latente. La conception baha'ie de la société accorde une place centrale à la promotion d'une civilisation matérielle, sociale et spirituelle en constant progrès. Les principes baha'is ont montré qu'ils étaient en mesure d'encourager les participants et bénéficiaires, tout autant que les experts, et de leur inspirer l'énergie et la volonté nécessaires pour chercher sans relâche à donner une forme concrète à cette vision par de réels efforts de développement, en dépit parfois de circonstances extérieures difficiles.

C'est sur la base de ces considérations et de cette volonté, et grâce à la mise en œuvre des principes baha'is du service, de la participation et de la coopération par tous ceux qui participent à un projet ou à une action de développement, qu'il a été possible de parvenir à un degré élevé de cohésion sociale. L'expérience acquise en matière de développement a montré que cette cohésion sociale--qui assure un niveau suffisant d'unité dans la diversité--constitue souvent un élément nécessaire des efforts visant à un développement régulier et équitable. Le processus de développement risque sinon d'être menacé par l'aggravation des rivalités et de la répartition inéquitable des bienfaits du développement.

Les communautés baha'ies sont organisées dans le cadre d'une structure démocratique où la participation est pleinement assurée et où les assemblées sont élues au niveau local, national et international. Les activités de développement économique et social sont habituellement menées à l'initiative des communautés locales où les priorités sont identifiées et les actions envisagées sont définies dans le cadre d'un processus de participation et de consultation. A l'heure actuelle, il existe dans le monde entier plus de 30 000 communautés baha'ies locales qui sont organisées de cette façon et dont la plupart sont implantées dans des pays en développement. Le mode d'organisation des baha'is constitue par conséquent une structure communautaire authentique qui s'est progressivement formée et renforcée après de nombreuses décennies.

Conformément à l'orientation universelle de la foi baha'ie, tous les efforts de développement économique et social sont conçus et orientés de façon à rendre service à toute la population par des actions concrètes, en utilisant à cette fin l'organisation structurelle des baha'is. Par conséquent, toutes les activités tendent plutôt, à inclure les intéressés qu'à les exclure et elles partent de la communauté baha'ie pour se diffuser peu à peu dans l'ensemble de la communauté à mesure que l'expérience acquise et les capacités locales vont grandissantes. C'est ainsi qu'une grande proportion des activités baha'ies menées dans le domaine de l'alphabétisation et de l'enseignement sont confiées à des personnes qui ne font pas partie de la communauté baha'ie.

Certains aspects du développement économique et social des baha'is sont considérés comme présentant une importance particulière: l'éducation, les soins de santé et l'agriculture--tout particulièrement dans le contexte du développement global des villages ou des communautés. Ces domaines ont tous un rôle essentiel à jouer pour le plein épanouissement du potentiel humain, pour la réalisation de progrès constants et la création de conditions de vie humaines pour la population. Ce choix amène à mettre l'accent sur les besoins fondamentaux, ce qui est considéré comme un aspect particulièrement vital à une époque où une grande partie de l'humanité ne dispose pas des éléments nécessaires à des conditions de vie décentes. Cette orientation correspond pleinement aux principes fondamentaux des baha'is qui insistent sur l'importance de l'équité et de l'abolition de la pauvreté.

IV. L'expérience des baha'is en matière de développement

La plupart des activités de développement économique et social qui ont été organisées jusqu'ici par les communautés baha'ies relèvent du domaine de l'éducation. Des programmes d'alphabétisation et d'enseignement primaire existent déjà, ou vont bientôt être créés, dans quelques 40 pays en développement et particulièrement dans des zones rurales où aucune forme d'enseignement n'était dispensée auparavant. Des écoles secondaires accordant une grande importance à la formation professionnelle ont également été créées dans plusieurs pays et il est envisagé d'en implanter davantage. D'autres activités intéressent concernent les soins de santé, les services sociaux, le développement communautaire, l'agriculture et les communications. Ce dernier domaine consiste, à présent, à assurer la radiodiffusion dans certains pays de programmes culturels dans certains pays apportant des d'informations et des conseils pratiques sur l'alphabétisation, les soins de santé primaires, l'alimentation, l'agriculture et d'autres aspects du développement rural.

Bien que la plupart de ces projets soient exclusivement financés par des sources baha'ies, il a été possible d'inciter des organismes gouvernementaux d'aide bilatérale au développement, de co-financer certains projets plus importants. Un grand nombre de projets ont été récemment identifiés et planifiés par des communautés baha'ies nationales et locales sur la base des engagements, notamment financiers, que les communautés elles-mêmes ont pris et avec le concours, dans certains cas de communautés baha'ies des pays industrialisés. On s'attend aussi à une augmentation de la collaboration, notamment financière, de donateurs et d'établissements techniques étrangers.

V. Coopération avec le système des Nations Unies

Des déclarations de principe, exposant le point de vue des baha'is sur les principaux aspects du développement économique et social qui relèvent de la compétence de l'Organisation des Nations Unies, sont présentées depuis un certain nombre d'années à l'occasion de conférences et de réunions internationales d'organismes et d'institutions spécialisés de l'ONU. Ces contributions ont notamment porté sur des sujets aussi divers que l'alimentation, la population, les stupéfiants et l'alcool, les personnes âgées, les femmes, la jeunesse, le commerce international, l'éducation, la santé, et l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique.

La Communauté internationale baha'ie collabore déjà dans certains pays à la réalisation de projets de développement économique et social par des organismes de l'ONU. Elle étudie actuellement les modalités permettant de renforcer substantiellement cette coopération en égard à la participation croissante des baha'is à ces activités. Les progrès dans ce domaine devraient notamment porter sur les échanges d'informations, le co-financement et le partage des connaissances techniques.

Les projets lancés par les baha'is, qui sont inspirés par la philosophie du développement précédemment exposée et qui tirent pleinement parti de l'expérience pratique et des connaissances techniques acquises ces dernières décennies dans le cadre du système des Nations Unies, devraient permettre d'aboutir, de plus en plus souvent, aux intéressantes réalisations de développement qui soient communautaires, durables et faciles à reproduire. La Communauté internationale baha'ie espère que les méthodes ainsi élaborées contribueront aux efforts menés par l'Organisation des Nations Unies et par d'autres organismes de développement pour mettre au point une méthodologie de développement efficace de développement qui ait des effets bénéfiques et équitables à long terme.

Le 5 septembre 1984

Le nouvel ordre économique international et la promotion des droits de l'homme

Le nouvel ordre économique international et la promotion des droits de l'homme

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie devant la Sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités, à sa trente-septième session. Point 11 de l'ordre du jour: le nouvel ordre économique international et la promotion des droits de l'homme.

Genève, Suisse—1 August 1984

Le Rapporteur spécial de la Sous-commission, à sa trente-sixième session a déclaré dans son exposé, que "La crise de structure des relations économiques internationales qui est une crise globale appelle des solutions globales" et il a terminé son étude en soulignant qu'il est indispensable à cet égard "que les relations économiques, à l'échelon international comme à l'échelon national, soient régies par deux principes: la dignité de l'être humain et la solidarité entre les hommes. Dans le contexte de l'instauration d'un nouvel ordre économique international, le respect absolu des droits de l'homme doit être à la fois comme une fin en soi et comme un moyen indispensable."

La Communauté internationale baha'ie souscrit pleinement à ce point de vue. Nous avons en outre la conviction que le développement de la solidarité humaine à l'échelon des individus est une condition indispensable pour que les gouvernements puissent mettre en œuvre des réformes, aux niveaux international et national, en vue de créer un ordre économique plus équitable, conformément aux multiples résolutions et déclarations d'intention que l'Organisation des Nations Unies a adoptées. C'est seulement lorsque des couches importantes de la population auront adopté de telles attitudes que les gouvernements disposeront de la base populaire et du soutien nécessaire à l'adoption de politiques différentes de celles qui sont à présent en vigueur et qui sont caractérisées par un rejet des mécanismes et des solutions de portée supranationale, sauf dans le cas où ceux-ci sont jugés apte à mieux servir la cause de l'intérêt national que d'autres méthodes.

Les différents instruments juridiques adoptés en matière de droits de l'homme mettent de plus en plus l'accent sur la solidarité. Cette tendance est sans doute la plus manifestement illustrée par les efforts qui ont été récemment déployés pour élargir la notion de droits de l'homme, en explicitant les droits dits consolidés qui englobent un certain nombre de droits de l'homme déjà reconnus. Il s'agit notamment des droits au développement, à la qualité du cadre de vie, au patrimoine commun de l'humanité, à la communication (etc...), lesquels présentent un intérêt particulier pour la notion de nouvel ordre économique international. L'importance primordiale de la notion de solidarité et de ses incidences est évoquée dans les écrits baha'is, où il est fait état de "l'esprit de solidarité mondiale surgi spontanément du gâchis d'une société désorganisée(...),la croissance et le développement de cette sublime conception qui doit, toujours plus, attirer l'attention des gardiens responsables des destinées des peuples et des nations."

Les différents instruments juridiques en matière de droits de l'homme qui ont été adoptés à l'ONU par la communauté internationale, constituent une première transposition, d'une importance cruciale, sur le plan international de valeurs fondamentales communes à tous les peuples. Ce processus joue un rôle essentiel car pour assumer une responsabilité à l'échelle mondiale il faut que l'humanité dans son ensemble souscrive au moins à certaines de ces valeurs, comme ce fut le cas à l'intérieur de chaque État. C'est seulement si et quand lorsque ces conditions seront réunies que l'humanité pourra devenir une véritable communauté internationale et régler comme il convient les problèmes mondiaux, en instaurant notamment un nouvel ordre international.

Comme les valeurs universelles dont il est question n'ont pas une base assez solide pour qu'il soit possible de s'attaquer résolument aux problèmes mondiaux à l'échelle internationale, la Communauté internationale baha'ie a soumis à l'Assemblée générale des Nations Unies un programme complet et intensif en vue d'inculquer à tous les peuples le principe vital - et la vérité même - de l'unité organique de l'humanité. Nous recommandons qu'un tel programme d'enseignement, doué d'une structure universelle adaptable à chaque culture, soit encouragé par les gouvernements - par l'intermédiaire des écoles, des médias, des entreprises d'affaires, de l'industrie, en fait par tous les moyens publics et privés - dans tous les pays.

Ce programme d'enseignement - tirant parti de toutes les connaissances humaines témoignant de cette unité de l'humanité - commencerait par développer, dans l'esprit de tous les peuples, une compréhension et l'acceptation de l'unité de la race humaine, amenant enfin à une acceptation de toute la riche diversité des cultures en tant que parties intégrales et unifiées d'une seule et même entité, ainsi que la reconnaissance de la terre comme étant la seule et même demeure de la seule et même famille humaine.

La Communauté internationale baha'ie s'emploie activement à promouvoir les principes figurant dans les principaux instruments juridiques de l'organisation des Nations Unies qui ont trait aux droits de l'homme et à les intégrer dans les valeurs et comportements d'un nombre de plus en plus importants d'êtres humains. Les baha'is, qui constituent un échantillon représentatif de l'humanité, puisqu'ils appartiennent à plus de 2000 groupes ethniques, vivent actuellement dans plus de l00.000 localités différentes situées dans presque tous les pays du monde. La notion fondamentale qui contient l'essentiel de la pensée baha'ie est le principe de l'unité de l'humanité, lequel est au centre de l'enseignement de Bahá'u'lláh, le Fondateur de la foi baha'ie. Pour les baha'is, il n'est possible de parvenir finalement à l'instauration de cette unité fondamentale et d'un nouvel ordre international qui soit équitable et juste que dans le cadre d'une fédération mondiale fondée sur l'unité dans la diversité. C'est seulement sur ce modèle structurel, reposant sur un ensemble de valeurs communément reconnues, qu'il sera possible de résoudre réellement les problèmes économiques essentiels du monde contemporain qui est caractérisé par des relations d'interdépendance, de sauvegarder les droits de l'homme de tous les êtres humains et de permettre l'épanouissement du potentiel du genre humain.

L'ordre international aboutirait, d'après les enseignements baha'is, à "l'établissement d'une communauté internationale au sein de laquelle (...) seraient intégralement et irrévocablement préservées l'autonomie de ses États membres ainsi que la liberté et l'initiative individuelles de chacun de leurs ressortissants." Ce système est également caractérisé par le fait que "les ressources économiques du monde seront organisées, ses marchés coordonnés et développés et la distribution de ses produits sera équitablement organisée". "La masse considérable des énergies gaspillées dans les guerres (...) sera consacrée à d'autres fins susceptibles d'élargir le champ des découvertes et du développement technique, d'accroître la productivité de l'humanité et d'éliminer la maladie...et de promouvoir l'action de tout autre organisme à même de stimuler la vie intellectuelle, morale et spirituelle de toute la race humaine."

1. Conseil économique et social de l'Organisation des Nations Unies, Commission des droits de l'homme, Sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités, trente-sixième session, point 12 de l'ordre du jour provisoire, Étude sur le nouvel ordre économique international et la promotion des droits de l'homme, Rapport final établi par M. Raúl Ferrero, Rapporteur spécial (E/CN.4/Sub.2/1983/24/Add.l/Rev.l), 18 novembre 1983, pp. 9 et 12.

2. Déclaration verbale faite par la Communauté internationale baha'ie lors de la deuxième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement, le 24 juin 1982.

La paix et la sécurité internationale

La paix et la sécurité internationale

Commission de la condition de la femme, trentième session

Vienne, Autriche—15 February 1984

Point 6 de l'ordre du jour provisoire*
Participation des femmes
à la lutte pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationale et contre le colonialisme, le racisme, la discrimination raciale, l'agression et l'occupation étrangère et toutes les formes de domination étrangère

Déclaration communiquée par la Communauté internationale baha'ie, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif de la catégorie II
Le Secrétaire général a reçu la déclaration suivante, qui est distribuée conformément aux paragraphes 29 et 30 de la résolution 1296 (XLIV) du Conseil économique et social.

 

Deux courts passages des écritures baha'ies paraissent s'appliquer tout particulièrement à la question examinée par la Commission de la condition de la femme à sa présente session, au titre du point 6 de l'ordre du jour, à savoir : la participation des femmes à la lutte pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationale. Les déclarations suivantes, faites en 1912 par `Abdu'l-Bahá, fils du fondateur de la foi baha'ie, traitent des qualités que les femmes mettent au service de la paix :

Quand toute l'humanité bénéficiera des mêmes possibilités d'éducation et que l'égalité des hommes et des femmes sera acquise, les raisons de faire la guerre auront complètement disparu... L'égalité entre les hommes et les femmes facilite l'abolition de l'état de guerre parce que les femmes ne seront jamais disposées à l'approuver.

Le monde a été autrefois soumis au règne de la force et l'homme a dominé la femme parce qu'il était physiquement et mentalement plus vigoureux et plus agressif. Mais la balance commence déjà à pencher de l'autre coté, la violence perd de son influence et la vivacité de l'esprit, l'intuition et les qualités spirituelles mises au service de l'amour et de l'altruisme, toutes choses où la femme excelle, prennent de l'ascendant. C'est pourquoi les temps nouveaux porteront moins la marque de l'homme et subiront davantage l'influence des idéaux de la femme ou, pour être plus exact, ils se caractériseront par un meilleur équilibre des éléments masculins et féminins de la civilisation.

Le principe de l'égalité des hommes et des femmes -un des grands principes de l'enseignement baha'i en rapport avec l'unité de l'humanité et l'instauration de la paix universelle - a été activement encouragé par les baha'ies pendant plus de cent ans. Les liens existant entre la paix et l'égalité des hommes et des femmes ont pris plus d'importance au cours des dernières années car les femmes ont participé de façon plus active à la solution des problèmes de notre monde. Il est encourageant que le caractère non agressif des femmes, qui par nature recherchent comment elles pourraient coopérer à la solution de ces problèmes, commence à être reconnu dans les sociétés qui s'efforcent de résoudre les conflits par des moyens pacifiques.

Toutefois, il est évident que pour participer de façon significative à l'instauration de la paix, les femmes doivent faire preuve de plus d'imagination que l'on en a dans le monde actuel. Elles doivent s'efforcer constamment d'acquérir un état d'esprit et des attitudes pacifiques et de les développer pour comprendre les questions fondamentales que pose la paix mondiale -y compris les causes déterminantes de la guerre - et se consacrer sans réserve au grandiose objectif de la solidarité internationale, solidarité qui contraint toutes les nations et tous les peuples à jouer leur rôle sans qu'un seul puisse asseoir sa domination ou son autorité.

Reconnaître l'unité organique de l'humanité c'est comprendre que la paix n'est pas affaire de choix, c'est une nécessité de notre époque; en effet, la mauvaise santé d'une seule partie de l'organisme mondial gagne toutes les autres parties et la santé du monde entier dépend de la protection et de la sécurité garanties à chacune de ses parties. Quand nous devons trouver des solutions, qu'il s'agisse de l'environnement, de la stabilité économique et du progrès, de l'abolition des préjugés liés à la nationalité, à la race, à la classe sociale ou au sexe - toute question donnant lieu à désaccord - nous nous heurtons à la réalité de l'interdépendance croissante des peuples et des nations. Les philosophies prônant la souveraineté illimitée des nations se révèlent périmées car les crises internationales, qui se succèdent et démontrent que nous sommes incapables de nous convaincre de l'unité organique de l'humanité -et de remettre en cause cette conviction - nous interdisent de résoudre de façon durable des problèmes difficiles.

Chaque fois que des liens de solidarité ont été renforcés entre les Etats, nous avons jusqu'à un certain point réussi, bien que nous ayons pu souvent recourir à cette action unitaire parce que l'interdépendance nous était imposée -ou avantageuse- mais jamais en toute liberté. Les succès enregistrés par la coopération des gouvernements et des organisations non gouvernementales - soulignés par la place que les programmes de l'Organisation des Nations Unies accordent aux grandes questions - sont la preuve grandissante que la société pacifique de l'avenir doit reposer nécessairement sur l'unité.

La philosophie de l'existence qui pose en principe que les êtres humains sont prisonniers du monde naturel et que le comportement des hommes provient par conséquent des animaux, est devenue un des plus grands fléaux du monde. C'est elle qui a déclenché la lutte pour les biens matériels, lutte que les femmes connaissent très bien parce qu'elles ont été longtemps victimes d'un système qui, tout en considérant la production de biens matériels comme le symbole de la réussite, n'apporte à personne la sécurité, le bonheur et le bien-être. Dans la nature, cette philosophie fondée sur la "survivance du plus apte" apporte équilibre et stabilité; mais pour les humains, la lutte que mène un groupe, une classe sociale ou une race pour s'assurer la domination et des avantages économiques tend uniquement à multiplier les causes de conflits, à approfondir les préjugés et à faire ressortir l'agressivité de la nature humaine. Les baha'is préconisent une philosophie fondée sur la noblesse des êtres humains, et sur les possibilités de leur esprit, c'est-à-dire sur le développement de la partie la plus noble de leur nature. La Communauté internationale baha'ie est persuadée que cette philosophie peut apporter aux peuples et aux gouvernements de notre époque les idéaux et les enseignements dont ils ont besoin.

Si les femmes, qui sont d'un naturel pacifique, pouvaient par tous les moyens dont elles disposent propager une philosophie fondée sur la morale et la spiritualité, la société pourrait être rapidement transformée.

Si des femmes dévouées à cette cause ne ménageaient pas leur concours, il serait plus facile de faire régner les valeurs morales et spirituelles dont nous avons besoin pour que l'éducation contribue à l'instauration de la paix; il serait profitable d'instaurer l'égalité des sexes en renforçant la solidarité qui doit exister entre les hommes et les femmes; ce serait une façon d'atténuer la rivalité et la lutte pour le pouvoir qui opposent des groupes hostiles cherchant à exercer leur domination sur les autres; enfin, cela permettrait de mettre en place un système efficace pour assurer la sécurité collective de façon à garantir la paix entre les États : en effet, dans un monde unifié, aucune nation agressive ne pourrait détruire une autre puisque tous les autres pays agiraient à l'unisson par l'intermédiaire d'un organisme international chargé de s'opposer à toute agression.

*E/CN.6/1984/1 et Add.1

1. Traduction d'un document n'ayant pas fait l'objet d'une mise au point rédactionnelle.

La lutte contre le racisme

La lutte contre le racisme

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie à la quarantième session de la Commission des droits de l'homme Point 17(b) de l'ordre du jour: Application du Programme d'action pour la Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale

Genève, Suisse—1 February 1984

La Communauté internationale baha'ie souhaiterait rendre hommage au travail de la deuxième Conférence mondiale de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale qui, nous le croyons, témoigne une fois de plus de la détermination de la communauté internationale d'éliminer les préjugés raciaux et la discrimination. Nous approuvons en outre sans réserve la déclaration relative à une deuxième Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, formulée par l'Assemblée générale dans sa résolution 38/14.

Nous aimerions saisir cette occasion pour assurer la Commission de notre engagement et de notre détermination de servir l'objectif de l'élimination des préjugés raciaux et de la discrimination. Cet engagement ne saurait être ni de courte durée ni de portée limitée. Il se fonde sur la croyance baha'ie essentielle dans l'unité fondamentale de la famille humaine toute entière. Il s'agit par conséquent d'un engagement que partagent les membres de la communauté baha'ie à travers le monde, lesquels travaillent, en vertu d'un article de leur foi, à l'élimination des préjugés de toutes sortes de la discrimination.

Nous sommes particulièrement heureux de constater que les auteurs de la Déclaration et du Programme d'action adopté lors de la Conférence, ont accordé une importance particulière au rôle de l'éducation dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. La section B du Programme d'action en effet énumère, à l'intention des Etats, une série de mesures à appliquer en matière d'éducation, d'enseignement et de formation, et le paragraphe 16(i) notamment, invite les Etats à s'assurer que les programmes scolaires favorisent le dialogue entre personnes appartenant à des groupes divers de la société et encouragent, dans la mesure du possible, les échanges culturels.

Nous sommes convaincus que les efforts auxquels nous convie le Programme d'action dans le domaine de l'éducation sont indispensables à l'élimination totale du racisme et de la discrimination raciale. Dans l'optique baha'ie, la discrimination raciale, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, découle des préjugés de race, qui à leur tour, sont le résultat de notre incapacité de percevoir, tant intellectuellement que comme partie intégrante de notre conscience, l'unité organique, fondamentale, des peuples de toutes les races.

Toujours du point de vue baha'i, tout le monde - mais plus particulièrement les enfants - devraient être éduqués dans l'esprit et la réalité de l'unité de l'humanité, si l'on veut parvenir à extirper les préjugés raciaux. Nous avons insisté à la fois sur la croyance baha'ie dans l'unité raciale et sur le caractère indispensable de l'éducation des enfants, dans la déclaration contenue dans le document A/CONF.119/CRP.1 et soumise à la deuxième Conférence mondiale, ainsi que dans la déclaration, relative au même point de l'ordre du jour, soumise à la trente-neuvième session de la Commission, résumée aux paragraphes 56 et 57 du document E/CN.4/1983/SR.14.

Parce que nous sommes profondément attachés à l'idée d'une éducation qui favoriserait l'unité raciale et l'élimination des préjugés raciaux, c'est avec enthousiasme que nous accueillons le projet de résolution III proposé par la Sous-commission (voir page 2 de la version anglaise du rapport de trente- sixième session de la Sous-commission). Nous sommes convaincus que l'adoption des programmes d'enseignement mentionnés dans cette résolution permettrait de franchir une étape décisive dans l'application des dispositions du Programme d'action pour la deuxième Décennie, notamment du paragraphe 16(i).

Nous voudrions vous soumettre un certain nombre d'observations et de suggestions relatives aux efforts que les auteurs de cette résolution appellent de leurs vœux. Notre propos concerne en particulier les activités de l'UNESCO dont nous apprécions grandement les efforts en matière d'éducation pour combattre le racisme et la discrimination raciale. Voici à ce sujet, quelques mesures précises, par lesquelles l'UNESCO pourrait encourager l'adoption de programmes contenant la notion d'unité de la race humaine, conformément aux vœux exprimés par la Sous-commission dans le projet de résolution III.

En premier lieu, il s'agirait pour l'UNESCO d'établir une bibliographie de la documentation publiée par cette organisation comme par d'autres sources, sur chacun des sujets des programmes énumérés dans le dispositif, paragraphe 3 de la résolution, bibliographie que l'UNESCO mettrait à la disposition des gouvernements, des organisations spécialisées, des organisations non gouvernementales et des établissements scolaires et universitaires. L'UNESCO convierait les gouvernements et les organisations intéressées à lui recommander des sources et de la documentation sur chacun de ces sujets.

En deuxième lieu, l'UNESCO inviterait les gouvernements, les organisations spécialisées, les organisations non gouvernementales et les établissements scolaires et universitaires à lui faire part de l'évolution de l'enseignement des sujets recommandés dans la résolution, l'importance de cet enseignement et les méthodes utilisées, de même que la façon dont les gouvernements et les organisations envisageraient de l'améliorer dans les écoles. A cette fin, il conviendrait que l'UNESCO dresse un questionnaire du même type que le projet de directives qu'elle a rédigé sur l'application de l'article 7 de la Convention sur l'élimination de la discrimination raciale, notamment les directives concernant les programmes scolaires et les cours. Il s'agirait ensuite de compiler et de résumer les réponses au questionnaire pour les mettre à la disposition des gouvernements, organisations spécialisées, organisations non gouvernementales et établissements scolaires et universitaires intéressés.

En troisième et dernier lieu, l'UNESCO établirait une compilation des conclusions fondamentales qui ressortent des diverses études relatives aux points du programme mentionnés dans la résolution. Cette compilation serait également laissée à la disposition des gouvernements, des organisations spécialisées et de tout autre organisation ou établissement intéressé. Elle inclurait par exemple des conclusions scientifiques sur l'unité biologique de toutes les races ainsi que les dispositions correspondantes de la Déclaration de l'UNESCO sur la race et les préjugés raciaux.

Si nous nous sommes permis de vous faire part de ces suggestions, c'est parce que nous croyons que des efforts dans ce sens, de la part de l'UNESCO, contribueraient à encourager l'adoption par les établissements scolaires et universitaires des programmes que la résolution propose.

En un mot, nous sommes convaincus que le projet de résolution III soumis par la Sous-commission contribue de façon positive au travail à accomplir pour la deuxième Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. La Communauté internationale baha'ie réaffirme sa détermination de soutenir entièrement l'objectif de la lutte contre la discrimination raciale, notamment à travers l'enseignement, et de participer activement à la réalisation de cet objectif.

BIC Document #84-0201F

 

Action de base pour l'environnement

Action de base pour l'environnement

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie pour la douzième session du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'environnement.

1 January 1984

Depuis 1972, à Stockholm, la Communauté internationale baha'i participe activement, en tant qu'organisation non-gouvernementale, aux efforts du PNUE visant à éveiller la conscience à un niveau élémentaire quant à la détérioration continue de l'environnement physique. Cette douzième session du Conseil d'administration est une opportunité qui vient à temps pour revoir les expériences de la communauté baha'i et ceci à la lumière des problèmes soulevés par le Directeur exécutif et les délégués pendant cette session.

Dans les années 1930, le terme "écosystème" fut crée pour reconnaître l'ensemble complexe des éléments physiques et biotiques constituant notre environnement naturel. La pensée pragmatique qui prévalait à cette époque était fondée sur le fait que l'écosystème avait une identité indépendante de l'homme. Vers la fin des années 1960, le concept de l'écosystème déborda du monde des spécialistes et de sciences naturelles pour faire son entrée dans le domaine public. Le concept de l'écosystème, caractérisé par le principe d'objectivité, [1] séparait le scientifique du sujet de l'étude. Bien que ce genre d'approche eût été essentiel à la méthode scientifique en général, et, à l'impact de l'environnement et la surveillance des projets en particulier, cette méthode a souvent engendré l'illusion que celui qui planifie le développement ne fait pas partie du système socio-économique et biotique qu'il essaie de manipuler. Les conséquences sont importantes. A un certain niveau, il n'est pas possible pour un écologiste d'étudier son sujet sans le changer ou sans se changer lui-même. A un autre niveau, il n'est pas possible pour le planificateur de manipuler les personnes, les ressources et l'environnement à l'intérieur de sa propre juridiction avec une objectivité entière pour la simple raison qu'il fait partie du système lui-même. Il ne peut pas toujours prévoir les nombreuses conséquences de ses actions quand bien même son intention serait louable. Ainsi, celui qui planifie le développement doit se soumettre à la réalité suivante, à savoir qu'il ne fait pas seulement partie de l'écosystème, mais qu'il est aussi incapable de l'assimiler entièrement et que tous deux sont finalement sujets aux plus grandes lois naturelles qui gouvernent leur comportement.

Comprendre la complexité de l'écosystème dans son ensemble et le gérer de façon effective est au- dessus de la capacité de l'humanité. Il demande un ensemble de principes universels grâce auxquels il peut guider sa vie sur la terre. Chacune des plus grandes religions du monde a réussi pendant un certain temps à ériger une ère d'harmonie parmi les hommes, et, à un niveau moindre, entre les hommes et l'environnement, à cause de leur confiance aux lois et aux principes externes à l'écosystème mondial et à cause du niveau élevé d'obéissance par un grand nombre de leurs adeptes. Le chaos dans les aspects sociaux, économiques et physiques de la vie peut être attribué au manque d'obéissance envers les "lois divines", et au déséquilibre dans les priorités que des peuples différents et en conflit les uns avec les autres ont placé en elles.

La Communauté internationale baha'i encourage une éthique universelle qui inclue non seulement les questions de l'environnement mais qui englobe aussi le spectre dans son ensemble des relations humaines. Cet équilibre a l'implication suivante: "tout homme adhérera à une éthique, sera confondu en une seule race et deviendra un seul peuple. Chacun résidera dans une patrie commune qui est la planète elle-même." [2] Sous ce concept global, les communautés baha'ies à travers le monde ont établi plus de 30 000 institutions administratives de base qui peu à peu montrent de plus grandes qualités à servir les besoins spirituels, sociaux et physiques de leurs concitoyens. Ces unités, connues sous le nom d'Assemblées spirituelles locales, sont guidées par un programme à échelle mondiale ayant pour objectif d'inculquer la notion d'éthique globale, mettant l'accent sur l'unité du genre humain. A cette fin, ces institutions embryonnaires ont fait des progrès tendant à éliminer des préjugés divers, établir l'égalité de l'homme et de la femme, encourager l'éducation obligatoire et favoriser l'esprit d'initiative locale, de coopération, et d'autosuffisance dans le développement communautaire. Du point de vue baha'i, "le progrès dans le domaine du développement dépendra en grande partie des agitations naturelles de la base "plutôt que" d'une imposition de plans et programmes venant d'en haut." [3]

On a pu constater des exemples de la mobilisation des Assemblées spirituelles locales dans leurs activités au cours des dix dernières années en relation avec la journée des Nations Unies et la journée mondiale pour l'environnement. A ces occasions, des discussions et des activités ont permis de mettre l'accent sur des sujets tels que: le contrôle de l'érosion du sol, la reforestation, la santé et l'alphabétisation. Avec une maturité croissante nous nous attendons à ce que ces Assemblées spirituelles locales augmentent leur niveau d'activités en réalisant de tels événements, en exécutant des projets pratiques plus ambitieux, en suivant le cours de ces projets pour assurer un succès à long terme, et en faisant le rapport de leurs activités aux Assemblées spirituelles nationales. Nous pensons aussi voir un nombre et une distribution sans cesse grandissant de ces Assemblées spirituelles locales afin qu'elles puissent éventuellement contribuer au développement économique, social et spirituel futur dans de nouveaux domaines.

Au Kenya cette année, pour la journée mondiale pour l'environnement, des dossiers ont été distribués à plus de 800 Assemblées spirituelles locales avec l'espoir de les aider à réveiller la conscience des gens de leurs villages et des écoles locales au sujet du processus continuel de désertification. Selon leur niveau actuel de maturité, ces institutions organiseront des réunions pour évaluer l'état de dégradation de l'environnement au sein de leurs communautés et là où c'est possible, exécuter des activités spécifiques telles que planter des arbres et terrasser. L'Assemblée spirituelle nationale des baha'is du Kenya supervisera le projet afin de mesurer le degré de succès apparent.

De par l'expérience passée dans les pays en voie de développement, la Communauté internationale baha'ie constate un grand besoin de matériel éducatif sur les questions de l'environnement et du développement qui sera adéquat aux milieux ruraux où la majorité est analphabète ou semi-scolarisée. Si souvent le matériel éducatif disponible a été conçu pour les personnes d'un niveau de culture assez élevé. Le besoin d'une planification à l'avance s'est aussi fait sentir. Grand nombre de systèmes postaux dans ces pays prennent plus d'un mois pour livrer ce matériel éducatif dans les zones rurales. Afin d'assurer une distribution effective, le matériel doit être publié au moins trois mois d'avance avant que ces manifestations n'aient lieu.

Le futur s'avère prometteur. La Communauté internationale baha'ie s'est maintenant développé à un niveau où elle peut servir les masses rurales et les populations urbaines en distribuant les matériaux éducatifs nouveaux afin de réveiller la conscience générale sur les questions de l'environnement dans le contexte d'une éthique globale unifiée. Les bahas s'attendent à une collaboration croissante avec les Nations Unies, les gouvernements et les organisations non-gouvernementales pour encourager le développement à un niveau de base. A cette fin, les Assemblées spirituelles locales peuvent apporter leur contribution en distribuant du matériel éducatif et en servant de façon progressive de points de repères au développement économique et social.

REFERENCES:

1. Schrodinger, E. 1967. What is Life & Mind and Matter. Cambridge University Press. p. 137.

2. D'une déclaration d' `Abdu'l-Bahá, cité par Shoghi Effendi dans "Vers l'Apogée de la race humaine", p. 59.

3. D'une déclaration de la Maison Universelle de Justice, 20 octobre 1983.

BIC Document #84-0101F

 

La discrimination raciale

La discrimination raciale

Deuxième Conférence mondiale de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Déclaration relative au point 11 de l'ordre du jour: obstacles principaux à la suppression totale du racisme, à la discrimination raciale et à l'apartheid.

2 August 1983

M. le Président :

La Communauté internationale baha'ie est heureuse de faire part de son sentiment au sujet du point 11 de l'ordre du jour portant sur les obstacles principaux à la suppression totale de la discrimination raciale. Dans la présente déclaration, nous aimerions exposer le point de vue baha'i sur le problème de la discrimination raciale, les obstacles principaux à son élimination et enfin, les moyens nécessaires à sa suppression. Vous trouverez un résumé de ces questions dans notre déclaration écrite à la Conférence, dont les copies ont été distribuées par le Secrétariat où elles peuvent être retirées.

Les baha'is sont convaincus que le problème de la discrimination raciale découle essentiellement de l'existence de préjugés qu'ils soient de race, d'origine ethnique, de religion, de nationalité ou de genre. Ces préjugés de tous ordres sont la cause profonde de toutes les violations des droits et des libertés de l'homme et leur persistance entraîne discrimination, conflits internationaux et dissensions. Par conséquent, M. le Président, nous croyons qu'à long terme, il n'est possible d'abolir la discrimination raciale qu'en s'attaquant au problème principal, celui des préjugés, problème qui est au cœur de la discrimination.

Les préjugés cependant sont un problème spirituel. S'ils persistent dans le monde, c'est en raison d'un manque de considération pour la nature spirituelle de l'être humain et l'unité organique fondamentale de la race humaine. L'abolition des préjugés requiert d'une part, une appréciation toujours plus juste de la valeur de chaque être humain, sans distinction de race, de couleur ou d'origine ethnique, ainsi que d'une reconnaissance de l'égalité de toutes les races. Cela exige d'autre part, une prise de conscience de plus en plus grande des liens humains et spirituels qui cimentent les individus de toutes races et origines ethniques en une seule famille. La présence constante et menaçante des préjugés raciaux dans le monde empêche la perception de l'unité essentielle qui relie les individus de toutes origines ethniques.

Pour les baha'is, seule l'éducation permettrait à l'humanité de prendre conscience de son unité fondamentale. Dès son plus jeune âge, l'enfant doit cultiver cette conscience pour qu'elle fasse partie intégrante de son caractère. La persistance des préjugés est à attribuer à l'absence d'un enseignement approprié sur ce principe fondamental et cette vérité qu'est l'unité organique de l'humanité. Mais aussi au fait de ne pas enseigner d'abord aux enfants, puis aux adolescents et aux adultes cette vérité essentielle qui constitue, à notre avis, un obstacle supplémentaire à l'abolition de la discrimination raciale.

Les baha'is estiment que l'enseignement à tous les échelons est la seule voie par laquelle cette prise de conscience fondamentale de l'unité de l'humanité peut se faire. Il convient de cultiver chez l'enfant dès son plus jeune âge, une conscience de l'unité de la race humaine pour que cela fasse partie intégrante de son caractère. C'est en l'absence d'un enseignement approprié inculquant le principe fondamental, qui est aussi une vérité, de l'unité organique de l'humanité, qu'il faut imputer la persistance des préjugés. Le fait de ne pas éduquer les enfants, en premier lieu, mais aussi les adolescents et les adultes, dans cette vérité essentielle est, à notre avis, un obstacle de plus à la suppression totale de la discrimination raciale.

M. le Président, la Communauté internationale baha'ie est convaincue qu'il est possible de surmonter ces deux obstacles à l'abolition des préjugés, lesquels sont dus à un manque d'éducation dans le principe et la vérité de l'unité humaine.  Imprégner l'humanité de cette vérité est tout à fait réalisable dans la pratique, c'est pourquoi nous pensons que l'abolition de la discrimination raciale est à notre portée. C'est ainsi que nous avons proposé, dans notre déclaration écrite à la Conférence, l'élaboration et l'application d'un programme d'étude universel sur l'unité de l'humanité, à l'intention des enfants n'ayant pas encore atteint l'âge de la scolarité. Nous exprimons l'espoir que, devant la tâche qui l'attend, la présente Conférence se montrera aussi résolue que nous à éradiquer les préjugés raciaux et la discrimination.

M. le Président, la Communauté internationale baha'ie est convaincue qu'il est possible de surmonter ces deux obstacles, la persistance des préjugés, elle-même due à un manque d'éducation dans le principe et la vérité de l'unité humaine. Nous croyons que l'éducation dans la vérité de l'unité de l'humanité est pratiquement réalisable et que par conséquent, la discrimination raciale peut être abolie. Dans le même ordre d'idées, nous avons proposé, dans notre déclaration écrite à la Conférence, que soit élaboré et appliqué un programme d'études universel portant sur l'unité de l'humanité, à l'intention des enfants n'ayant pas encore atteint l'âge de la scolarité. Nous exprimons l'espoir que, devant la tâche qui l'attend, la présente Conférence partagera notre détermination en vue de la suppression totale des préjugés raciaux et de la discrimination.

La discrimination raciale

La discrimination raciale

Deuxième Conférence mondiale de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Déclaration relative au point 12(b) de l'ordre du jour : Action dans le domaine de l'éducation, de la culture, de la recherche et de l'information et le rôle des médias dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale et l'apartheid en vue de combattre les préjugés menant à la discrimination raciale et promouvoir la compréhension, la tolérance et l'amitié entre les nations et les groupes raciaux ou ethniques.

Geneva—1 August 1983

M. le Président,

La Communauté internationale baha'ie est heureuse de présenter divers commentaires au sujet du point 12(b) de l'ordre du jour. Considérant le rôle de l'enseignement comme de la plus haute importance dans la lutte contre les préjugés raciaux, nous aimerions proposer dans la présente déclaration, un programme pédagogique concret que les gouvernements peuvent d'ores et déjà adopter et mettre en œuvre pour mettre fin à la discrimination raciale. Un résumé de ce programme figure dans notre déclaration écrite à la Conférence dont les copies ont été distribuées par le Secrétariat où elles peuvent être retirées.

Pour les baha'is, la discrimination raciale a son origine dans les préjugés de race, que seul un enseignement approprié peut arriver à supprimer. Les préjugés sont un problème spirituel et il faut donc à notre avis que l'enseignement nécessaire à l'abolition des préjugés soit de nature spirituelle. Cet enseignement doit viser à promouvoir cet esprit d'analyse qui est le seul moyen de venir à bout des stéréotypes raciaux, tout en cultivant dans le cœur et l'esprit des hommes la conscience de l'unité organique du genre humain. Cet enseignement doit être dispensé à l'enfant dès son plus jeune âge, avant même le début de sa scolarité. En outre cet éveil spirituel doit être encouragé chez l'enfant non seulement à l'école mais aussi dans sa cellule familiale, dans son foyer et dans sa communauté.

La Communauté internationale baha'ie estime qu'un premier pas important dans la voie de l'établissement d'un enseignement spirituel et universel, consisterait à élaborer et à appliquer dans chaque pays un programme universel, encore qu'adapté à toutes les cultures, qui repose sur l'unité organique de l'humanité. Ce programme doit être inspiré par la reconnaissance du fait que l'étude du problème de la discrimination raciale n'est pas suffisante pour éliminer les préjugés raciaux. La suppression de ces préjugés requiert en fait la prise de conscience, dès le plus jeune âge, des liens humains et spirituels fondamentaux qui unissent les peuples de races, couleurs et origines ethniques différentes. L'aspect pratique de ce programme tient au fait que ces liens ne sont pas seulement théoriques; il s'agit de liens bien réels et ce programme peut intégrer le dernier état des connaissances dans le domaine des sciences biologiques, sociales, anthropologiques, économiques et politiques qui attestent la réalité de l'unité et de l'interdépendance des êtres humains.

Concrètement, M. le Président, ce programme modèle doit être consacré à l'étude des divers liens qui unissent les êtres humains de toutes races, couleurs et origines ethniques et donc, devrait porter notamment sur l'étude des aspects suivants :

- l'unité biologique de la race humaine en tant qu'espèce humaine unique.

Les récentes découvertes en matière de biologie, d'anthropologie et de sociologie, ont établi que les différences physiques et intellectuelles entre les races s'expliquent par des facteurs qui tiennent à l'évolution, à l'histoire et à l'environnement étant donné que toutes les races possèdent les mêmes caractéristiques humaines et biologiques fondamentales et les mêmes aptitudes inhérentes au progrès intellectuel.

- Les besoins, les désirs et les émotions communs à toute l'humanité.

Il y a les besoins matériels, tels que le besoin de se nourrir, de se loger, de se vêtir, et les besoins d'ordre émotionnel comme le besoin d'amour, de protection et d'un sentiment d'appartenance. Tous les êtres humains ont ces besoins et manifestent les mêmes types de sentiments : amour, peur, tristesse, joie, colère et compassion. Le programme devrait faire ressortir l'universalité de ces besoins et de ces sentiments.

- Le besoin universel d'une identité propre.

Tout être humain aspire à tirer des satisfactions personnelles de sa vie et à lui donner un sens, chacun se forgeant un caractère propre de façon unique. La diversité des personnalités humaines peut être explorée dans une compilation qui serait spécialement préparée aux fins du programme et qui regrouperait des opinions émanant d'enfants du monde entier sur les intérêts et les sentiments qui leur procurent des satisfactions personnelles.

-L'institution universelle de la famille, cellule de base de la société.

Dans le monde entier, les hommes s'organisent en familles. Ces familles, s'il est vrai qu'elles fonctionnent selon des schémas différents dans des cultures différentes, remplissent toutes néanmoins la même fonction essentielle, celle de procurer à chaque membre un soutien et un sentiment d'appartenance, constituant ainsi la pierre angulaire des relations humaines. Une étude des familles dans différentes cultures permettrait de montrer la façon dont elles remplissent le même rôle social fondamental.

L'aspiration universelle à la participation et l'appartenance à une communauté plus vaste et le développement d'un sens de l'identité culturelle.  Tout individu a besoin de relations sociales, ce dont témoigne l'existence de divers types de communautés. Toutes les communautés ont leur propre schéma culturel, mais leurs particularités attestent toutes des besoins sociaux communs, tels que le besoin de communiquer, d'organiser et d'harmoniser la vie communautaire, le besoin d'un système économique, d'une expression culturelle unique dans l'art, la musique, la littérature et l'architecture et le besoin d'une identité culturelle à travers le développement et le maintien de traditions et d'un mode de vie uniques. Une étude des diverses communautés permettrait de montrer que ces différences ne font qu'enrichir l'ensemble de la société.

L'interdépendance sociale, économique, culturelle et politique de tous les peuples. Les nombreuses découvertes dans le domaine des sciences sociales, économiques, anthropologiques et politiques attestant la réalité de l'interdépendance mondiale peuvent être examinées.

Les aspirations et la quête spirituelle de chaque être humain par la voie de la religion. Une étude de la diversité des formes que revêt l'expression religieuse encouragerait l'appréciation des similitudes fondamentales qui existent entre toutes les grandes religions, comme la croyance en une force créatrice suprême et l'attachement aux principes d'amour et de justice, et établirait que tout être humain possède la capacité de développer les nobles qualités de l'esprit que sont l'amour, la compassion et la véracité. Une telle étude aiderait à la compréhension du fait que tous les êtres humains adorent en réalité le même Dieu.

Pour l'examen de chacun de ces aspects, les différences culturelles peuvent être analysées et considérées comme les diverses expressions et manifestations des mêmes caractéristiques et besoins universels. Outre l'étude de ces questions de fond, le programme que nous proposons peut aussi inclure les thèmes suivants :

Le fait que les préjugés raciaux sont dus à l'incapacité de percevoir les liens qui unissent tous les peuples;

L'importance des contacts avec les peuples de toutes les races en vue de supprimer les préjugés et de faire comprendre les liens communs qui existent entre les êtres humains, les différentes formes de manifestation des préjugés raciaux dans la vie quotidienne, et l'action entreprise par l'Organisation des Nations Unies et les normes qu'elle a déjà adoptées dans le domaine des droits de l'homme.

Nous proposons, M. le Président, que différentes versions du programme soient élaborées à l'intention des divers groupes d'âges, pour l'enseignement préscolaire, élémentaire et secondaire. Nous estimons toutefois, qu'il convient d'accorder une attention toute particulière au programme s'adressant aux enfants n'ayant pas encore atteint l'âge de la scolarité - tandis que se façonne la personnalité de l'enfant et où il est le plus réceptif aux idées nouvelles.

Quant à l'examen de notre proposition, il nous semble que l'UNESCO est l'instance la mieux indiquée pour élaborer un programme type de ce genre, étant donné les efforts de cette organisation en vue de promouvoir des programmes pédagogiques modèles et étant donné son mandat général d'éducation dans le domaine des droits de l'homme. La mise au point d'un programme d'études modèle que chaque État pourra par la suite adopter (et le cas échéant, adapter), permettrait de faire un progrès réel et concret dans la voie de la lutte contre les préjugés et la promotion de la compréhension entre les êtres humains, objectif maintes fois cité et réitéré dans les résolutions de l'UNESCO et autres organes de l'Organisation des Nations Unies.

La Communauté internationale baha'ie est convaincue que la seule solution durable au problème de la discrimination raciale se trouve dans la prise de conscience par chaque individu, de l'unité du genre humain. Nous pouvons donc raisonnablement espérer que l'élaboration et l'application d'un programme portant sur l'unité de la race humaine et s'adressant aux enfants dès leur plus jeune âge, permettraient d'éliminer les préjugés raciaux et de progresser dans la voie de la réalisation des objectifs de la première Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, objectifs qui doivent être reconsidérés dans un esprit neuf et avec une détermination nouvelle. Nous espérons sincèrement que la présente Conférence partagera notre optimisme et notre détermination.

Racisme

Racisme

Deuxième Conférence mondiale de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale

Genève, Suisse—1 August 1983
Déclaration soumise par la Communauté internationale baha'ie, organisation non-gouvernementale jouissant du statut consultatif auprès du Conseil économique et social.

La Communauté internationale baha'ie est heureuse de participer à la présente Conférence mondiale de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Nous sommes convaincus que l'élimination de la discrimination et des préjugés raciaux constitue l'un des impératifs les plus pressants de notre époque et que la communauté internationale doit prendre dès maintenant des mesures concrètes pour apporter des solutions urgentes, directes et énergiques au problème mondial de la discrimination raciale. Forts de ces convictions, nous avons l'intention, dans la présente déclaration, d'exposer le point de vue baha'i au sujet de la discrimination et de l'égalité raciale, de décrire succinctement les multiples actions déjà entreprises par les baha'is dans le monde entier pour éliminer la discrimination raciale et, en dernier lieu, de proposer un programme concret que les gouvernements peuvent d'ores et déjà adopter et mettre en oeuvre pour éliminer la discrimination raciale.

Le principe de l'unité raciale

Les principes de l'égalité et de l'unité raciale sont au coeur de l'enseignement baha'i. Notre communauté s'efforce de créer une civilisation mondiale inspirée par les principes fondamentaux de l'unité de l'humanité et de la réalisation de celle-ci dans la diversité. Ces principes impliquent d'une part la reconnaissance de la valeur et de l'importance de chaque être humain et de sa contribution à la société, indépendamment de sa race, sa couleur ou de son origine ethnique ou culturelle. Pour les baha'is, tous les êtres humains sont égaux devant Dieu. Cette conviction les amène à reconnaître l'égalité de toutes les races et à s'efforcer d'éliminer toutes les formes de discrimination et de préjugés raciaux. Selon l'enseignement baha'i:

toute discrimination visant une race qui est fondée sur son infériorité sur le plan social, son immaturité politique ou son infériorité constitue une violation flagrante de l'esprit qui anime la foi de Bahá'u'lláh...

La seule discrimination tolérable serait une discrimination qui ne s'exercerait pas contre mais en faveur d'une minorité, raciale ou autre.

Les principes de l'unité de la race humaine et de son unité dans la diversité amènent, d'autre part, à mettre l'accent sur le développement de l'unité des êtres humains de toutes races, couleurs et origines ethniques.

Les enseignements baha'is donnent d'ailleurs le conseil suivant:

"Fermez vos yeux aux différences raciales et accueillez tous les êtres humains dans un esprit d'unité."

Étant donné l'importance qu'attachent les baha'is au principe de l'unité des êtres humains, chaque baha'i cherche d'abord, tout en étant fier de son propre héritage racial, ethnique et culturel, à reconnaître et à promouvoir les liens humains et spirituels qui unissent la grande famille de l'humanité, une famille qu'enrichit la diversité raciale et culturelle de ses membres.

Les efforts des baha'is visant à promouvoir l'unité raciale

Les baha'is et les communautés baha'ies du monde entier s'efforcent de mettre ces principes en pratique. Dans l'enseignement que dispensent les communautés baha'ies dans plus de 100 pays, les principes de l'unité et de l'égalité raciale sont inculqués aux enfants qui prennent ainsi conscience des questions de discrimination et de préjugés raciaux. Partout dans le monde, les communautés baha'ies ont coopéré avec les programmes de l'Organisation des Nations Unies visant à éliminer la discrimination raciale. Elles ont participé aux conférences et séminaires relatifs aux droits de l'homme et elles ont organisé dans leurs localités respectives des cérémonies à l'occasion de la Journée des droits de l'homme et de la Journée de l'unité raciale.

Les principes qui inspirent les activités quotidiennes des baha'is et de leurs communautés témoignent aussi du profond attachement des baha'is au principe de l'unité de la race humaine. Des individus de toutes les races œuvrent constamment et librement au sein des communautés baha'ies locales et nationales pour réaliser l'harmonie et la concorde universelles.  Les élections baha'ies ne donnent lieu a aucune campagne électorale et chaque baha'i est invité à voter au bulletin secret pour les personnes qui lui paraissent les mieux qualifiées sans considération de race, ce qui explique la diversité raciale des membres des organes dirigeants des communautés baha'ies. De plus, chaque baha'i a la possibilité, en vertu du principe baha'i de la consultation de tous les membres, de faire entendre sa voix et d'être écouté avec attention. Enfin, la diversité raciale et culturelle de la Communauté internationale baha'ie - qui comprend des représentants de nombreuses populations autochtones - atteste la réalisation concrète du principe de l'égalité et de l'unité raciale au sein de la communauté mondiale des baha'is. A l'heure actuelle, plus de 2 000 tribus et groupes ethniques sont représentés dans plus de 100 000 communautés implantées dans les 165 pays indépendants où vivent des baha'is.

Bref, les baha'is ont considérablement progressé dans la voie de la réalisation de l'objectif énoncé dans le Programme de 1973 pour la Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale qui vise à promouvoir « les droits de l'homme et les libertés fondamentales pour tous, sans distinction d'aucune sorte fondée sur la race, la couleur, l'ascendance ou l'origine nationale ou ethnique, en particulier en éliminant les préjugés raciaux, le racisme et la discrimination raciale... ». Ils ont en outre contribué à la « campagne d'information [visant à] supprimer les préjugés raciaux » que le Programme recommandait de « poursuivre énergiquement » au début de la Décennie.

L'importance de l'enseignement spirituel

Les multiples activités des baha'is en faveur de l'égalité et de l'unité raciale constituent toutes la manifestation d'un seul objectif fondamental: promouvoir l'unité raciale grâce à l'élimination des préjugés raciaux.

Les baha'is reconnaissent que la discrimination raciale ne peut être éliminée que par la suppression des préjugés raciaux et surtout par l'extirpation de ces préjugés à leur source même: le cœur des hommes. Pour les baha'is, ces préjugés sont un problème spirituel qui appelle une solution du même ordre. Les préjugés ne peuvent être éliminés que grâce à un éveil spirituel éveil qui est suscité d'une part par la recherche autonome de la vérité et d'autre part par un enseignement et des conseils éclairés. Pour éliminer les préjugés raciaux, il faut donc un enseignement véritablement spirituel dont le but est de promouvoir cet esprit d'analyse qui est le seul moyen d'effacer les stéréotypes raciaux tout en inculquant au cœur et à l'esprit des hommes le principe fondamental - qui est aussi la vérité de l'unité organique de l'humanité. Cet enseignement spirituel doit commencer dès les premières années au cours desquelles se façonne la personnalité de l'enfant, avant même le début de la scolarité. En outre, cet éveil spirituel doit être aussi encouragé chez l'enfant non seulement à l'école mais aussi dans sa cellule familiale, dans son foyer et dans sa communauté.

Programme modèle portant sur l'unité de l'humanité

La Communauté internationale baha'ie estime qu'un premier pas important dans la voie de l'établissement d'un enseignement spirituel et universel consisterait à élaborer et à appliquer dans chaque pays un programme universel, adapté à toutes les cultures et reposant sur l'unité organique de l'humanité. Ce programme doit être inspiré par la reconnaissance du fait que l'étude du problème de la discrimination raciale n'est pas suffisante pour éliminer les préjugés raciaux; c'est-à-dire aussi que l'élimination des préjugés raciaux requiert la prise de conscience, dès le plus jeune âge, des liens humains et spirituels fondamentaux qui unissent les peuples de races, couleurs et origines ethniques différentes. L'aspect pratique de ce programme tient au fait que ces liens ne sont pas seulement théoriques. Il s'agit de liens bien réels et ce programme peut intégrer le dernier état des connaissances dans le domaine des sciences biologiques, sociales, anthropologiques, économiques et politiques qui attestent la réalité de l'unité et de l'interdépendance des êtres humains.

Concrètement, nous proposons que ce programme modèle porte notamment sur l'étude des aspects suivants:

  • L'unité biologique de la race humaine, en tant qu'espèce humaine unique, dont les différences physiques et intellectuelles entre les races s'expliquent par des facteurs qui tiennent à l'évolution, à l'histoire et à l'environnement étant donné que toutes les races possèdent les mêmes caractéristiques humaines et biologiques fondamentales et les mêmes aptitudes inhérentes au progrès intellectuel;
  • Les besoins, désirs et émotions fondamentaux qui sont communs à toute l'humanité;
  • La recherche que mènent tous les êtres humains pour trouver leur identité;
  • L'institution universelle de la famille qui est la cellule de base de la société;
  • L'aspiration universelle à la participation et l'appartenance à une communauté plus vaste et le développement d'un sens d'identité culturelle;
  • L'interdépendance sociale, économique, culturelle et politique de tous les peuples;
  • Les aspirations et la quête spirituelles de chaque être humain par la voie de la religion.

Pour l'étude de chacun de ces aspects, les différences culturelles peuvent être analysées et considérées comme les diverses expressions et manifestations des mêmes caractéristiques et besoins universels. Outre l'examen de ces questions de fond, le programme que nous proposons pourrait aussi porter sur les thèmes suivants:

  • Le fait que les préjugés raciaux sont dus à l'incapacité de percevoir les liens qui unissent tous les peuples;
  • L'importance des contacts avec les peuples de toutes les races, en vue de supprimer les préjugés et de faire comprendre les liens communs qui existent entre les êtres humains;
  • Les différentes formes de manifestation des préjugés raciaux dans la vie quotidienne;
  • L'action entreprise par l'Organisation des Nations Unies et les normes qu'elle a déjà adoptées dans le domaine des droits de l'homme.

Pour la Communauté internationale baha'ie, il est permis d'espérer que l'élaboration et l'application d'un programme portant sur l'unité de la race humaine et s'adressant aux enfants dès leur plus jeune âge permettrait d'éliminer les préjugés raciaux et de progresser dans la voie de la réalisation des objectifs de la première Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, objectifs qui doivent être reconsidérés dans un esprit neuf et avec une détermination nouvelle. C'est sur la base de leurs principes et de l'expérience concrète qu'ils ont acquise dans le domaine de la promotion de la cause de l'unité raciale, que les baha'is sont convaincus que les attitudes des hommes peuvent changer et qu'il est possible d'éliminer les préjugés raciaux et le fléau social de la discrimination raciale qu'engendrent ces préjugés grâce à la reconnaissance de l'unité organique des peuples de toutes races et de toutes couleurs. Nous espérons sincèrement que la présente Conférence partagera notre optimisme et notre détermination.

Toutes les citations de la présente déclaration sont extraites des enseignements baha'is.

BIC Document #83-0803F

 

Le commerce et le développement

Le commerce et le développement

Déclaration de la Communauté internationale baha'ie, sixième session de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED VI).

Belgrade—6 June 1983

La Communauté internationale baha'ie salue l'ouverture de la CNUCED VI et exprime son désir sincère de participer, dans le cadre du réseau international de ses communautés membres, aux efforts menés par la présente Conférence pour trouver des solutions permettant de régler les problèmes économiques de la planète tout en contribuant à l'unité et à la paix de l'humanité.

Du point de vue de la communauté baha'ie, les principaux défis qui se posent à l'humanité, à l'heure actuelle, ne peuvent être relevés que grâce à des consultations internationales et à une action concertée. De même, le progrès matériel et spirituel, pour ne pas dire la survie, de tous les peuples, dépendra, en dernière analyse, de l'institution d'un gouvernement mondial démocratiquement élu qui s'efforcera d'assurer les besoins à long terme de l'humanité, conformément aux principes spirituels de la paix, de la justice et de la fraternité humaine. Les baha'is considèrent que l'Organisation des Nations Unies et avant elle, la Société des Nations, sont des institutions qui ouvrent la voie à la création d'un gouvernement mondial ce qui a amené la communauté baha'ie à coopérer constamment avec elles.

La Communauté internationale baha'ie porte un intérêt particulier aux travaux des institutions à vocation économique de l'Organisation des Nations Unies en raison de son propre attachement aux principes relatifs à la justice économique et sociale. Ces principes comprennent notamment l'abolition des extrême de richesse et de pauvreté, tant au niveau international que national, l'organisation des ressources matérielles mondiales au profit de tous les êtres humains, la liberté des échanges, la création d'une unité monétaire mondiale et d'un étalon international de poids et de mesures, l'adoption d'une langue de travail universelle, l'institution d'un système juridique international, d'un système mondial de communications et d'un système de réserves de matières premières essentielles en vue de prévenir les risques de pénurie, l'adoption d'un système de répartition des profits, la création d'un réseau de coopératives, l'instauration de l'égalité entre les hommes et les femmes et l'institution d'un système universel d'enseignement reposant sur des valeurs spirituelles. La communauté baha'ie met également l'accent sur des principes tels que l'honnêteté, la sincérité et l'altruisme qui présentent un intérêt considérable pour le développement des différentes économies dans des conditions favorables.

La Communauté internationale baha'ie, qui est une organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif auprès du Conseil économique et social de l'Organisation des Nations Unies (ECOSOC) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF/FISE), et qui entretient des contacts étroits avec le Programme des Nations Unies pour l'environnement ainsi qu'avec le Département de l'information de l'ONU, peut apporter sa contribution au processus de développement. Il s'agit d'une organisation populaire et communautaire dont les membres, éparpillés dans plus de 100 000 centres situés dans 165 pays indépendants, représentent un échantillon extraordinairement diversifié de l'humanité et qui est profondément attachée à l'idée de la fraternité des peuples ainsi qu'aux principes déjà mentionnés de la justice économique et sociale. Cette organisation apporte, dans les pays développés comme dans les pays moins développés, une assistance soutenue et de plus en plus importante aux efforts menés par l'Organisation des Nations Unies et par les gouvernements nationaux en vue d'éliminer la pauvreté et de procéder à une répartition équitable des ressources. La Communauté internationale baha'ie a compris que le développement est un processus multidirectionnel qui est aussi difficile à maîtriser par les cultures « avancées » que par les cultures « primitives » ou « moins avancées ».

Mue par un réel souci de coopération, la Communauté internationale baha'ie établit à présent des contacts avec les organes et institutions compétentes de l'Organisation des Nations Unies, pour solliciter leur avis et offrir ses services dans les différents domaines où elle a acquis une certaine expérience, à savoir notamment l'enseignement, la santé, le développement rural, ainsi qu'avec les organisations féminines, tout particulièrement dans les sociétés où les femmes ne sont pas encore émancipées, et avec les stations locales de radiodiffusion. Grâce aux rapports étroits que la communauté baha'ie entretient avec toutes les couches sociales d'un grand nombre de pays, elle est en mesure de promouvoir le respect d'un important principe de développement qui consiste à recueillir les veux des bénéficiaires de l'aide internationale et à les aider à réaliser leurs aspirations plutôt que de leur imposer de l'extérieur une forme d'aide qui est jugée bonne par ceux qui la dispensent.

Les baha'is espèrent vivement que tous les participants à la CNUCED se considéreront comme des représentants de l'ensemble de l'humanité, et non pas d'un seul pays, et qu'ils procéderont à leurs consultations dans un esprit d'harmonie et d'unité pour déterminer quelle est la meilleure façon d'atténuer les effets de la misère dans tous les pays, qu'ils soient développés ou en développement. Espérons que la présente Conférence entrera dans l'histoire de l'humanité comme une brillante illustration des liens de coopération noués entre les peuples en vue de la réalisation du bien commun.

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